Ein Gespräch über Bücher

Das zweite Branchengespräch der Literaturtage drehte sich um die Frage, wie aus einem Text ein Buch wird. Als Podiumsgäste waren Annette Beger, die Leiterin des Zürcher Kommode Verlags, und Gabriel de Montmollin, bis 2015 Leiter der Éditions Labor et Fides und mittlerweile Leiter des Musée international de la Réforme in Genf. Geleitet wurde das Gespräch von Dani Landolf, seines Zeichens Geschäftsführer des Schweizer Buchhändler- und Verleger-Verbands SBVV. Landolf verwies auf die Sonderstellung, die dem Schweizer Buchmarkt aus seiner Viersprachigkeit erwächst: Die Verlage in der Westschweiz orientieren sich nach Frankreich, die im Tessin nach Italien und die Deutschschweizer schauen nach Deutschland und Österreich. Dass diese Länder Euroländer sind, hat einen grossen Einfluss auf die Schweizer Verlage, nicht zuletzt seit die Buchpreisbindung 2008 in der Schweiz aufgehoben wurde.

Im deutschsprachigen Bereich der Schweiz gibt es zur Zeit circa 200 Verlage, von denen rund die Hälfte „professionell“ betrieben würden. Thematisch sei die Schweizer Verlagslandschaft breit aufgestellt, fügt Landolf an, dies gälte insbesondere für den Kunst- und Architekturbereich als auch für das Feld der Sach- und Kinderbücher. Auch Wissenschaftsverlage machten ein durchaus herzeigbares Sement aus, wenn sie auch in der Öffentlichkeit nicht sehr präsent seien.

Annette Beger vertiefte sodann das Gebiet der Verlagskalkulation, referierte die prozentualen Anteile, welche sich auf die Buchhandlungen, dem Verlag und den Autor aufteilen, nicht zu vergessen die Kosten für Druck und Distribution. Auf die Frage, wo Verlage denn tatsächlich drucken lassen würden, antwortete Beger, dass der Kommode Verlag in Italien drucken lasse. Dies sei kostengünstiger und trotzdem stimme die Qualität trotzdem. Bücher aus englischen Verlagen fände sie schrecklich, meint Beger, denn diese seien meistens beschichtet, die Beschichtung löse sich nach und nach ab und werde klebrig.

Sodann wurde die Frage diskutiert, wieso es immer noch so wichtig sei, dass die Buchhändler das Recht haben, nicht verkauften Bücher wieder zurück geben zu können. Beger warf ein, dass man bedenken müsse, dass die Buchhandlungen auch Bücher von unbekannten Autoren bestellen und somit immer das Risiko haben, dass die Bücher nicht verkauft werden – was Rolf Lappert, den ersten Gewinner des Schweizer Buchpreises, anmerken liess, dass man ein Buch auch verkaufe, wenn man von ihm überzeugt sei.

Was aber leisten Verlage überhaupt?
Das Podium war sich einig: Sie sind Dienstleister, verwalten die Rechte der Autoren, vertreiben, lektorieren und führen die Promotion für das jeweilige Buch durch. Nicht jeder Autor kann gut lesen, dafür muss man kreative Alternativen entwickeln. Die meiste Zeit nehme das Lektorat ein. Man kann Autoren nur aufbauen, wenn man am Text arbeitet.

Die Frage, ob Autoren Verlage denn auch wirklich als Dienstleister in Anspruch nehmen müssten, bejahte Rolf Lappert. Das Lektorat sei für ihn unglaublich wichtig. Wenn ein Verlag seine Texte zu gut fände und er ein fertiges Manuskript einreiche, welches dann nicht mehr bearbeitet würde, werde er skeptisch. Für ihn sei wichtig, dass das Manuskript richtig überarbeitet werde. Es dürften sich nach einem qualitativen guten Lektorat keine Fehler mehr im fertigen Buch finden. Lappert adressierte dann auch junge AutorInnen der Bieler Schreibschule, deren Manuskripte meist bereits bei Einreichung eine sehr gute Qualität aufwiesen, nicht zuletzt weil sie bereits bei Agenturen überarbeitet worden seien.

Der Austausch gestaltete sich äusserst interessant und eröffnete die Möglichkeit, mehr über die Schweizer Verlagslandschaft zu erfahren. Dani Landolf fragte geschickt nach, blieb hartnäckig, wenn Fragen nicht präzise genug beantwortet wurden und achtete darauf, dass auch die Zuhörer miteingebunden wurden, um deren Französischkenntnisse es nicht so gut bestellt war – wie um die meinen.

 

 

Nedim Gürsel: un auteur turc à Soleure

Nedim Gürsel est un universitaire chevronné le vendredi et un romancier rêveur le samedi.

Vendredi, Nedim Gürsel entame sa journée avec un entretien pour Le Temps – il me précisera, amusé, qu’une page entière sera dédiée à sa personne et à son œuvre – puis une lecture longue à treize heures, une lecture brève à quinze heures trente : il définit cette première journée de « marathon » organisé et chronométré.

Samedi, quinze heures, l’imposant Nedim Gürsel est attablé sur une terrasse bondée avec quelques amis. Difficile de ne pas remarquer son grand sourire lorsque je m’approche de lui pour le saluer : il s’empresse de me trouver une chaise et m’invite à prendre place avec lui et ses invités. Dès les premiers instants, je suis inclue dans le cercle d’amis d’un auteur de plus de quarante ouvrages – même pas peur! Je pose alors mon portable entre nous deux pour enregistrer l’entretien et nous lance dans une conversation de près d’une heure.

 

  • Dans vos œuvres, vous faites de nombreuses références à la religion musulmane. Quelle est votre position face à cette religion ? Et votre point de vue face à toutes les religions du monde ?

« Dans un siècle comme le nôtre, la religion est incontournable ». En effet, Nedim Gürsel m’explique que la religion fait partie de notre monde, de nos pensées et de notre manière d’agir, c’est pourquoi il est quasiment impossible d’en faire abstraction.

Nedim décrit son rapport à l’Islam comme « conflictuel ». Pendant les jeunes années de sa vie, l’auteur turc est élevé par son grand-père pieux et reçoit donc une éducation religieuse. Plus tard, à l’âge adulte, il se considère comme athée et c’est seulement depuis quelques années qu’il s’intéresse à nouveau à l’Islam : l’âge a fait de lui un homme sceptique. « Je ne m’intéresse pas à la religion sur le plan de la foi, qui est personnelle, mais j’interroge la foi comme un homme curieux de l’histoire des religions ».

 

  • Comment défendez-vous vos œuvres face à la Turquie lorsque le gouvernement juge vos œuvres blasphématoires ?

« La gouvernement turc se réfère à l’Islam, ce qui est une transgression à la Constitution du pays ; le Président lui-même ne respecte pas la Constitution alors qu’il est censé être le garant de celle-ci ». Dans ses écrits souvent très critiques envers le gouvernement turc, Nedim Gürsel dit simplement « ce qu’il pense ». Tous les jours, il se bat contre ce gouvernement qui contrôle tout, ce gouvernement qui refuse de progresser et qui ne permet pas la liberté d’expression car il craint la force de la parole poétique. Dans ce pays, les médias ne parlent qu’à travers une seule voix qui est celle du gouvernement, et plus précisément celle du Président.

 

  • Comment la Turquie peut-elle progresser, d’après vous ?

Nedim Gürsel appelle à une laïcité qui permettrait au gouvernement d’être réellement démocratique et objectif. Un État musulman ne peut être un État démocratique puisqu’il ne respecte pas la diversité et ne revendique pas la laïcité dans sa politique. Il précise qu’il n’est pas critique vis-à-vis de son pays, auquel il reste fidèle, mais il est critique vis-à-vis du gouvernement turc. Je lui demande s’il envisage un retour définitif en Turquie et il me répond par la négative : « C’est en quittant la Turquie que j’ai pu lui porter autant d’intérêt ».

 

Sous un soleil de plomb, je pose de nombreuses questions à Nedim Gürsel, je lui demande des précisions sur son œuvre Le Fils du Capitaine et nous finissons par faire plus ample connaissance. Je lui parle de mes études, il me parle de son amour pour la Suisse, je lui parle de mon intérêt pour la littérature engagée et il me conseille son œuvre L’ange Rouge.

 

Dafina Meha

L’inattendu(e)

Soleure : grand soleil, l’Aar, les montagnes…que demande le peuple ? J’arrive sur les lieux, je me perds, et puis je retrouve mon chemin. On y est, enchaînements de lectures et performances, certaines auxquelles je ne comprends pas grand-chose, d’autres qui me donnent des frissons, d’autres encore qui me transportent d’émotion au point de me tirer des larmes. À ma table, j’ai la chance de rencontrer tout à fait par hasard des autrices et auteurs, dont Rinny Gremaud, Daniel Sangsue, Douna Loup et Meloe Gennai. Sourires et connivences, l’ambiance est bonne, chaleureuse même. Je réalise que ce sont des gens simples, « normaux », loin de la figure mythique du sacro-saint « AUTEUR » là-haut dans le ciel. Et ça me rassure.

 

15h40, je mange une glace au bord de l’eau, quand Douna Loup me rejoint sur un coup du destin. On discute, je suis ravie, j’adore son œuvre, je déblatère. Loin de mon rôle d’étudiante-journaliste, on parle de femme à femme, on se confie avec toute la vulnérabilité qui va avec ce genre d’échanges intimes, où l’on se montre vraie face à une quasi-inconnue, où on ose parler franchement parce qu’après tout, on ne la reverra probablement pas, et que merde, on a envie de parler à Douna et pas à Douna Loup.

 

Tic-tac, 16h00 sonne, c’est l’heure de l’interview, tout le monde rentre dans son carcan préfabriqué. Ready, set, go :

 

Votre livre dénonce-t-il le modèle de couple que notre société nous vend comme le « vrai amour » ? Fidélité, éternité, possession.

 

J’avais envie de raconter autre chose que de la relation amoureuse normée, de parler de ce genre d’amour « hors cadre », qu’il manque parfois à la littérature. Il s’agit de cheminer ensemble par la déconstruction et le déconditionnement. Il faut pouvoir se sentir libre au sein de sa relation, sortir des carcans de l’amour et du couple. Ce n’est pas le propos de mon livre que d’imposer un autre modèle, il ne s’agit pas de promouvoir le couple libre comme un idéal – d’ailleurs les personnages ne finissent pas en relation libre. C’est simplement une invitation à chacun de redéfinir son couple et sa définition de l’amour.

 

Elie et Danis se sont rencontrés avec des idées préconçues de ce que le couple et l’amour devaient être. Il y a un moment de la vie d’Elie où le couple l’enferme, et elle a besoin de faire exploser cette cellule-là pour retrouver sa liberté. Après cette crise, ils cherchent à redéfinir la relation amoureuse qui leur convient à tous les deux, défaits des attentes sociales, quitte à modifier les limites de leur couple en lâchant prise sur la notion de contrôle.

 

Interview over.

 

Le reste des questions et réponses, et surtout les confidences que Douna m’a faites avant l’interview, je les garde pour moi. Cette femme n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais, elle est d’une douceur infinie qui me désarçonne et qui me fait du bien. Et cette différence entre mon imaginaire et la réalité, avec la pointe de frustration qu’elle traîne derrière elle, me fait sincèrement chaud au cœur. Les gens ne sont jamais ce qu’on attend d’eux : ils sont.

 

Kaziwa Raim

Von Kompost, unheimlichen Booten am Strand und einer gehörnten Frau

Die Jury des diesjährigen Schreibwettbewerbs für Nachwuchsschriftstellerinnen und -schriftsteller «OpenNet», der jeweils im Rahmen der Solothurner Literaturtage durchgeführt wird, hatte bei 205 Einsendungen die Qual der Wahl. Bei nur einem italienischen und einer unbekannten Anzahl an französischen Texten, fiel die Auswahl vorwiegend deutschsprachig aus. Nur wenig überraschend also, dass auch alle Siegertexte auf Deutsch verfasst waren.

An der Lesung, die gleichzeitig auch Teil des Preises für die Gewinnerinnen und den Gewinner ist, konnte man die drei Siegertexte hören und in Gesprächen mit den Jurymitgliedern etwas über ihre Gedanken und Intentionen hinter den Texten erfahren. Den Anfang machte Micha Frieml mit Kompost. Der Text, der durch viel Schreiben und noch mehr Streichen entstanden sei, erzählt von der Stille und dem Gefühl, dass sich ein Raum durch den Tod zugleich verändere und trotzdem derselbe bleibe. Ein Merkmal des Textes sei, dass Familien- und Beziehungsstrukturen unkommentiert blieben. Frieml sagt: «Beziehung ist immer auch das, was sie nicht ist.»

Als nächstes war der Gewinner Christian Zeier an der Reihe. Lara erzählt von aktuellen Themen wie Flucht und Migration und ist bei einem Besuch auf Lesbos entstanden. Zeier möchte damit gegen die mediale Abstraktion von Migration ankämpfen und durch die Erzählperspektive eines Kindes die unterschiedliche Betroffenheit der Menschen aufzeigen. Er äusserte den Wunsch einer «globalisierten Empathie».

Den Schluss machte Jasmine Keller mit ihrem Text gehörnt. Zweifelsfrei der skurrilste Beitrag, in dem ein schwarzer Kriegsfotograf von einer gehörnten Frau in den Gotthard-Bunker geführt wird. Anlass zu diesem Text boten u.a. kursierende Verschwörungstheorien um die Eröffnungsfeier der zweiten Röhre. Man merkt schnell: Es handelt sich auch hier um einen sehr politischen Text, geschrieben von einer «linken widerständigen» Frau, welche die nicht-weisse Geschichte der Schweiz thematisiert.

Das Ende dieser Veranstaltung gestaltete sich so wechselhaft wie ihr Inhalt und wurde mit zwei jubelnden Zuschauern – einer davon Kellers Lebensgefährte – und einigen Buhrufen beschlossen.

Quallentherapie und Pornos gegen Schlaflosigkeit

Sibylle Aeberli hat ein Problem. Sie leidet an Schlaflosigkeit. Schon seit einer gefühlten Ewigkeit hat sie nicht mehr richtig gut geschlafen. Genügend Schlaf zu bekommen wäre allerdings genau in dieser Nacht von Vorteil. Denn am nächsten Morgen muss Aeberli ein wichtiges Konzept für ein Musical vorstellen. In Zeiten von #meToo soll das Musical Abhängigkeit und Missbrauch im Kunstmilieu kritisch verhandeln. Das Konzept bereitet ihr Kopfzerbrechen. Tausend Gedanken gehen ihr durch den Kopf und halten sie die ganze Nacht wach.

Auch Stefanie Grob findet einfach keinen Schlaf. Wie schafft sie es nur, an das Erbe ihrer Grosstante zu kommen? Wie kommt die alte Dame überhaupt auf die blöde Idee, Geld an Blindenhunde zu spenden? Das sei doch absolut unsinnig. Sowieso: Diese armen Hunde dürfen ihr Hundeleben doch gar nicht richtig geniessen. Es wäre doch eigentlich endlich einmal Zeit, Tesla-Blindenhunde zu erfinden.

Aeberli und Grob lassen das Publikum am Samstagabend an ihrer wirren Gedankenwelt teilhaben. Es sind Gedanken, welche ohne Zusammenhang, sprunghaft und unerbittlich ehrlich sind. In einem Ausschnitt aus ihrem Programm „Schlaflos – Ich wach mich kaputt“ zeigen Sibylle Aeberli und Stefanie Grob eine Mischung aus Literatur, Kabarett, Schauspiel und Musik. „Es freut uns, dass ihr die ganze Nacht mit uns verbringt“, verkünden sie zu Beginn schelmisch. Sie würden es übrigens nicht persönlich nehmen, wenn die eine oder andere Person aus dem Publikum einschläft oder gar zu nachtwandeln beginnt. Das Publikum sei sowieso ein schönes „Wachfigurenkabinett“, sind sie sich mit einem Blick in die Runde einig. Schöne „Nachtschattengewächse“.

Aeberli und Grob entführen die Zuschauer*innen sowohl in eine Welt des Halbschlafs als auch des absoluten Wachzustandes, der einen nicht einschlafen lässt. Wenn die beiden mit weissen Nachthemden über die Bühne hüpfen oder als Quallen verkleidet eine „Quallentherapie“ durchführen, welche zu mehr Entspannung führen soll, können sich manche Personen nicht mehr halten vor lachen. Der Gedankenfluss zieht einen in einen Sog, aus dem es kein Entrinnen mehr gibt. Nur: Wie gelingt das Einschlafen?

Youtube-Videos helfen womöglich. Oder vielleicht Pornos? Sibylle Aeberli ist sich da allerdings nicht sicher. „Die spielen doch immer so schlecht.“ Ausserdem sei doch das blaue Licht vom Laptop für das Einschlafen absolut kontraproduktiv. Und plötzlich ist da wieder der Krampf im Bein. Genau dann, wenn der Schlaf kommt.

Am Ende finden denn Aeberli und Grob beide keine einzige Minute Schlaf. Aber einen Vorteil hat die Schlaflosigkeit: Sie gibt einem die Zeit, sich unzählige Schmink-Tutorials anzuschauen. So kommt Aeberli am Ende immerhin schön geschminkt zu ihrer Konzept-Vorstellung.

Von Wahrheit und Wirklichkeit

Am Freitagabend zur «Prime Time» ist es endlich so weit: Ferdinand von Schirach, der deutsche Superstar der Literaturszene, betritt die Bühne des Landhaussaals, der bis auf den letzten Platz gefüllt ist und wird mit tosendem Applaus empfangen.

Seine ersten Worte gelten jedoch nicht seinem neuen Buch, sondern den jugendlichen Helferinnen und Helfern. Sie erfüllten Schirach mit der Hoffnung, dass die Literatur doch noch nicht verloren sei.

Mit einem kurzen humorvollen Exkurs über Ernährungsratgeber versucht Schirach, die Stimmung zu Beginn etwas aufzulockern, nur um für den Rest des Abends über scheinbar ernsthaftere Themen zu sinnieren. Dabei ist er immerzu versucht, den Draht zum Publikum nicht zu verlieren, was ihm mit der einen oder anderen Anekdote hörbar gelingt. Auch sonst scheint ihm seine Verbindung – das «heilige Band» zu seinen Leserinnen und Lesern, wie er es nennt – betont wichtig zu sein. Sowohl Menschen, die lesen, als auch solche die schreiben, seien nicht ganz eins mit der Welt.

Dass der Abend, durch den Schirach sehr professionell führt, noch durch ein Gespräch hätte angereichert werden sollen, gerät im Angesicht von Schirachs persönlicher Inszenierung weitgehend in den Hintergrund. Da nützt es auch nichts, dass sein Gesprächspartner Philipp Theisohn auf seine gekonnt professionelle und charmante Art versuchte, Schirach ein paar originellere Antworten zu entlocken. Es blieb trotz aller Mühen beim Versuch.

Ferdinand von Schirach, der in den vergangen Jahren mit seiner Trilogie über Verbrechen und die Justiz grosse Erfolge feierte, ist in Solothurn, um über sein neues Buch Kaffee und Zigaretten zu sprechen. Nicht für einen Ernährungsratgeber, aber für seine persönlichen Zutaten eines erfolgreichen Schreibprozesses steht der Titel. Kaffee trinken sei in Ordnung, aber mit dem Rauchen werde es immer schwieriger. Und schon ist man mitten im Thema des Abends. Es geht um die grossen Erkenntnisfragen, um die Suche nach der Wahrheit und die Wahrnehmung der Wirklichkeit. Dass dann genau dort, wo die Schwedenkrimis spielen, am wenigsten Verbrechen verübt würden, ist nur ein Beispiel Schirachs dafür, dass die Wirklichkeit und die wahrgenommene Wahrheit zwei unterschiedliche paar Schuhe sind. Für seinen Seelenfrieden hoffen wir, es sind keine Turnschuhe oder gar «Ugly Sneakers», deren Träger, ebenso wie Jogginghosenträger, er nämlich ordentlich kritisierte. Ebenfalls zu hoffen bleibt, dass die Jungen die Literatur auch in dem Schuhwerk retten dürfen, in dem sie sich am wohlsten fühlen. Dass sein Modegeschmack – ganz im Sinne seiner eigenen These – wohl einfach seine ganz subjektiv gefärbte Perspektive auf die Wirklichkeit ist, scheint er dabei selbst zu vergessen.

Um auf die Thematik des Rauchens zurückzukommen: Sie bietet Schirach Anlass für die Diagnose einer immer eingeschränkteren Welt, überreguliert durch zahlreiche Ge- und Verbote. Und schon landen wir bei einem weiteren Lieblingsthema Schirachs, der Menschenwürde. In einer überregulierten Gesellschaft sehe er die Würde des Menschen akut gefährdet, beispielsweise wenn man «wie ein Schaf durch die leeren Abschrankungen vor der Kasse am Flughafen durchlaufen muss».

Als der Teil der Zuschauerinnen und Zuschauer, der Schirach seine modischen Verurteilungen verzeihen konnte, nach der Pause nochmals seine Plätze einnimmt, bin ich wohl nicht die Einzige, die auf den apellativen Charakter seines Vortrags unter dem harmlosen Titel Warum ich schreibe mit Überraschung reagiert. Nachdem man das Vorgetragene lange einzuordnen versucht hat, wird endlich klar, um was es geht: Auf der Bühne steht gerade ein deutscher Schriftsteller, der seinem schweizer Publikum die Idee einer Europäischen Verfassung anpreist. Dieser unerwartete Abschluss eines denkwürdigen Abends hatte nicht mehr viel mit einer klassischen Lesung zu tun und wie Ferdinand von Schirach selbst bemerkte, «wird alles radikal Neue erstmals auf geteilte Meinungen stossen».

So muss dann auch das Fazit über seine Lesung ausfallen: Es ist alles eine Frage der Perspektive. Wenn man etwas mitgenommen hat, dann wohl den Aufruf «zum Aushalten eines friedlichen Dissens».

Daniel Sangsue : une figure hantée à Soleure

C’est une douce obsession que celle de Daniel Sangsue pour les fantômes. Pour ceux qui sont drapés de papier et d’imagination, aussi bien que pour leurs cousins directs, dont l’apparition plus (ir)réelle ne va rarement sans causer quelque cri d’effroi.

Dans la voix de Daniel Sangsue, pas d’excitation fébrile. Pas plus de brasillement dans le coin de ses yeux. Le professeur émérite de l’université de Neuchâtel se dit d’ailleurs légèrement lassé par ce sujet qui le hante depuis plus de vingt ans. On peut le comprendre. Cela ne l’empêche pas de faire publier son Journal d’un amateur de fantômes, raison de notre entretien dans la fraîcheur d’un coin du Solheure Bar, et ce n’est d’ailleurs pas sans une certaine avidité qu’il notera promptement l’adresse de l’une de mes collègues, laquelle a vécu une histoire de fantômes. Daniel Sangsue reste bel et bien sur le qui-vive. « Vous prenez aussi une bière ? »

Son intérêt commence avec des recherches sur Charles Nodier. C’est lui qui a popularisé The Vampyre, une nouvelle née dans la tête de Lord Byron en 1816, lorsque celui-ci propose à ses amis coincés à la villa Diodati d’écrire chacun une histoire de fantômes – et ce sera l’occasion pour la jeune Mary Shelley d’inventer son Frankenstein. Dès lors les vampires vont se répandre un peu partout – si ce n’est dans la réalité du moins en littérature, avant d’être remplacés au cours du 19ème par la figure du fantôme : tous les écrivains du 19ème siècle ont écrit à propos de fantômes nous assure Daniel Sangsue. Son discours est minutieux, truffé de références, plaisant à écouter. C’est peut-être d’abord l’universitaire qui parle, mais il ne faudrait pas le réduire à ce statut. Daniel Sangsue s’est longtemps caché derrière Ernest Mignatte, un pseudonyme utilisé pour couvrir ses activités de romancier, avant qu’il ne mette bas les masques.

Qu’est-ce que son Journal d’un amateur de fantômes ? C’est d’abord l’envers de ses travaux de recherche : on peut y suivre ses lectures, ses réflexions et certains développements qu’il n’a pas publiés. Les différents récits de fantômes qu’il a récoltés ici et là prennent également une place importante. Et l’on suit ses déplacements, ses colloques et ses vacances, ses visites aux différents libraires, ses rencontres avec d’autres membres de ce petit monde érudit à l’habitus bien particulier. Car si les apparitions l’intéressent en tout premier lieu, ce Journal est également l’occasion pour lui de décrire une disparition : le monde change. Les libraires ferment boutiques, les étudiants lisent de moins en moins, l’université est sommée de se plier à des exigences de rendement, et la table tournante de Hugo a été vendue pour seulement quelques milliers d’euros. « Comment les morts pourraient-ils se faire entendre dans une culture qui méprise le passé et dont la communication ne sert plus à faire entendre, mais à faire acheter ? »

En somme, ce Journal est bien équilibré et l’ironie du diariste et la riche saveur des anecdotes en font un objet beaucoup moins ennuyeux qu’il ne le laissait peut-être prévoir. Mais que dit l’expert, finalement, à propos de ces apparitions ? Qu’on ne saura jamais. Ces phénomènes, explique Daniel Sangsue, nous reconduisent toujours devant deux possibilités : ou effectivement l’apparition a eu lieu, ou alors nos perceptions ont été trompées par nos propres projections.

Quoiqu’il en soit, cela ne m’étonnerait pas que quelques spectres aient profité de la foule présente à Soleure pour bénéficier d’un bain de soleil en toute tranquillité – entendez, sans hurlement angoissé.

 

Jonas Widmer

Facétieux invité transatlantique

Après la rencontre avec l’imposant Nedim Gürsel, voici l’entrevue avec Joey Goebel. Petit contexte pour ceux qui ne le connaîtraient pas : Goebel est un écrivain américain originaire du Kentucky à l’humour mordant et à la satire délicieuse. Il adore tourner en dérision certaines traditions et valeurs de son pays. Malheureusement pour nous, ses livres ne sont pas encore très connus en Suisse romande ou dans le monde francophone mais il a d’ores et déjà réussi à conquérir les cœurs des germanophones. L’entretien se termine avec son guide ? son agent ? qui l’emporte au loin pour sa lecture.

Lecture qu’il n’aurait pas fallu manquer car l’écrivain sait laisser parler son humour et son talent de performer ! Il commence par aborder son expérience de professeur dans une high school du Kentucky et évoque une mésaventure personnelle quant au sens de la fameuse proposition Netflix and chill qu’il ne cessait de répéter à ses étudiants de 15 ans; je laisse aux non-initiés aller chercher son sens et rire du quiproquo ! Grâce à cette anecdote, nous constatons à quel point son métier, et plus particulièrement ce contact permanent avec la jeunesse est central dans sa vie et ses écrits. Le modérateur continue son interview et interroge Goebel sur la politique américaine. L’Américain expose clairement son opinion et montre encore une fois l’étendue de son talent : l’imitation de Trump est particulièrement bien réussie, il ne manque plus qu’une perruque.

Ensuite, de sa voix riche et profonde, Goebel enchaîne avec un extrait d’un de ses livres. Hypnotique, sa voix berce le public qui se prend au récit. Malheureusement, la lecture se termine trop rapidement sur les applaudissements de la foule. Nous aurions bien apprécié qu’il nous lise l’entièreté de son livre. Son jeune fils a bien de la chance d’avoir un tel père qui lui fait la lecture avant le coucher…

La salle se vide, le soleil baisse, mais le flux constant des badauds venus pour la 41ème édition des Journées Littéraires de Soleure ne faiblit pas même si la journée s’achève.

 

Marie Maury

Rencontre avec Maylis de Kerangal

Après un long trajet en train et de multiples retards, je débouche enfin sur la verdoyante plaine soleuroise. Ce doux vallonnement laisse bientôt place à l’Aare qui m’entraîne vers la petite ville ensoleillée où les badauds trempent leurs pieds dans le courant, une bière à la main. Le centre est calme, la circulation réduite au minimum et les terrasses ombragées sont nombreuses. Le béton se transforme en pavé et bientôt en gravier. J’arrive au Solheure où Maylis de Kerangal se restaure. Comme la suite de ma journée le confirmera, l’écrivaine a fait un bon choix culinaire ; la nourriture y est simple mais bonne.

Maylis de Kerangal se présente avec modestie et m’accorde un entretien malgré un emploi du temps chargé : dans 40 minutes, elle doit faire sa lecture devant une salle attentive. Notre échange est bref mais très instructif, car de sa voix douce elle me parle de son livre avec conviction. Sa conception du monde se reflète dans Un monde à portée de main, roman d’apprentissage qui concerne une jeune femme peintre. Maylis de Kerangal me parle du mérite de l’expérience première, de la sensation immédiate, de ce moyen d’accès prioritaire au monde qui nous entoure et où le sens n’est pas toujours à découvrir. Souvent il se donne tel quel, simplement. C’est cet intérêt pour le concret dans nos vies qui se retrouve dans le parcours de la protagoniste, car la jeune faussaire prend les matières à pleines mains pour reconstituer des trompe-l’œil saisissants et revient ainsi aux bases de l’acte créateur.

Le temps file, l’entrevue se poursuit et la terrasse ne se désemplit pas mais l’écrivaine doit partir et m’accorde une ultime question avant de s’éclipser. J’ai gardé la meilleure question pour la fin : pourquoi ce style d’écriture si particulier qui mélange descriptions et dialogues ? À sa base, une volonté de décloisonner l’oral de l’écrit, de les traiter comme un seul écosystème ; refus de la mise en scène artificielle d’une oralité qui n’existe pas dans notre vie, car l’interaction constante entre description et oral contribue à donner une signification aux scènes et aux personnages.

 

Marie Maury

Si pitié de nous pauvres avez

Ce soir, le Chaux-de-Fonnier Thomas Sandoz a reçu, à Soleure, un prix décerné par la Commission intercantonale de littérature des cantons de Berne et du Jura pour son roman La balade des perdus qui, sans aucun rapport avec la célèbre Ballade des pendus de François Villon, se déroule dans les Alpes.

On y suit Luc et trois autres adolescents aux handicaps divers, conduits par l’éducatrice Julia à travers un road trip cahoteux dans l’adversité. Sixième protagoniste protéiforme, l’altérité est représentée par les diverses personnes rencontrées par les vadrouilleurs, après l’endommagement de leur minibus, durant une rentrée d’excursion précipitée.

Sous le prétexte d’avoir oublié ses jambières orthopédiques, Luc, qui a provoqué depuis un forum une véritable crise politique, oblige cette équipée inhabituelle à rechercher le soutien des autres pour retrouver le chemin de l’institution où sa mère l’a abandonné, ainsi que des preuves qui le lient à cette crise.

On peut être touché par la réticence, voire l’hostilité des gens sollicités par Julia pour leurs venir en aide ; mais, devant les situations occasionnées par ces rencontres incongrues, ces gens font ce qu’ils peuvent. Difficile en effet de gérer les réactions aussi imprévisibles qu’embarrassantes des adolescents. Julia elle-même, face au merdier de sa propre vie, selon les termes de Thomas Sandoz, éprouve de grandes difficultés à supporter ses protégés.

Sous le regard aiguisé de Luc, dont l’esprit tient bien mieux que les jambes, on rit aux frasques de Goon – qui ne retire pas son casque audio pour donner des coups – ou de Bierrot – enfant satyre et collectionneur de cailloux ; on souffre avec Pauline qui, atteinte d’une maladie dégénérative et écrasée par ce qui se passe, est consciente de la finitude de son existence, prisonnière d’un corps qui ne répond plus.

Traverser ce roman où un invalide voit partout des incitations au dépassement de soi soulève nombre de questions qui débordent le roman et auxquelles l’auteur a très aimablement accepté de répondre.

Partout, des discours de solidarité mystificateurs se heurtent au culte généralisé de la performance. Il faut être le meilleur, gagner – et donc défaire l’autre ; la compétition prend le pas sur son objet. Découlent de ces discours délétères et de ces injonctions tacites à la réussite des leitmotivs culpabilisants qui stipulent qu’il suffit de croire en ses rêves pour les réaliser.

Dans ce contexte, où le vent charrie-t-il les déclassés de nos sociétés ? Il les bloque chez eux, répond simplement Thomas Sandoz. C’est enfermés dans des schémas négatifs causés par cet état de fait que de jeunes êtres, pourtant valides, courent au gâchis.

Admirer ceux qui font tout ce qu’ils peuvent plutôt que ceux qui font tout ce qu’ils veulent, préférer une forme saine de solidarité à l’individualisme jusqu’au-boutiste, voilà un espoir qui ressort d’un entretien avec un frère humain rencontré à Soleure.

 

Baptiste Colombara