La Croc’Odile Cornuz de l’Aar (dialogue platonéric)

– Ô, dis-le, Éric, dis-le ! Odile Cornuz est une écrivaine hors pair ! Et c’est sur un flanc follement ensoleillé de l’Aar que tu as rencontré cette Neuchâteloise joviale, aux lunettes colorées et aux textes pétillants !

– Oui, je le dis, mon gros Platon ! Et c’était même le vendredi 31 mai 2019, aux Journées littéraires de Soleure.

– Mais qui est Odile ? Est-elle Conuz ? (sans vouloir écoRner son nom)

– Oui, la Grande Odadile est sans doute Cornuz dans tout le monde littéraire suisse romand. C’est un nom qui revient, encore et encore, avec des sourires heureux sur toutes les lèvres, un nom qui mériterait cependant d’être davantage Conuz encore ! Ayant fait ses débuts à la radio, puis dans le monde du théâtre, elle est notamment l’autrice de plusieurs pièces, romans, proses poétiques, œuvres collectives. Elle se prête aussi volontiers aux lectures publiques, aux jukebox littéraires faisant intervenir les lecteur-trice-s, ou encore aux bals littéraires, mêlant textes et chansons dansantes. En solo, elle a entre autres écrit Biseaux (2009), qui est selon ses mots « un patchwork de discours qui nous constituent et nous parasitent », comme le font notamment les « utopies ».

– Oh oui, ces jolis textes qu’elle a également mis en paroles et en musique avec l’artiste Maurizio Peretti, à la demande de celui-ci ?

– Exactement, sous le nom Biseaux reloaded, dont des extraits sont disponibles sur la toile. Et l’effet est en effet surprenant ! Mélange de répliques quotidiennes, monotones ou empressées, ralenties ou apaisantes, toujours prononcées avec sublime par la voix mélodieuse d’Odile Cornuz, dansant avec les sons décalés, électroniques ou naturels, d’un Maurizio Peretti étrangement hypnotisant. Un artiste qui occupera toujours une place particulière dans le cœur enchanté d’Odile.

– Mais ce n’est pas tout ?

– Non, point guère ! Odile Cornuz est également l’autrice de Pourquoi veux-tu que ça rime ? (2014) et surtout de Ma ralentie (2018), le livre que nous avons croqué d’une croque !

– Sacrée croquette, va ! On l’a bien Croc’Odilé ce bouquin ! Cette « prose poétique », même, selon ses mots !

– Et selon les nôtres ! Eh alors, si j’ai parlé de Biseaux reloaded, c’est bien parce que, dans Ma ralentie, j’ai à nouveau ressenti cette charmante incompréhension. Odile Cornuz prend la structure traditionnelle, la déconstruit puis, quand nous croyons que nous allons nous y perdre, la reconstruit autrement et nous permet de nous y retrouver facilement. Elle prend l’ordre, en fait du chaos et restructure le tout dans un ordre nouveau, très accessible, très plaisant pour les papilles visuelles, qui pépitent et crépitent de plaisir ! Elle travaille la langue au corps, la modèle comme de l’argile.

– Oui, enfin, ça c’était avant ?

– Ne casse pas toute la magie, mon Platounet. C’est vrai, c’est vrai. C’était avant de la rencontrer. C’était comme ça que nous l’avions lue. Mais en la rencontrant, elle nous a apporté un éclairage nouveau !

– Lequel ?

Tu ne l’as donc pas écoutée ?! Comme elle l’explique à la fin de Ma ralentie, celle-ci s’inspire, transgresse, développe, réadapte un poème d’Henri Michaux au nom proche, « La ralentie », poème qui « nourrit » l’écrivaine « depuis longtemps ». Et voilà toute la subtilité, que le bouquin tient secrète : ce long poème de Michaux, elle l’avait découpé, faisant de chaque vers un « intertitre ». Et en dessous de chacun de ces « intertitres », elle avait développé sa propre perception de la chose, son univers de pensées ramifié à partir d’un seul vers ; et ce, sur un paragraphe entier, parfois court, parfois plus long. Aussi Ma ralentie répond-il, paragraphe après paragraphe, à chacun des vers de Michaux, dans un écho joliment déformé par la plume d’Odile Cornuz. Seulement, pour des raisons de droits d’auteur, voilà qu’Odile a dû retirer de sa prose poétique les vers de son âme amie Henri. Et le chaos que nous avions perçu initialement n’était pas réellement un chaos : Odile ne faisait que répondre à Henri, les répliques de celui-ci ayant par la suite été supprimées, formant un chaos aussi involontaire qu’imprévu ! Ou, pour la citer : cette suppression des vers « intertitres introduit une sorte d’énigme qui n’était pas censée être là ! »

– Mais chaos tout de même ? Si je me souviens bien, Odile nous avait dit se retrouver dans notre lecture de la structure rendue chaotique, puis réordonnée, n’est-ce pas ?

– Oui, tout à fait ! Pour elle, il s’agit d’un rythme, s’accélérant, plantant les freins, ralentissant, puis s’emballant à nouveau comme un fringant poulain ! Un rythme auquel nous nous étions attachés dans Biseaux et sa version reloaded, et que nous avons retrouvé avec ô, dis-le ! combien de joie ! dans Ma ralentie.

– C’est marrant, Éric, mais depuis tout à l’heure tu me tutoies, n’est-ce pas ?

– Oui, mais toi aussi.

– Eh bien, n’est-ce pas là le petit bonbon orange et rose qui explose en bouche, la saveur toute particulière de Ma ralentie ?

– J’en ai l’impression. La deuxième personne du singulier qui se répète inlassablement, anaphores de château fort, « Tu », « Tu », « Tu », « toi » et « Tu » éclate en une multitude absolument déconcertante, rassurante, englobante, n’excluant personne. « Tu », c’est l’autrice. « Tu », c’est la narratrice. « Tu », c’est le lecteur, et puis la lectrice. « Tu », c’est le céréalier du coin. « Tu », surtout, c’est le « double fantasmé » par le « Je », la béquille rassurante qui s’occupe du « Je » lorsque celui-ci a besoin de souffler un peu. Le « Tu » est orange, le « Tu » est rose ; il est coloré et ça nous plaît ! Et puis le « Tu », pour Odile Cornuz, c’est une manière d’inclure constamment son lectorat actif – auquel elle croit –, une manière de l’impliquer et de le faire réfléchir avant tout, une façon de « n’écrire un livre qu’avec des questions ». Finalement un peu comme toi, avec ta maïeutique, n’est-ce pas Platon ?

– Puis-je répondre autrement que par une question ?

– Tu es minimaliste, Platon. Et justement, si Odile aime écrire abondamment, selon l’une de ses confidences, elle réduit ensuite systématiquement. Elle élague tout ce qui est de trop. Elle élague beaucoup. Pour elle, « écrire, c’est rendre réel ce qu’on a ressenti » ; puis « retravailler l’écriture vers le moins », vers « l’acéré, le pointu » ; faire du « sombre ou non, mais tranchant ». L’écriture a pour elle quelque chose de « très artisanal », peut-être à l’instar d’un Edgar Allan Poe. Et elle insiste : « le travail le plus laborieux est sans doute la écriture ; il faut du temps ».

– La rythmicité, le temps. Radio et théâtre ?

– Tu pourrais tout de même faire l’effort de formuler tes phrases en entier ! Soigne ton plat ton, Platon ! C’est évident ; Odile Cornuz fait le grand écart en posant un pied dans le monde du théâtre, l’autre dans celui de la radio. Et ce, tout en plaçant ses mains de façon stable dans le monde littéraire ! Pour elle, le rythme se construit donc également en disant le texte, en le faisant vivre par l’oralité ou en le jouant. En le répétant à voix haute, c’est ainsi qu’on l’écrit mieux. Et le « Tu », c’est aussi « une forme d’adresse, une voix, une prise de parole » héritée de la radio et du théâtre, Odile ondulant entre les genres, à travers les arts et les sens.

– Ne finirions-nous pas ce bref exposé par un retour sur l’helvétisme présent dans Ma ralentie, ce qui nous permettrait du même coup de revenir au cadre général de Soleure ?

– Très bonne idée, mon cher Platon. Sous sa plume pleine de poésie, de bruit de flux et de reflux de coquillage, de renard et de trèfles à quatre feuilles, Odile nous raconte des choses peu plaisantes et nous ferait manger à peu près n’importe quoi avec plaisir ! Car elle parle aussi, avant tout, de la fatigue du quotidien, de la peur d’ignorer des choses supposées connues, de la honte qui en découle, du temps qui manque, et j’en passe ! Elle cristallise toutes ces notions négatives et leur donne la forme d’insectes, d’arachnides, de myriapodes. Et ces petites bêtes, c’est pour elle « l’empêchement de la méditation ». Car Odile nous a avoué être « plus félin que martinet », c’est-à-dire, plutôt que d’être en permanence active et surexcitée, vouloir au contraire « vivre des moments posés, avec l’esprit libre, pour avoir de la détente ». Et la « détente », a-t-elle ajouté, est autant à prendre dans le sens de « détente » du félin, impulsion la permettant d’être prête à rebondir, que dans le sens de moment de quiétude, de « calme ». C’est sa « métaphysique », son « côté animal ». Rectifions donc notre titre : Odile ne nous croque pas tel un crocodile ; elle nous détend et nous offre à rebondir, à l’instar d’un félin. Féline Odile.

– Mais le lien avec la Suisse et Soleure ?

– J’y viens ! La ralentie d’Odile Cornuz, c’est une certaine forme de passivité contenant de l’action, un peu comme un joli yin noir contenant une pointe de yang blanc. Laisser faire le monde et les choses comme elles doivent advenir. Mais « choisir l’inaction… ou l’action ». Pour elle, nous sommes toujours « en état de choisir », d’où une certaine action tout de même. En fin de compte, une pensée très proche de celle d’Épictète, qu’Odile ne lit pourtant pas. Et là peut-être réside une caractéristique un tant soit peu helvétique, s’il en est : une forme d’inaction, de passivité face aux choses – là où nos voisins français, tant aimés, s’embraseraient peut-être parfois, tels des martinets. Passivité, mais avec une pointe d’action tout de même, une liberté démocratique si propre à la Suisse. Et l’autrice neuchâteloise ne s’en cache pas : se détacher totalement d’un contexte lui semble impossible. Dans un monde littéraire francophone centré sur Paris, et un contexte romand minoritaire, dur de ne pas être marquée par son cadre helvétique ! Aussi essaie-t-elle de ne jamais gommer ses helvétismes, et notamment son ouverture aux autres langues. Mischungsalat typiquement suisse, avec ses quatre langues nationales version quatre saisons, que nous avons dégustées en pourléchant nos félines babines, dans une ville de Soleure aussi ensoleillée qu’ouverte au multiculturalisme, si propre à la Suisse !

 

Éric Bonvin

 

À croquer sans plus tarder : Odile Cornuz, ma ralentie, Genève, éditions d’autre part, 2018, 154 pages, 25 CHF.

Da Leontica (Valle di Blenio) a Soletta

“Tu non senti mai la voglia di rimanere fuori al buio, da solo, nel silenzio?”

Con questa frase, secondo l’autore, si potrebbe riassumere La pozza del Felice (Rubettino 2018), il suo secondo romanzo.

Fabio Andina, classe 1972, nasce a Lugano, nel Canton Ticino. Nel 2016 pubblica Uscirne fuori, il suo primo romanzo, e riceve una menzione al Premio Chiara Inediti per la raccolta di racconti Il paese senza nome, con cui si guadagna l’inserimento nell’antologia Dieci racconti per Piero Chiaro. Con questo romanzo, proprio nel 2019, si aggiudica il Premio Terra Nova della Fondazione svizzera Schiller.

Buio, solitudine, silenzio. Questi sono i tre elementi principali che caratterizzano il Felice, protagonista che, non a caso, compare nel titolo del romanzo. Ma non solo: queste sono anche le tre caratteristiche dello stile di vita dell’autore. Nel Felice c’è (in)volontariamente una parte di Fabio Andina e nel Felice c’è una parte di Anselmo, un uomo che è realmente esistito e che ha abitato a Leontica, in un piccolo paese in Val di Blenio, fino alla sua scomparsa, avvenuta quattro anni e mezzo fa, all’età di novant’anni. Andina conosce Anselmo da bambino, quando la sua famiglia decide di comprare una baita proprio a Leontica, che diventa la meta delle festività e delle vacanze. Il piccolo Fabio entra sempre più in confidenza con Anselmo e, diventato adulto, decide di andare ad abitare per un lasso di tempo proprio a Leontica. In paese si dice che Anselmo, ogni mattina, vada a fare il bagno in una pozza gelida, in cima alla montagna: al buio, da solo, in silenzio. Andina, durante i tre anni di soggiorno in valle, entra ancora di più nell’intimità e nella quotidianità di quest’uomo che tanto fa parlare la gente in paese, senza però mai chiedergli direttamente se la storia di lui e della sua pozza sia vera oppure no.
I personaggi del romanzo, tuttavia, non sono solo il protagonista e il co-protagonista narratore: anche la natura è un personaggio a tutti gli effetti. La pozza, in primis, ma anche il vecchio larice, l’instancabile mulo… tutto l’ambiente, letteralmente ‘ciò che ci circonda’, sottrae o dona cose di cui non ci si accorge più, „cose irrilevanti per altri, stupende per me“, commenta l’autore. Non ci si rende conto che, quotidianamente, si perde più tempo di quello che non si cerca di guadagnare, correndo tutto il giorno.
Il Felice manda un messaggio profetico per la società attuale: oggi, più di prima, è necessario rendersi conto che, a volte, fermarsi non è una perdita di tempo. Una vita frenetica ruba più tempo di una pausa. È necessario (re)imparare a prendersi del tempo, per stare al buio, da soli, in silenzio.

Il viaggio del Felice, iniziato nella Valle di Blenio, non si conclude a Soletta. La pozza del Felice, infatti, verrà tradotto in lingua tedesca e pubblicato dalla Rothpunkt Verlag di Zurigo nel marzo 2020.

Im Präsens

Solothurn spielt in Ruth Schweikerts neuem Roman „Tage wie Hunde“ zwei prominente Rollen und eine wichtige. Während der Filmtage 2016 ertastet die Zürcher Autorin zum ersten Mal den Knoten in der Brust, der sich schon bald als aggressivste Form von Krebs herausstellen wird. Gut zwei Jahre später wird sie, auf dem Weg zur Genesung, den Solothurner Literaturpreis entgegennehmen. Zwei prominente Wendepunkte, von denen an diesem Freitag im vollen Landhaussaal nur am Rande die Rede ist. Aus den in sieben bangen Tagen, einer Erschöpfungsgeschichte also, erzählten Reflexionen ihrer Krankheit hat Ruth Schweikert vor allem Szenen ausgewählt, die an Rilkes Diktum vom grossen, mitten unter uns wohnenden Tod gemahnen. Als Schatten fällt er auf den Besuch in der geliebten Trattoria im Arbeiterquartier, auf das  nächtliche Zusammensein im Atelier des Mannes, den Besuch der Familie im Sanatorium. Als grelle Fratze blitzt er auf im ambivalenten Gefühl, im übergriffigen Verhalten eines Busfahrers oder dem Gefallenwollen gegenüber einem behandelnden Arzt doch „das eigene verloren geglaubte Begehren als Zukunftsversprechen“ zu spüren.

Ruth Schweikert liest kraftvoll, steuert zielsicher die in eine erhellende Konstellation tretenden Textstellen an, lässt auch durchscheinen, dass ihr sehr persönliches, in fast zweieinhalb Jahren komponiertes Buch auch andere Seiten hat. Ihrer „Meditation über die Sterblichkeit“ sei auch das Unbehagen darüber eingeschrieben, mit Bekanntwerden der Diagnose auf die Rolle der Kranken festgelegt zu werden. Die Sprünge, das lustvolle Verweilen am Detail, der streunende, nicht nur an den Krankengeschichten anderer Betroffener Halt suchende Erzählgestus erscheinen vor diesem Hintergrund als ebenso überzeugende poetologische wie lebensnotwendige Strategie. Bedeutsam auch die Einsicht, weder der allzu stringenten Deutung der „Krankheit als Metapher“ noch dem nichtssagenden Deutungsverbot der Postmoderne aufsitzen zu wollen. Bezüge sind da, etwa zum stets um Stärke ringenden Vater, zur Scham als gesellschaftlich forcierter Schrumpfvariante der Schuld, zum Imperativ der Selbstoptimierung, zur eigenen sozialen und künstlerischen Rolle. Die Konstellation, die daraus entstehen könnte, ist allerdings keineswegs „da“, sondern erst noch, durchaus tastend, Sackgassen in Kauf nehmend, zu erschreiben.

Die erstmalige Wahl des Präsens erscheint da nur logisch. Unter Schmerzen zwar, aber notwendigerweise wird das „geliebte Imperfekt“ preisgegeben. Kein blosses Erinnerungsbuch habe sie schreiben wollen, so Schweikert, sondern die „Vergegenwärtigung als Nachdenken über die blosse Erinnerung hinaus“ habe das Projekt vorangetrieben. Das Ergebnis ist offener und fragiler, teils auch härter und fassungsloser als das an diesem Abend Vorgetragene.

Das führt zur dritten, scheinbar marginalen Solothurn-Episode des Buches. Von einer ebenfalls rekonvaleszenten Freundin lesen wird dort, ganz am Rande, die bedauernde, aber unmissverständliche Notiz, Solothurn sei ihr derzeit „noch zuviel“. Gefolgt von einer Einladung zum Abendessen im kleineren Rahmen.  Ruth Schweikert war und ist Solothurn, wie diese erfreuliche Rückkehr zeigte, nicht zuviel. Und so demonstriert gerade das, was an diesem Abend vom Buch nicht auf die Bühne zu bringen war, aufs Schönste die zwei Seiten gelungener Literatur: Ihrer geselligen, festlichen Seite ist immer schon ex negativo ein „Zuviel“ eingeschrieben, das des kleineren Rahmens der Lektüre bedarf. Die lange Schlange am Büchertisch liess darauf schliessen, dass auch diese Botschaft angekommen war.

Ce qui reste quand tout précipite

Le reste est ce dont le tout n’a pas voulu ; dans Bonsaï, le tout est ce dont le reste s’est passé. « Où vient l’idée d’une lecture de la chose autre, dans son manque. »

Pour son dernier recueil, Baptiste Gaillard mite sa tapisserie textuelle de phrases inachevées, à la syntaxe délibérément bancale. La poésie fait vibrer les textures et se déploie en de courtes compositions qui donnent à l’inerte un mouvement et rendent l’inanimé vivant. Le tout, difficilement perméable, flotte, lourd et léger, entre les pages et nos yeux qui se demandent ce qu’ils comprennent en regardant sans voir, mais en voyant aussi peut-être ce qu’ils ne regardent pas.

Bonsaï renverse la logique de l’économie qui veut que l’on se prive du prétendu superflu pour mieux appréhender l’essentiel. « La mise au net peut se faire au contraire, avec élimination du principal et conservation des traces en périphérie. Des formes lacunaires à considérer comme une autre manière de voir le même. »

Pour Baptiste Gaillard, rencontré à l’ombre d’un arbre entre l’Aar et les vélomoteurs, ces poèmes en prose sont aussi des essais, au sens de tentatives, où le texte parle du monde tout en parlant de lui-même et se contorsionne au gré d’exigences impérieuses : l’observateur s’efface au contact de la matière en mutation que convoque une plume précise jusqu’à l’indécision.

Ambivalent, mal ajusté, indénouable, Bonsaï est un livre exigeant qui trouve son générateur – et l’origine de son déploiement – à sa toute fin : il est une forme contrainte qui rend une image miniature d’une espèce naturelle ; « de nouvelles impulsions non jugulées rendent au spécimen son naturel. » C’est ainsi que l’art déborde la forme, que l’agitation l’épuise.

Et puis l’agitation passe ; les restes sont constellés de fulgurances. On peut enfin le comprendre. « Comment quelque chose advient de l’abandon. »

Baptiste Colombara

Nicht zu kurz gekommen

Es sei ein Aufgehoben- und Verlorensein, eine Heraus- und Überforderung, ein Einsinken und Fortstraucheln, ein Ha! Mit einem „höchstverstörten ABC“ fasste Stefan Humbel seine Leseerfahrung der Gedichtbände „Zwiegesicht“ und „Mund und Amselfloh“, Ersteres von Ernst Halter und Zweiteres von Sascha Garzetti, zusammen. An Stränge habe der Moderator beim Lesen denken müssen. Stränge, welche die Gedichte verbanden und den Leser zuweilen aus dem Wortmaterial zu retten vermochten. Dann war die Rede von der Verdrehung von Erwartungen – eine sich selbst erfüllende Prophezeiung? Das Kürzen sollte nämlich Thema des Gespräches sein. Doch wenig wollte man anscheinend darüber reden. Weil es zu schmerzhaft ist? Wohl kaum, denn stattdessen berichtete Garzetti von seinem Grossvater, der zuletzt nur noch Eis ass, bevor er aus dem Leben schied und er las ein Gedicht vor, geschrieben in jener eisigen Zeit, als seine Grossmutter im Krankenbett lag. Tiefschürfend und präzise sind seine Worte. „Unvergesslichkeiten“, nennt Halter solche Erinnerungen und erzählte davon, wie er als Achtjähriger die kalte Leiche seines Grossvaters im Sarg geküsst hat. Alles Erfahrungen, die in ihren Gedichten wiederauftauchen würden. Zwingend jedoch transformiert. Nicht zuletzt, weil jedes Wort nur eine Metapher darstelle und darüber hinaus seinen eigenen Willen habe. Immer tiefer fühlte man sich als ZuhörerIn hineingezogen in den Kosmos der Sprache, der umso eigenwilliger werde, je mehr man sich mit ihm und in ihm beschäftige, wie Halter meinte. Eine Warnung? Zwanzig Jahre habe er schon an einem Gedicht geschrieben, so Halter, doch er sah es gerne gedeihen. Er lächelt, lächelt viel. Seinen um viele Jahre jüngeren Gesprächspartner ermutigt er denn auch, keine Hemmungen davor zu haben, die eigenen Gedichte auch nach deren Publikation noch zu überarbeiten, schliesslich sei das Schreiben ein wunderbarer Entwicklungsprozess. Ein weiteres persönliches Hilfsangebot für Schreibende oder solche, die es gerne werden würden, reicht Garzetti ein: Er liest, bevor er schreibt. Und wann schreibt man nun? Wann meldet sich ein Gedicht? Humbels Fragen werden indirekt beantwortet: Halter liest zwei Gedichte über Beginne. Und macht Lust auf mehr. Auch gibt er ein Gedicht wieder, das sich tatsächlich noch reimt. Oder wie Halter es nennt: Eine gebundene Rede, in der sich die Wörter sinnvoll Antwort geben. Und dann wurde das Thema „Kürzen“ doch noch gestreift: Wenn der Schreibprozess einmal seinen Anfang genommen hat, was treibt ein Gedicht an und wann hört es auf? Garzetti kann immerhin eine Teilantwort geben: Er verspüre schlichtweg einen Zwang zur Verdichtung gewisser Dinge. Wortwörtlich. Manches müsse hochkonzentriert in einem Gedicht Ausdruck finden. Dabei ergebe sich die Form einfach, manche Gedichte fallen länger, manche kürzer aus; überdies haben für ihn Rhythmus und Klang grössere Bedeutung als der Inhalt eines Gedichts. Halter schiebe seinen Gedichten auch keinen Riegel vor. Das mache nur unglücklich. Ein Gedicht sei dann zu Ende, wenn es zu Ende sein will. Manchmal ist es nach wenigen Zeilen erschöpft und manchmal möchte es länger sein. Über kurz oder lang fand man also doch noch zum Thema. Auf jeden Fall boten die beiden Lyriker einen überaus spannenden Einblick in ihr Schaffen.

„Ich sehe die Frauen nicht ganz so marginalisiert in diesem Betrieb“*

Beim Betreten des vollen Stadttheaters, wo am Freitag Nachmittag das Podium „Machtstrukturen im Literaturbetrieb“ stattfindet, fällt bereits die Überzahl an Frauen im Publikum auf. Erstaunlich ist dies nicht, da der Beschrieb der Veranstaltung bereits auf die absurde Dichotomie von marginalisierten Frauen im Literaturbetrieb und der gleichzeitigen Tatsache, dass mehr Bücher von Frauen gelesen und geschrieben werden, hinweist. Auf der Suche nach Erklärungen haben sich also Frauen (und einige Männer) jeden Alters im Theater eingefunden. Die Bühne wird ebenfalls von den Frauen dominiert: Nathalie Garbely moderiert, neben Anette Hug und Silvia Ricci Lempen sitzt Dani Landolf. Die männliche Unterzahl scheint für Landolf Anstoss zu sein, seine Anwesenheit erklären zu müssen: Nachdem er eigentlich seine Teilnahme zuerst abgesagt hatte, habe er sich schliesslich umentschieden, weil er von den VeranstalterInnen darüber in Kenntnis gesetzt wurde, dass noch ein Mann gebraucht werde.

Die Diskussion beginnt mit der Darlegung der heutigen Situation im Literaturbetrieb. Lempen und Hug sind sich einig, dass seit den 1970er Jahren ein Wandel zugunsten der Frauen stattgefunden hat. So sei es den Frauen heute nicht mehr verboten zu schreiben und Literaturfestivals würden auch durchgeführt, wenn die Chefin zum Zeitpunkt schwanger ist. Das sei erfreulich und unzweifelhaft sei auch, dass der Buchhandel eine „Frauenbranche“ ist. Zugleich wäre dies wiederum nicht erstaunlich, da sich die dort Angestellten mit dem Schweizer Mindestlohn begnügen müssen. Hingegen sässen in den Chefetagen der grossen Verlage wie Diogenes und Kein&Aber weiterhin Männer, bei denen es sich jedoch, wie Landolf eindringlich betont, nicht um fette Manager im Ledersessel mit Zigarre im Mund handle. Konsens auf der Bühne ist unter den weiblichen Gästen, dass man im Jahr 2019 ein Zwischenfazit ziehen kann. Vor allem im Hinblick auf den literarischen Kanon betont Lempen, müsse sich unabdingbar etwas verändern. Auch Hug erwähnt, dass die Leseliste für die mündliche Zwischenprüfung am Deutschen Seminar an der Uni Zürich weitaus weniger Werke von Schriftstellerinnen als von Schriftstellern aufweise. Ähnliches gelte für die literarische Kolumne in „Le Temps“: Auch dort kämen erstens doppelt so viele Männer zu Wort und würden zweitens auch doppelt so viele Männer besprochen (dies auch von Frauen, was wiederum für die dringende Neuauslegung des Kanons spräche). Das Resultat sei, dass fast immer aus der männlichen Sicht argumentiert und diese durch das Übergewicht legitimiert werde.

Bei der Bezahlung schriftstellerischer Arbeit seien indessen beide Geschlechter in gleichem Masse von den „Machtstrukturen im Literaturbetrieb“ betroffen: Niemand werde reich im Schweizer Buchbetrieb. Hug erklärt, dass AutorInnen ihr Geld in drei Säulen verdienen: Mit einem minimalen Anteil an den Buchverkäufen selbst, den grössten Anteil mit Auftritten und mit ein wenig Glück durch Stipendien. Deshalb warnt Lempen zu Recht vor einer Monopolisierung zum Beispiel bei der Vergabe von Preisen in beiden Wortbedeutungen. Auf keinen Fall sollten Stiftungen oder Literaturhäuser den Marktpreis für Literatur festlegen und es sollte niemals einer Einzelperson in einem Jurierungsverfahren die Entscheidung überlassen werden. Es gäbe noch sehr viel interessante Themen zu besprechen – doch leider ist die Zeit um. Der herzliche Applaus zum Schluss muss vor allem den drei starken Frauen auf der Bühne gelten. Daniel Landolf hat sich schon länger aus der Diskussion zurückgezogen, spätestens seit er Lempen und Garbely glücklicherweise erfolglos zu belehren versuchte, dass der Körper der Frau und eine damit etwaig verbundene Limitation ihres Geistes im Literaturbetrieb kein Thema sei.

* Landolfs Antwort auf die Frage, wo die Frauen im Literaturbetrieb seien. Natürlich sei dies allgemein ein heikles Thema.

Mondschein am Nachmittag

Das ist also mein erster Spoken Word-Vortrag. Der Saal ist bis auf den letzten Platz gefüllt und man vernimmt wildes Gemurmel. Als sich dann Andri Beyeler, Sebastian Krähenbühl und Matto Kämpf auf die Bühne begeben, wird es plötzlich still. Alle sind gespannt, so auch ich. Das erste Wort hat Kämpf, der erklärt, dass es sich bei Andri Beyelers Buch Mondscheiner um drei innere Monologe dreier Figuren handelt. Die Figuren heissen «er», «der Andere» und «die Eine». Bereits hier geht das erste Gelächter los. Nach dem kurzen Einstieg verlässt Kämpf die Bühne und sogleich erklingt eine akustische Gitarre. Beim Lied handelt es sich um ein Cover von Bob Dylans Moonshiner. Nun wird auch klar, woher Beyelers Buchtitel herrührt.

Nach dem Lied geht es endlich los. Vorgetragen werden die drei Monologe vom Schauspieler Sebastian Krähenbühl. Andri Beyeler sitzt währenddessen stillschweigend an seiner rechten Seite und stellt jeweils eine selbstgezeichnete Karikatur auf den Tisch, damit die Zuschauer erkennen, um wessen inneren Monolog es sich gerade handelt.

Der erste Monolog beginnt damit, dass eine Figur beim Verlassen eines Zuges unglücklich hinfällt, sich wieder aufrafft und sich in eine Bar begibt, in welcher mit der Zeit alle drei Figuren landen. Die Gedanken der Figuren springen von der Strasse, zur Bäckerei, zu einem Plakat bis hin zu den Personen in der Bar. Gelegentlich streitet die eine oder andere Figur mit sich selbst, beschimpft sich und nimmt den Zuhörer auf absurde Gedankengänge mit, die abrupt enden, hin- und herspringen und sich wiederholen können. «Was wäre wenn»-Fragen werden völlig zer- und überdacht. Es wird sogar über das Denken nachgedacht, wenn sich eine Figur zum Beispiel fragt was wohl die anderen denken, was man selbst denkt. Ebenso verzwickt wird es, wenn eine Figur vom Willen gewollt zu werden spricht. Solcher Ketten mit mehreren Metaebenen bedient sich Beyeler gerne, weshalb es nicht immer einfach ist, dem Vortrag zu folgen. Zudem unterscheiden sich die Figuren vom Sprachstil kaum voneinander. Das ist aber nicht weiter schlimm, schliesslich gibt es – Gott sei Dank – die Karikaturen. Krähenbühl liest das Ganze zwar grandios vor und weiss mit seiner Stimme die Zuschauerinnen und Zuschauer zu fesseln, jedoch hat er an manchen Stellen einen solchen Affenzahn drauf, dass ich nach dem lediglich 30-minütigen Vortrag erschöpft den Saal verlasse.

Ich hätte nie gedacht, dass mein erster Spoken Word-Vortrag so viel Konzentrationsfähigkeit von mir abverlangen wird. Laut vorgelesen klingen die Gedankenströme teilweise wie die Worte eines Wahnsinnigen, der eingewiesen gehört und trotzdem muss ich gestehen, dass ich mich an mehr Stellen ertappt gefühlt habe, als mir lieb ist. Der Vortrag hat mich zur Selbstreflexion angeregt und ich kann ihn jedem ans Herz legen. Entspannen wird man sich während dieser Achterbahnfahrt allerdings nicht können.

NINIB HANNO

Wellenschlag im Wasserglas

Die Ersten im Raum sind Faktoten des Literaturbetriebs. Man trifft sie an jeder Lesung, ob in einer schrulligen Buchhandlung oder dem Landhaussaal hier in Solothurn. Leer stehen sie auf dem Tisch, die gefüllte Karaffe daneben. Dann setzen sich auch Moderator Lucas Marco Gisi und die Autorin an den Tisch. Das Tischtuch hängt gelangweilt weiss. Als Erstes greift sich Julia von Lucadou die Karaffe und platziert sie direkt neben sich in Reichweite. Nach einer kurzen Einführung soll die Autorin einen Ausschnitt aus Die Hochhausspringerin vorlesen. Es ist der Prolog. Sie nimmt den ersten Schluck. Man weiss, was jetzt kommt.

Sie hebt mit summendem Bass an. Plötzlich streckt ein Saal die Rücken. Wir zoomen auf die Welt des Romans zu. Ein Planet, eine glänzende Stadt, glänzende Hochhausketten. Von Lucadou zieht das gesamte Publikum eine 1000 Meter tiefe Fassade aus Stahl und Glas hoch. Am Hausvorsprung steht die Protagonistin Riva. Eine schöne Protagonistin. Mehr als schön sogar, bereits die Perfektion in allen Fasern. Alle sehen sie im FlysuitTM ihre Glieder spannen. Mit Riva schnellt auch die Stimme der Autorin gekonnt nach oben, beide zischen nach unten, prallen aber nicht auf den Grund, sondern schnellen elegant und leicht wieder hoch. Erleichtert sind auch alle andern im Raum. Dieselbe Kamerafahrt wieder rückwärts. Riva, Stadt, Planet. Von Lucadou blickt vom Buch auf und gönnt sich einen Schluck Wasser. Alle brauchen ein paar Sekunden länger, um wieder zurück zu kommen; auch der Moderator. Dann Applaus. Das ist keine fade Wasserglaslesung.

Die junge Gewinnerin des Schweizer Literaturpreises hat schon als Fernsehredakteurin und Simulationspatientin gearbeitet. Woher sie es auch hat, sie liest die drei Ausschnitte, wie sie gelesen werden sollten. Zum Beispiel als einlullende Mantras der zweiten Protagonistin, der Psychologin Hitomi, die vor auferlegtem Leistungsdruck ihre strikt diktierten Schlaf- und Meditationszeiten nicht einhalten kann. Wenn sie einen Mutterbot anruft, der sie tröstend beruhigen soll, weil Beziehungen zu Biomüttern in dieser Welt nicht mehr verfügbar sind, dann erwärmt von Lucadou erschreckend vertraut den Ton. Im nächsten Moment klingt sie dann spöttisch und angeekelt, als irgendwo am Horizont der Stadt die staubigen Peripherien erscheinen. In diesen haust, wessen Performance nicht den nötigen Anforderungen entspricht. Das droht auch Riva, die plötzlich nur noch dumm in ihrer Designerwohung in der Innenstadt rumsitzt. Die Spitzensportlerin hat genug vom „Highrise Diving“ und Hitomi soll sie wieder auf Trab bringen. Dazu observiert sie 24/7 per versteckter Sicherheitskameras jede Bewegung, therapiert hinter Bildschirm und Tastatur hervor.

Zwischen den eindrücklichen Lesepassagen beantwortet von Lucadou die Fragen von Lucas Marco Gisi. Im Gegensatz zur Riva traut der sich aber nicht wirklich abzuheben. Die Fragen verhaften auf bekanntem Boden und die Antworten tun es ihnen gleich. Die Linien des dystopischen Gesellschaftsentwurf werden auf aktuelle Tendenzen zurückgeführt, vor allem auf „enorme[n] Leistungsdruck im Namen der Produktivität “ und die „Invasion der Privatsphäre“. Beides Gegenwartserfahrungen, die von Lucadou ohne Frage literarisch raffiniert weiterspinnt. Man plaudert über die auftretenden Technologien und ihre realen Pendants. Ist ja alles interessant, aber was ein Raum für kritische Konfrontation hätte sein können, bleibt löbliches Gerede über den Roman. Und das hat das Buch nicht nötig.

Was bleibt, ist die herausragende Leseperformance der Autorin und die Stärke des Textes. Dazwischen fallen einem immer wieder die Wassergläser auf.

Vorpremiere

Im Format „Skriptor Dramatik“ geht es darum, erste literarische Skizzen zu präsentieren und gemeinsam kritisch weiterzuentwickeln. Ein Ausschnitt aus der Materialsammlung von Joël László birgt an diesem Freitag viel Gesprächsstoff. Zum Einstieg wird die Skizze von den Schauspielern Urs-Peter Halter, Vivanne Mösli und Lukas Waldvogel vorgetragen. Der Humor des Textes wird von den dreien besonders gut umgesetzt und sorgt für manche Lacher. Ob das gewollt oder ungewollt war, bleibt erstmal offen.

Alle sind sich einig, die Sprache ist gut und flüssig. Vivianne Mösli würde es gerne spielen. Man merkt, dass der Autor seine Aussparungen richtig gesetzt hat, denn er hat ein gutes Gefühl dafür, was benannt werden muss und was nicht.

Die Autoren Andri Beyerle, Gerhard Meister und Ivna Žic sollen ihre Meinung und Ratschläge zur Skizze abgeben. Jedoch springt Katharina Prömmel für Ivna Žic ein, da diese kurzfristig verhindert ist.

Im Text kommen Experten vor, von denen man nicht genau weiss, wie gross ihre Expertise überhaupt ist oder ob es die Eltern sind. Vielleicht sind es auch nur Personen, welche im Suff über Religionen philosophieren. Denn die Experten besprechen den Islam und führen sich vor Augen, was die westliche Gesellschaft alles aus dem Islam übernommen hat. Der Islam sei nicht so weit entfernt vom Christentum wie beispielsweise der Hinduismus, erklärt László. Das könnte man noch näher bearbeiten, finden die anderen Autoren. Eine Forderung (mit einem Augenzwinkern) von Katharina Prömmel ist, dass man den männlichen Stimmen im Text etwas entgegensetzen müsse.

Eine weitere zentrale Frage lautet: Kann der Familienkonflikt noch gelöst werden oder spitzt er sich zu? Der Vater würde doch gerne die Tochter verstehen wollen. Aber ist es in Familienkonflikten nicht oft so, dass man sich schon eine Meinung  gebildet hat?

Ist der Humor die Waffe gegen die Angst? Später wird klar, der Humor ist extra so angelegt. Denn László überpräzisiert beispielsweise die Experten, welche dann in der Verschachtelung unpräzise wirken. Aber ob das in der weiteren Bearbeitung so bleibt, ist noch offen.

Wir sind gespannt, welche Bedeutung die Experten, der Humor und vor allem der Islam und die anderen Religionen im fertigen (wenn es fertig geschrieben wird) Drama einnehmen werden.

 

Warme Worte in der Mittagssonne

Milena Moser, die momentan für eine grosse Lesetour in der Schweiz ist, sprach heute beim SRF Tagesgespräch hauptsächlich über ihr Leben in New Mexico und darüber, wie es ist, für kurze Zeit wieder in der Schweiz zu sein. Die Besprechung ihres aktuellen Buches trat dabei in den Hintergrund, wahrscheinlich auch darum, weil die Frage nach einem neuen Buch von viel grösserem Interesse ist. Besonders in Anbetracht dessen, dass Land der Söhne im August des letzten Jahres erschienen ist.

Die Leute scheinen jedoch noch nicht genug von ihren Amerika/Schweiz- Vergleichen zu haben, wie man am grossen Andrang und den zahlreichen Menschen, die in der Cantina del Vino keinen Platz mehr fanden, sehen konnte. Zur Belohnung gab es denn auch warme Worte für die Schweizerinnen und Schweizer, und für Milena Moser einen Espresso.

Mitten in der stechenden Mittagssonne lauschten wir also draussen dem Gespräch über Swissness und darüber, wie die Schweizeridentität auch Antwort auf die Frage nach der sexuellen Ausrichtung sein kann.

Die neugewonnene Freiheit, die Milena Moser in ihrer Wahlheimat erlebt und die radikale Veränderung in ihrem Leben, die dieser Umzug mit sich brachte, scheinen ihre Quellen der Inspiration für den Roman gewesen zu sein. Beflügelt vom Gefühl endlich sie selber sein zu können, schrieb sie das Buch, das bei den Kritikern bisher am meisten Anklang gefunden hat. Angst davor, dass ihr nun die Ideen fehlen, hat sie jedoch keine. Die Geschichten in ihrem Kopf und diese zu Papier zu bringen, sei genau das, was sie ausmache. Mit Santa Fe lebt sie nun auch an einem Ort, an dem sie ihre Geschichten endlich ganz frei entfalten kann. Ihr nächstes Buch, so viel sei verraten, sei jedoch kein Roman, sondern ein Zwiegespräch zweier Kulturen in der Gestalt eines Dialoges mit ihrem Partner. Einem mexikanischen Indianer.

So verlässt man das Gespräch mit aufrechten Schultern, denn wir Schweizerinnen und Schweizer seien einfach alle schön. Man sehe uns unsere Zivilisiertheit und den Luxus, ein Mal im Jahr zum Arzt und zwei Mal zum Zahnarzt zu gehen, einfach an.

Einen noch persönlicheren Eindruck vermittelte dann das Interview, das wir am Nachmittag mit Milena Moser führten und das bald hier veröffentlicht wird – stay tuned.