Ein Gespräch über Bücher

Das zweite Branchengespräch der Literaturtage drehte sich um die Frage, wie aus einem Text ein Buch wird. Als Podiumsgäste waren Annette Beger, die Leiterin des Zürcher Kommode Verlags, und Gabriel de Montmollin, bis 2015 Leiter der Éditions Labor et Fides und mittlerweile Leiter des Musée international de la Réforme in Genf. Geleitet wurde das Gespräch von Dani Landolf, seines Zeichens Geschäftsführer des Schweizer Buchhändler- und Verleger-Verbands SBVV. Landolf verwies auf die Sonderstellung, die dem Schweizer Buchmarkt aus seiner Viersprachigkeit erwächst: Die Verlage in der Westschweiz orientieren sich nach Frankreich, die im Tessin nach Italien und die Deutschschweizer schauen nach Deutschland und Österreich. Dass diese Länder Euroländer sind, hat einen grossen Einfluss auf die Schweizer Verlage, nicht zuletzt seit die Buchpreisbindung 2008 in der Schweiz aufgehoben wurde.

Im deutschsprachigen Bereich der Schweiz gibt es zur Zeit circa 200 Verlage, von denen rund die Hälfte „professionell“ betrieben würden. Thematisch sei die Schweizer Verlagslandschaft breit aufgestellt, fügt Landolf an, dies gälte insbesondere für den Kunst- und Architekturbereich als auch für das Feld der Sach- und Kinderbücher. Auch Wissenschaftsverlage machten ein durchaus herzeigbares Sement aus, wenn sie auch in der Öffentlichkeit nicht sehr präsent seien.

Annette Beger vertiefte sodann das Gebiet der Verlagskalkulation, referierte die prozentualen Anteile, welche sich auf die Buchhandlungen, dem Verlag und den Autor aufteilen, nicht zu vergessen die Kosten für Druck und Distribution. Auf die Frage, wo Verlage denn tatsächlich drucken lassen würden, antwortete Beger, dass der Kommode Verlag in Italien drucken lasse. Dies sei kostengünstiger und trotzdem stimme die Qualität trotzdem. Bücher aus englischen Verlagen fände sie schrecklich, meint Beger, denn diese seien meistens beschichtet, die Beschichtung löse sich nach und nach ab und werde klebrig.

Sodann wurde die Frage diskutiert, wieso es immer noch so wichtig sei, dass die Buchhändler das Recht haben, nicht verkauften Bücher wieder zurück geben zu können. Beger warf ein, dass man bedenken müsse, dass die Buchhandlungen auch Bücher von unbekannten Autoren bestellen und somit immer das Risiko haben, dass die Bücher nicht verkauft werden – was Rolf Lappert, den ersten Gewinner des Schweizer Buchpreises, anmerken liess, dass man ein Buch auch verkaufe, wenn man von ihm überzeugt sei.

Was aber leisten Verlage überhaupt?
Das Podium war sich einig: Sie sind Dienstleister, verwalten die Rechte der Autoren, vertreiben, lektorieren und führen die Promotion für das jeweilige Buch durch. Nicht jeder Autor kann gut lesen, dafür muss man kreative Alternativen entwickeln. Die meiste Zeit nehme das Lektorat ein. Man kann Autoren nur aufbauen, wenn man am Text arbeitet.

Die Frage, ob Autoren Verlage denn auch wirklich als Dienstleister in Anspruch nehmen müssten, bejahte Rolf Lappert. Das Lektorat sei für ihn unglaublich wichtig. Wenn ein Verlag seine Texte zu gut fände und er ein fertiges Manuskript einreiche, welches dann nicht mehr bearbeitet würde, werde er skeptisch. Für ihn sei wichtig, dass das Manuskript richtig überarbeitet werde. Es dürften sich nach einem qualitativen guten Lektorat keine Fehler mehr im fertigen Buch finden. Lappert adressierte dann auch junge AutorInnen der Bieler Schreibschule, deren Manuskripte meist bereits bei Einreichung eine sehr gute Qualität aufwiesen, nicht zuletzt weil sie bereits bei Agenturen überarbeitet worden seien.

Der Austausch gestaltete sich äusserst interessant und eröffnete die Möglichkeit, mehr über die Schweizer Verlagslandschaft zu erfahren. Dani Landolf fragte geschickt nach, blieb hartnäckig, wenn Fragen nicht präzise genug beantwortet wurden und achtete darauf, dass auch die Zuhörer miteingebunden wurden, um deren Französischkenntnisse es nicht so gut bestellt war – wie um die meinen.

 

 

Nedim Gürsel: un auteur turc à Soleure

Nedim Gürsel est un universitaire chevronné le vendredi et un romancier rêveur le samedi.

Vendredi, Nedim Gürsel entame sa journée avec un entretien pour Le Temps – il me précisera, amusé, qu’une page entière sera dédiée à sa personne et à son œuvre – puis une lecture longue à treize heures, une lecture brève à quinze heures trente : il définit cette première journée de « marathon » organisé et chronométré.

Samedi, quinze heures, l’imposant Nedim Gürsel est attablé sur une terrasse bondée avec quelques amis. Difficile de ne pas remarquer son grand sourire lorsque je m’approche de lui pour le saluer : il s’empresse de me trouver une chaise et m’invite à prendre place avec lui et ses invités. Dès les premiers instants, je suis inclue dans le cercle d’amis d’un auteur de plus de quarante ouvrages – même pas peur! Je pose alors mon portable entre nous deux pour enregistrer l’entretien et nous lance dans une conversation de près d’une heure.

 

  • Dans vos œuvres, vous faites de nombreuses références à la religion musulmane. Quelle est votre position face à cette religion ? Et votre point de vue face à toutes les religions du monde ?

« Dans un siècle comme le nôtre, la religion est incontournable ». En effet, Nedim Gürsel m’explique que la religion fait partie de notre monde, de nos pensées et de notre manière d’agir, c’est pourquoi il est quasiment impossible d’en faire abstraction.

Nedim décrit son rapport à l’Islam comme « conflictuel ». Pendant les jeunes années de sa vie, l’auteur turc est élevé par son grand-père pieux et reçoit donc une éducation religieuse. Plus tard, à l’âge adulte, il se considère comme athée et c’est seulement depuis quelques années qu’il s’intéresse à nouveau à l’Islam : l’âge a fait de lui un homme sceptique. « Je ne m’intéresse pas à la religion sur le plan de la foi, qui est personnelle, mais j’interroge la foi comme un homme curieux de l’histoire des religions ».

 

  • Comment défendez-vous vos œuvres face à la Turquie lorsque le gouvernement juge vos œuvres blasphématoires ?

« La gouvernement turc se réfère à l’Islam, ce qui est une transgression à la Constitution du pays ; le Président lui-même ne respecte pas la Constitution alors qu’il est censé être le garant de celle-ci ». Dans ses écrits souvent très critiques envers le gouvernement turc, Nedim Gürsel dit simplement « ce qu’il pense ». Tous les jours, il se bat contre ce gouvernement qui contrôle tout, ce gouvernement qui refuse de progresser et qui ne permet pas la liberté d’expression car il craint la force de la parole poétique. Dans ce pays, les médias ne parlent qu’à travers une seule voix qui est celle du gouvernement, et plus précisément celle du Président.

 

  • Comment la Turquie peut-elle progresser, d’après vous ?

Nedim Gürsel appelle à une laïcité qui permettrait au gouvernement d’être réellement démocratique et objectif. Un État musulman ne peut être un État démocratique puisqu’il ne respecte pas la diversité et ne revendique pas la laïcité dans sa politique. Il précise qu’il n’est pas critique vis-à-vis de son pays, auquel il reste fidèle, mais il est critique vis-à-vis du gouvernement turc. Je lui demande s’il envisage un retour définitif en Turquie et il me répond par la négative : « C’est en quittant la Turquie que j’ai pu lui porter autant d’intérêt ».

 

Sous un soleil de plomb, je pose de nombreuses questions à Nedim Gürsel, je lui demande des précisions sur son œuvre Le Fils du Capitaine et nous finissons par faire plus ample connaissance. Je lui parle de mes études, il me parle de son amour pour la Suisse, je lui parle de mon intérêt pour la littérature engagée et il me conseille son œuvre L’ange Rouge.

 

Dafina Meha

L’inattendu(e)

Soleure : grand soleil, l’Aar, les montagnes…que demande le peuple ? J’arrive sur les lieux, je me perds, et puis je retrouve mon chemin. On y est, enchaînements de lectures et performances, certaines auxquelles je ne comprends pas grand-chose, d’autres qui me donnent des frissons, d’autres encore qui me transportent d’émotion au point de me tirer des larmes. À ma table, j’ai la chance de rencontrer tout à fait par hasard des autrices et auteurs, dont Rinny Gremaud, Daniel Sangsue, Douna Loup et Meloe Gennai. Sourires et connivences, l’ambiance est bonne, chaleureuse même. Je réalise que ce sont des gens simples, « normaux », loin de la figure mythique du sacro-saint « AUTEUR » là-haut dans le ciel. Et ça me rassure.

 

15h40, je mange une glace au bord de l’eau, quand Douna Loup me rejoint sur un coup du destin. On discute, je suis ravie, j’adore son œuvre, je déblatère. Loin de mon rôle d’étudiante-journaliste, on parle de femme à femme, on se confie avec toute la vulnérabilité qui va avec ce genre d’échanges intimes, où l’on se montre vraie face à une quasi-inconnue, où on ose parler franchement parce qu’après tout, on ne la reverra probablement pas, et que merde, on a envie de parler à Douna et pas à Douna Loup.

 

Tic-tac, 16h00 sonne, c’est l’heure de l’interview, tout le monde rentre dans son carcan préfabriqué. Ready, set, go :

 

Votre livre dénonce-t-il le modèle de couple que notre société nous vend comme le « vrai amour » ? Fidélité, éternité, possession.

 

J’avais envie de raconter autre chose que de la relation amoureuse normée, de parler de ce genre d’amour « hors cadre », qu’il manque parfois à la littérature. Il s’agit de cheminer ensemble par la déconstruction et le déconditionnement. Il faut pouvoir se sentir libre au sein de sa relation, sortir des carcans de l’amour et du couple. Ce n’est pas le propos de mon livre que d’imposer un autre modèle, il ne s’agit pas de promouvoir le couple libre comme un idéal – d’ailleurs les personnages ne finissent pas en relation libre. C’est simplement une invitation à chacun de redéfinir son couple et sa définition de l’amour.

 

Elie et Danis se sont rencontrés avec des idées préconçues de ce que le couple et l’amour devaient être. Il y a un moment de la vie d’Elie où le couple l’enferme, et elle a besoin de faire exploser cette cellule-là pour retrouver sa liberté. Après cette crise, ils cherchent à redéfinir la relation amoureuse qui leur convient à tous les deux, défaits des attentes sociales, quitte à modifier les limites de leur couple en lâchant prise sur la notion de contrôle.

 

Interview over.

 

Le reste des questions et réponses, et surtout les confidences que Douna m’a faites avant l’interview, je les garde pour moi. Cette femme n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais, elle est d’une douceur infinie qui me désarçonne et qui me fait du bien. Et cette différence entre mon imaginaire et la réalité, avec la pointe de frustration qu’elle traîne derrière elle, me fait sincèrement chaud au cœur. Les gens ne sont jamais ce qu’on attend d’eux : ils sont.

 

Kaziwa Raim

Le temps d’un café avec Rinny Gremaud

C’est sous un soleil tant attendu, au bord de l’Aare, qu’humblement, Rinny Gremaud nous a accordé un entretien pour nous parler des conditions qui ont entouré la rédaction de son premier roman, Un monde en toc. De formation journalistique, elle s’expose avec sincérité et nous avoue les difficultés qu’elle a rencontrées pour passer du format de l’article à celui du roman. Elle nous raconte avec humour l’aventure qui se cache derrière les mots de son dernier roman, incisif, ironique et (trop) vrai, paru en mars 2018 aux éditions du Seuil. C’est un charmant moment d’échange et de convivialité que nous vous proposons dans cet article, à lire muni d’un capuccino.

 

Mon dernier livre, Un monde en toc, est un projet qui m’est venu en tête à la suite d’un constat : où qu’on aille, Dubaï, Casablanca, Edmonton, Kuala Lumpur, on retrouve les mêmes enseignes commerciales, les mêmes boutiques, on peut même retrouver à des milliers de kilomètres, exactement le même modèle de jeans qu’on a laissé chez soi. Du coup, je me suis interrogée sur ce qui pousse encore les gens à se déplacer ; on peut faire le tour du monde sans vraiment se sentir dépayser, ni percevoir de véritables changements visuels, ce qui crée une sorte d’absurdité du déplacement.

J’ai entrepris ce voyage avec derrière la tête le projet d’en faire un reportage comme le veut ma formation de journaliste. Évidemment, le choix de mes destinations est arbitraire, il a été régi par des contraintes de temps, d’argent, mais aussi, par la volonté de refléter une diversité climatique, économique et culturelle. L’Amérique du Nord a une culture très proche de la nôtre, tandis que pour la Malaisie, par exemple, on se retrouve plongé dans un univers culturel hétérogène, à la fois très influencé par la Chine, tout en ayant une culture musulmane. Quant à Dubaï, il me semblait essentiel d’y faire escale dans le cadre d’une étude de la « génétique commerciale ». Il y a énormément d’autres villes que j’aurais souhaité visiter, comme Mexico, mais comme je l’ai dit, j’ai dû faire des choix en fonction du temps et des moyens que j’avais à ma disposition. J’avais comme critère obligatoire la présence de méga malls, puisque j’espérais pouvoir y passer plusieurs jours sans trop m’y ennuyer. J’ai bien conscience que mes choix ne sont ni fondés ni exhaustifs, et que mon itinéraire de voyage se justifie difficilement sur le plan de la recherche.

Je suis vraiment partie en excursion avec la volonté d’en faire un reportage. Ce n’était pas prémédité que le résultat de mon expérience prenne la forme d’un roman ; c’est le résultat d’une série de hasards et d’échecs aussi. J’étais arrivée à un moment de ma vie de journaliste où j’avais l’ambition de m’essayer à des formats plus grands. Cependant, mes observations tout au long de mon voyage étaient insuffisantes pour remplir les exigences d’un vrai travail d’enquête, je ne me sentais pas de légitimité journalistique. Je tenais quand même à sauver ce projet, et c’est pour cette raison que j’ai opté pour un format qui m’accordait plus de liberté. Enfin, ça c’est une des raisons que j’invoque lorsqu’on me demande pourquoi un roman. A vrai dire, je ne pense pas que le récit de ce voyage-là, sans regard subjectif pour le cadrer, intéresserait grand monde. Le sujet traité s’accommode bien d’une voix personnelle. C’est un travail sur l’ennui, sur la laideur et sur la monotonie du paysage ; si je me cache derrière un regard distant et objectif, le traitement du sujet en devient désagréable et il est probable que personne ne le lise. J’ai ressenti le besoin de m’investir, et de donner au lecteur ce que je voulais qu’il voie.

Toutes les rencontres que j’ai couchées sur papier m’ont marquée, c’est un grand travail de deuil de faire le tri entre ce qui aura sa place dans le roman et ce qui sera laissé de côté. Je fonctionne un peu comme un chasse-neige, je récolte tout ce que je peux, et je fais le tri par la suite. Je ne prends pas de notes pendant le voyage, seulement des mots-clés, illisibles pour quelqu’un d’autre que moi. J’utilise énormément la photographie, mais ce sont de vilaines photos qui ne sont pas destinées à être montrées, elles servent à me rappeler seulement ce que je voulais montrer, mais aussi l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque j’ai pris le cliché. On ne peut pas prévoir ce sur quoi on va tomber ; il y a des rencontres qui ne m’ont servi à rien, et d’autres qui étaient vraiment inattendues et extraordinaires. Il y a des portraits d’entrepreneurs que je n’ai pas fait, de peur qu’ils ressemblent trop à d’autres portraits, je voulais éviter des redites. Aussi, je crois au pouvoir de fiction du monde réel, j’aime le hasard, ne pas savoir ce qu’on va rencontrer sur sa route, comme cette découverte improbable d’une femme qui passait sa vie entière dans les malls. C’était inespéré, on pourrait écrire un livre uniquement sur le vide intersidéral de sa vie. Il y a des récits potentiels partout.

Avec le choix du titre on pourrait s’attendre à une violente critique du système capitaliste, et il donne d’emblée une couleur au livre, une clé de lecture. Ce n’était pas mon intention, je n’avais qu’un titre de travail lorsque je l’ai envoyé à mon éditeur, c’était « Centres commerciaux ». Sa première suggestion lors des premières phases de relecture a été de le renommer « malls ». Puis, dans un troisième temps, il a extrait le titre final d’un passage du livre, du dialogue que j’entretiens avec un touriste chinois dans l’avion. J’ai fait un gros effort pour ne pas avoir un regard surplombant, je ne voulais pas d’un discours dénonciateur et hautain. Ça ne collerait pas avec ce que je suis au fond ; j’ai de l’empathie pour les gens et non pas du mépris, même pour des personnes qui sont à des années-lumière de mes valeurs, je ne ressens pas l’envie de les juger. J’ai consciemment fait en sorte de respecter ce que je voyais et garder une forme d’objectivité. C’est important pour moi de conserver un regard critique non seulement sur ce que je vois, mais sur moi-même aussi, qui suis-je pour juger ? Ensuite, concernant les touristes, on retrouve dans le roman quelques passages où je les juge, notamment à Bangkok, mais dans ce cas-ci je me permets de les juger car ils viennent du même univers culturel que moi, et partagent les mêmes valeurs. Dans le cas des touristes chinois, il y a une barrière culturelle qui m’empêche de tout saisir de leurs coutumes, je dois appliquer un relativisme culturel. La seule exception était Dubaï, je le dis dans mon livre, je n’ai personnellement aucune empathie pour cette ville ni pour ses touristes.

Les décalages horaires étaient violents, les flottements et moments d’apesanteur décrits dans le roman découlent de cet état de fatigue. Ça m’a rappelé ces longs moments d’attentes dans la nuit pendant mon adolescence, ces états de fatigue qu’on a tous déjà connu. J’ai évolué comme l’œil d’une caméra, sans être investie dans la vie des gens que je rencontrais, j’observais simplement leur quotidien sans m’y ancrer. J’avoue qu’une chose que j’aime particulièrement dans le voyage c’est disparaître, m’évincer de ma vie quotidienne, fuir, ne plus avoir à paraître. La vie quotidienne me pèse, dans le sens où il y a sans cesse une tâche dans laquelle s’investir. L’apparence est très pesante aussi, cette espèce de devoir social de conversation. Même si toutes ces choses sont plutôt agréables, je ressens le besoin de m’en échapper parfois. C’était un voyage produit de la fuite, de la mélancolie, un voyage de tradition romantique, qui consiste à se perdre, à mourir un peu.

Je sais désormais qu’un livre ne s’écrit pas d’une traite, j’ai renoncé au fantasme qu’on pouvait plonger dans un projet et voir les pages défiler avec fluidité. Mon voyage date de 2014 et le roman n’est paru qu’en mars 2018 ; ça représente un processus de 4 ans dans son ensemble. La première version écrite est restée en suspens, puis sont venues ma démission et ma grossesse qui s’est avérée très prenante. Pour finir, je n’en pouvais plus de traîner ce livre derrière moi, je suis parvenue à dégager du temps pour le mener à bien. Puis c’était rapide entre le moment où le livre est arrivé dans les mains de l’éditeur et le moment où il l’a publié. Ecrire un livre a été une aventure pour moi, je me retrouve plongée dans un univers qui détonne complétement du monde journalistique auquel je suis habituée. En plus, j’avais l’impression, avant de tenter l’expérience moi-même, que les personnes qui écrivaient des livres avaient un grand égo, qu’il y avait une quête de prestige derrière toute publication. Je me suis rendu compte que si je l’ai fait, c’est surtout pour tenter quelque chose de nouveau. Grâce à mon roman j’ai fait de très belles rencontres et découvertes, j’ai fait des tournées de lectures en Slovaquie, par exemple, dans des classes de filles qui apprennent le français. Au moment où le livre est lu, il prend de la valeur. Me lancer dans le roman aura vraiment été une expérience formidable. Je suis vraiment surprise en bien des nouveaux horizons que j’ai découverts, mais on appuie ses fictions sur des expériences vécues, et pour avoir de la matière à traiter, il faut d’abord oser se sortir de sa zone de confort.

 

Déborah Badoux

Daniel Sangsue : une figure hantée à Soleure

C’est une douce obsession que celle de Daniel Sangsue pour les fantômes. Pour ceux qui sont drapés de papier et d’imagination, aussi bien que pour leurs cousins directs, dont l’apparition plus (ir)réelle ne va rarement sans causer quelque cri d’effroi.

Dans la voix de Daniel Sangsue, pas d’excitation fébrile. Pas plus de brasillement dans le coin de ses yeux. Le professeur émérite de l’université de Neuchâtel se dit d’ailleurs légèrement lassé par ce sujet qui le hante depuis plus de vingt ans. On peut le comprendre. Cela ne l’empêche pas de faire publier son Journal d’un amateur de fantômes, raison de notre entretien dans la fraîcheur d’un coin du Solheure Bar, et ce n’est d’ailleurs pas sans une certaine avidité qu’il notera promptement l’adresse de l’une de mes collègues, laquelle a vécu une histoire de fantômes. Daniel Sangsue reste bel et bien sur le qui-vive. « Vous prenez aussi une bière ? »

Son intérêt commence avec des recherches sur Charles Nodier. C’est lui qui a popularisé The Vampyre, une nouvelle née dans la tête de Lord Byron en 1816, lorsque celui-ci propose à ses amis coincés à la villa Diodati d’écrire chacun une histoire de fantômes – et ce sera l’occasion pour la jeune Mary Shelley d’inventer son Frankenstein. Dès lors les vampires vont se répandre un peu partout – si ce n’est dans la réalité du moins en littérature, avant d’être remplacés au cours du 19ème par la figure du fantôme : tous les écrivains du 19ème siècle ont écrit à propos de fantômes nous assure Daniel Sangsue. Son discours est minutieux, truffé de références, plaisant à écouter. C’est peut-être d’abord l’universitaire qui parle, mais il ne faudrait pas le réduire à ce statut. Daniel Sangsue s’est longtemps caché derrière Ernest Mignatte, un pseudonyme utilisé pour couvrir ses activités de romancier, avant qu’il ne mette bas les masques.

Qu’est-ce que son Journal d’un amateur de fantômes ? C’est d’abord l’envers de ses travaux de recherche : on peut y suivre ses lectures, ses réflexions et certains développements qu’il n’a pas publiés. Les différents récits de fantômes qu’il a récoltés ici et là prennent également une place importante. Et l’on suit ses déplacements, ses colloques et ses vacances, ses visites aux différents libraires, ses rencontres avec d’autres membres de ce petit monde érudit à l’habitus bien particulier. Car si les apparitions l’intéressent en tout premier lieu, ce Journal est également l’occasion pour lui de décrire une disparition : le monde change. Les libraires ferment boutiques, les étudiants lisent de moins en moins, l’université est sommée de se plier à des exigences de rendement, et la table tournante de Hugo a été vendue pour seulement quelques milliers d’euros. « Comment les morts pourraient-ils se faire entendre dans une culture qui méprise le passé et dont la communication ne sert plus à faire entendre, mais à faire acheter ? »

En somme, ce Journal est bien équilibré et l’ironie du diariste et la riche saveur des anecdotes en font un objet beaucoup moins ennuyeux qu’il ne le laissait peut-être prévoir. Mais que dit l’expert, finalement, à propos de ces apparitions ? Qu’on ne saura jamais. Ces phénomènes, explique Daniel Sangsue, nous reconduisent toujours devant deux possibilités : ou effectivement l’apparition a eu lieu, ou alors nos perceptions ont été trompées par nos propres projections.

Quoiqu’il en soit, cela ne m’étonnerait pas que quelques spectres aient profité de la foule présente à Soleure pour bénéficier d’un bain de soleil en toute tranquillité – entendez, sans hurlement angoissé.

 

Jonas Widmer

Facétieux invité transatlantique

Après la rencontre avec l’imposant Nedim Gürsel, voici l’entrevue avec Joey Goebel. Petit contexte pour ceux qui ne le connaîtraient pas : Goebel est un écrivain américain originaire du Kentucky à l’humour mordant et à la satire délicieuse. Il adore tourner en dérision certaines traditions et valeurs de son pays. Malheureusement pour nous, ses livres ne sont pas encore très connus en Suisse romande ou dans le monde francophone mais il a d’ores et déjà réussi à conquérir les cœurs des germanophones. L’entretien se termine avec son guide ? son agent ? qui l’emporte au loin pour sa lecture.

Lecture qu’il n’aurait pas fallu manquer car l’écrivain sait laisser parler son humour et son talent de performer ! Il commence par aborder son expérience de professeur dans une high school du Kentucky et évoque une mésaventure personnelle quant au sens de la fameuse proposition Netflix and chill qu’il ne cessait de répéter à ses étudiants de 15 ans; je laisse aux non-initiés aller chercher son sens et rire du quiproquo ! Grâce à cette anecdote, nous constatons à quel point son métier, et plus particulièrement ce contact permanent avec la jeunesse est central dans sa vie et ses écrits. Le modérateur continue son interview et interroge Goebel sur la politique américaine. L’Américain expose clairement son opinion et montre encore une fois l’étendue de son talent : l’imitation de Trump est particulièrement bien réussie, il ne manque plus qu’une perruque.

Ensuite, de sa voix riche et profonde, Goebel enchaîne avec un extrait d’un de ses livres. Hypnotique, sa voix berce le public qui se prend au récit. Malheureusement, la lecture se termine trop rapidement sur les applaudissements de la foule. Nous aurions bien apprécié qu’il nous lise l’entièreté de son livre. Son jeune fils a bien de la chance d’avoir un tel père qui lui fait la lecture avant le coucher…

La salle se vide, le soleil baisse, mais le flux constant des badauds venus pour la 41ème édition des Journées Littéraires de Soleure ne faiblit pas même si la journée s’achève.

 

Marie Maury

Rencontre avec Maylis de Kerangal

Après un long trajet en train et de multiples retards, je débouche enfin sur la verdoyante plaine soleuroise. Ce doux vallonnement laisse bientôt place à l’Aare qui m’entraîne vers la petite ville ensoleillée où les badauds trempent leurs pieds dans le courant, une bière à la main. Le centre est calme, la circulation réduite au minimum et les terrasses ombragées sont nombreuses. Le béton se transforme en pavé et bientôt en gravier. J’arrive au Solheure où Maylis de Kerangal se restaure. Comme la suite de ma journée le confirmera, l’écrivaine a fait un bon choix culinaire ; la nourriture y est simple mais bonne.

Maylis de Kerangal se présente avec modestie et m’accorde un entretien malgré un emploi du temps chargé : dans 40 minutes, elle doit faire sa lecture devant une salle attentive. Notre échange est bref mais très instructif, car de sa voix douce elle me parle de son livre avec conviction. Sa conception du monde se reflète dans Un monde à portée de main, roman d’apprentissage qui concerne une jeune femme peintre. Maylis de Kerangal me parle du mérite de l’expérience première, de la sensation immédiate, de ce moyen d’accès prioritaire au monde qui nous entoure et où le sens n’est pas toujours à découvrir. Souvent il se donne tel quel, simplement. C’est cet intérêt pour le concret dans nos vies qui se retrouve dans le parcours de la protagoniste, car la jeune faussaire prend les matières à pleines mains pour reconstituer des trompe-l’œil saisissants et revient ainsi aux bases de l’acte créateur.

Le temps file, l’entrevue se poursuit et la terrasse ne se désemplit pas mais l’écrivaine doit partir et m’accorde une ultime question avant de s’éclipser. J’ai gardé la meilleure question pour la fin : pourquoi ce style d’écriture si particulier qui mélange descriptions et dialogues ? À sa base, une volonté de décloisonner l’oral de l’écrit, de les traiter comme un seul écosystème ; refus de la mise en scène artificielle d’une oralité qui n’existe pas dans notre vie, car l’interaction constante entre description et oral contribue à donner une signification aux scènes et aux personnages.

 

Marie Maury

Si pitié de nous pauvres avez

Ce soir, le Chaux-de-Fonnier Thomas Sandoz a reçu, à Soleure, un prix décerné par la Commission intercantonale de littérature des cantons de Berne et du Jura pour son roman La balade des perdus qui, sans aucun rapport avec la célèbre Ballade des pendus de François Villon, se déroule dans les Alpes.

On y suit Luc et trois autres adolescents aux handicaps divers, conduits par l’éducatrice Julia à travers un road trip cahoteux dans l’adversité. Sixième protagoniste protéiforme, l’altérité est représentée par les diverses personnes rencontrées par les vadrouilleurs, après l’endommagement de leur minibus, durant une rentrée d’excursion précipitée.

Sous le prétexte d’avoir oublié ses jambières orthopédiques, Luc, qui a provoqué depuis un forum une véritable crise politique, oblige cette équipée inhabituelle à rechercher le soutien des autres pour retrouver le chemin de l’institution où sa mère l’a abandonné, ainsi que des preuves qui le lient à cette crise.

On peut être touché par la réticence, voire l’hostilité des gens sollicités par Julia pour leurs venir en aide ; mais, devant les situations occasionnées par ces rencontres incongrues, ces gens font ce qu’ils peuvent. Difficile en effet de gérer les réactions aussi imprévisibles qu’embarrassantes des adolescents. Julia elle-même, face au merdier de sa propre vie, selon les termes de Thomas Sandoz, éprouve de grandes difficultés à supporter ses protégés.

Sous le regard aiguisé de Luc, dont l’esprit tient bien mieux que les jambes, on rit aux frasques de Goon – qui ne retire pas son casque audio pour donner des coups – ou de Bierrot – enfant satyre et collectionneur de cailloux ; on souffre avec Pauline qui, atteinte d’une maladie dégénérative et écrasée par ce qui se passe, est consciente de la finitude de son existence, prisonnière d’un corps qui ne répond plus.

Traverser ce roman où un invalide voit partout des incitations au dépassement de soi soulève nombre de questions qui débordent le roman et auxquelles l’auteur a très aimablement accepté de répondre.

Partout, des discours de solidarité mystificateurs se heurtent au culte généralisé de la performance. Il faut être le meilleur, gagner – et donc défaire l’autre ; la compétition prend le pas sur son objet. Découlent de ces discours délétères et de ces injonctions tacites à la réussite des leitmotivs culpabilisants qui stipulent qu’il suffit de croire en ses rêves pour les réaliser.

Dans ce contexte, où le vent charrie-t-il les déclassés de nos sociétés ? Il les bloque chez eux, répond simplement Thomas Sandoz. C’est enfermés dans des schémas négatifs causés par cet état de fait que de jeunes êtres, pourtant valides, courent au gâchis.

Admirer ceux qui font tout ce qu’ils peuvent plutôt que ceux qui font tout ce qu’ils veulent, préférer une forme saine de solidarité à l’individualisme jusqu’au-boutiste, voilà un espoir qui ressort d’un entretien avec un frère humain rencontré à Soleure.

 

Baptiste Colombara

Pause, pose, ose

Une voix, sonnante, une harpe, absente, remplacée par une seconde voix, qui chante.

La première voix lit, rit, vit.

La seconde vibre, tout en échos et en harmoniques.

Parfois mélancolique, parfois comique.

De la musique dans la poésie.

Du récit dans la mélodie.

 

Meloe Gennai et Makeda Monnet,

Une performance qui met la réalité en pause.

 

Une pause sans aucun doute unique dans le sens où

Pause

Dans le sens où

Pause

Qui ne serait pas qu’une pause qui emporte tout sur son passage mais bien plus que ça

 

Une performance qui met la réalité en pose. Une pose de la voix, une voix de la pose.

Une performance qui met la réalité en « ose ». Ose être toi-même, ose partager.

 

Anthony Ramser

Solhora

Soleure. Au Solheure café. Ou sol hora en espagnol, c’est-à-dire l’heure, ou le temps du soleil. Car du soleil, il y en avait à Soleure ! Une atmosphère d’été rouge et bleu planait sur la petite ville alémanique en ce vendredi 31 mai 2019.

Bleu, d’abord, comme la couleur pure de l’Aar, fraîche et désaltérant la vue. Charme, et sans doute fierté de Soleure.

Rouge ensuite, comme le thermomètre ! Celui-ci s’est arraché au-dessus des 25, voire des 30 degrés Celsius, après un printemps très frais. Le premier vrai coup de chaud de la saison, et ça tombe à pic pour l’ouverture de cet heureux Festival des Journées littéraires de Soleure !

Orange aussi. Comme les lunettes d’Odile Cornuz qui, lors d’une brève lecture l’après-midi, en extérieur, nous a fait découvrir sa nouvelle prose poétique, Ma ralentie (2018). Fascinant ! Rythme et courbes de l’œuvre (déjà soulignés dans un autre article publié plus tôt) nous rappellent les méandres, les accélérations et les ralentis de la Sarine, qui nous ramène au fleuve sémantique et à la poésie de l’Aar. « Mais que chaud ! » comme disait ma grand-mère bédjuasse. Je ne pouvais m’empêcher de penser que, derrière leur regard vif et amusé, les yeux de la pauvre Odile devaient souffrir de parcourir des pages ultraviolettes, rendues telles par « la rigueur du soleil » – autre expression d’une arrière-grand-tante bédjuasse. Même les bras de l’une de mes collègues, pourtant habitués aux grandes chaleurs, devenaient comme deux toasts à point qu’elle tentait désespérément de cacher sous sa veste en boule.

Incolore encore – « Trop de transparence tue la transparence », nous confiera le lendemain Daniel Sangsue. Couleur sans couleur des spectres. Les spectres de Sangsue, ses compagnons de voyage, ses amis qu’il traîne partout avec lui, dans ses bagages comme dans ses livres, ces ectoplasmes qui le perturbent parfois, mais qui le suivent sans doute avec amusement. Et nous avons rencontré ce doux chasseur de fantômes à midi déjà, en partageant un repas avec lui, puis lors d’une lecture de son Journal d’un amateur de fantômes (2018) – à l’intérieur cette fois-ci. Mais les esprits n’étaient pas le seul atout que Sangsue avait dans sa manche ; il avait aussi l’esprit, celui de David Collin en l’occurrence, qui, dans un dialogue intelligemment construit, mais non moins improvisé, intervenait toujours au moment juste, à la seconde exacte, respectant les silences les plus éloquents, pour glisser une remarque ou une question pertinente et juteuse à souhait ! Expert de la radio, et ça se voit ; sacré malin, sacré Collin, va ! Aussi, au fil de ce dialogue très chaleureux, très amical, nous avons découvert que les histoires d’outre-tombe allaient bien souvent de pair avec la notion de fantastique, au sens de Todorov. Une histoire de fantômes, c’est avant tout l’histoire d’une hésitation entre une explication rationnelle – mais souvent insatisfaisante, comme l’a souligné David Collin – et une explication irrationnelle. Mais les histoires de revenants, ce sont aussi des histoires de rencontres avec des personnes connues de notre passé, avec Gilbert Sangsue par exemple, le père de Daniel, avec Madame Breton, la femme de l’écrivain célèbre, ou encore avec un ancien camarade chinois en mobilité à Rennes, retrouvé à la Fudan University de Shanghai, trente ans plus tard, et tout à fait par hasard !

Vert, comme le Bonsaï (2018) de Baptiste Gaillard, qui finalement non, n’est pas un livre de jardinage.

Vert jauni, comme l’argent de la surconsommation, qui nous épuise et s’épuise. Rinny Gremaud en connaît un rayon, et même plusieurs ! ayant parcouru de long en large des giant malls, centres commerciaux aux dimensions invraisemblables. L’écrivaine et journaliste suisse, aux origines sud-coréennes, nous en offre un aperçu critique dans Un monde en toc (2018).

Deep purple également. Comme la profonde réflexion qu’a menée Douna Loup. D’abord pour nous proposer son Déployer (2019) dans une forme originale en sept carnets. Ensuite pour nous le faire découvrir au travers de lectures revêtant elles aussi une forme peu commune, dans le monde littéraire. Quelle forme ? Aidée d’un looper – cet instrument électronique si chouchouté dans l’univers de la beatbox –, Douna Loup nous a donné une véritable performance, créant un univers de sons simples, mais si percutants, me rappelant des chants de gorge inuits.

Multicolore. Soleure, ou solhora, c’était tout ça à la fois, en ce vendredi 31 mai. Et les jours qui suivront ne s’annoncent pas des moindres ! En Valais, ce matin de 1er juin, j’ai entendu dire qu’aujourd’hui serait la journée la plus chaude depuis le début de l’année 2019, et on peut légitimement penser que ce sera aussi le cas à Soleure, où la température était déjà si élevée la veille ! Quelques heures plus tard, arrivé dans la cité du livre, j’observe des pigeons ramiers profitant des ombres d’un parc, deux corbeaux se désaltérant dans une fontaine, et un foulque macroule nageant seul dans l’Aar qui reflète les rayons du soleil. Ce sera décidément une chouette journée !

Je vous laisse, je vais écouter ma nouvelle amie Odile Cornuz, qui nous propose aujourd’hui une lecture plus approfondie de sa ralentie, cette fois-ci à l’intérieur, bouffée d’air frais !

 

Éric Bonvin