Récits teintés d’absurdes et soleil de plomb

« Nein ! », répond sarcastiquement Michael Fehr lorsqu’on lui demande s’il a un livre préféré. Rire général puis silence du vaste public venu prendre place sur les rangs de l’escalier Saint-Ours, Fehr lance sa première histoire. Les deux fontaines aux abords de l’estrade constituent la toile de fond. Un écouteur à l’oreille, il joue ses textes avec vivacité, l’articulation est méticuleuse, ce qui, en tant que francophone, me facilite la compréhension.

Les performances de Michael Fehr invitent à réfléchir quant à la notion de « texte ». Ses problèmes de vue l’ont contraint à innover, Michael crée ses textes au dictaphone, et ce sont probablement ces mêmes textes que l’oreillette lui chuchote cet après-midi. C’est tout d’abord en ce sens qu’il faut parler de performance plus que de lecture.

« Das ist so eine Geschichte », ainsi conclut-il sa première histoire sous les rires de l’assistance. La seconde histoire est elle aussi pleine d’humour. On y parle de recette de soupe à l’herbe, celle des pâturages. C’est simple et on en trouve partout. Par contre, attention de ne pas oublier le fromage. Ne surtout pas oublier le fromage, car sinon, ce n’est juste pas bon et les gens font de drôles de grimaces.

La troisième histoire, aussi courte que les autres (l’intervention dure quinze minutes) is in english. Le titre en est Blues predator, ce qui me rappelle que Michael Fehr est également musicien. Et ça ne manque pas, voilà que son histoire tourne en un chant blues a capella. La performance se conclut sur les claquements de mains rythmiques des spectateurs.

Conversation dérobée avec le poète Pierre-André Milhit

On sait que tu es un adepte des contraintes poétiques et pour ce recueil, Législation dérobade, on a tout à fait compris que tu t’es amusé avec les structures de loi, est-ce que tu peux nous parler un peu de cette structure ?

Alors la genèse, c’était écrire une loi avec un peu la systématique des lois, mais avec mon appréciation poétique. Dans l’écriture d’une loi il y a une logique, il y a des préambules, des machins, des trucs etc., jusqu’aux derniers articles qui sont transitoires parce qu’il faut modifier la loi. Donc il y a une certaine logique et je voulais essayer d’avoir cette logique-là.

Et puis à cela est venue assez naturellement s’ajouter, parce que c’est quelque chose dont j’avais envie depuis très longtemps, justement cette structure de texte que j’avais lue chez Aragon et chez Léo Ferré, où il y a un premier texte, puis après chaque phrase devient la première phrase des textes suivants. Et en cours d’écriture après –  il y a sauf erreur 14 tableaux – je me suis dit qu’il fallait utiliser aussi la dernière phrase pour qu’elle devienne la conclusion, d’ailleurs c’est la seule partie intitulée « B », les autres c’est « A ».

Et puis en écrivant j’ai eu la vision de la tour de Babel, c’est-à-dire le premier texte c’est le socle, et puis après chaque phrase donne un truc comme ça. Le dernier texte, les phrases n’ont pas de sens l’une avec l’autre, c’est là où je dis que c’est une photographie vue du dessus, et on voit tout ce qui n’est pas terminé, tout ce qui n’est pas… voilà…, le dernier texte B si tu le lis comme ça sans tout le reste, ouais c’est de la poésie brute des surréalistes (rires), voilà. Donc la construction elle est venue en cours d’écriture, mais l’idée de cette contrainte, c’est quelque chose qui m’intéressait au niveau de la construction poétique.

Est-ce que tu avais écrit les articles avant et tu les as intégrés au poème ou au fur et à mesure, comment ça s’est fait ?

Ça s’est fait en cours d’écriture. J’avais l’intention de faire une loi qui traite du pouvoir, donc les premiers articles c’est « qui est le chef », puis on doit s’agenouiller devant le chef, puis après ça dérape un peu parce que le chef va être mangé par l’amante de la fille du chef. Et puis après, j’ai eu l’impression aussi en écrivant les textes, que la libellule et d’autres ont envie d’intervenir dans cette loi. Et puisqu’on a créé la loi et que le chef a été mangé, n’importe qui peut participer à la création de la loi.

C’est aussi un texte qui a été écrit sur plusieurs mois. Il s’est passé des choses et plus ça avançait, plus je me disais : c’est la nature qui va dicter sa loi. Et le dernier article dit en gros « il est illusoire d’interdire à la montagne de retourner à la mer ». Voilà. Donc on peut faire toutes les lois qu’on veut, la nature va décider pour nous.

D’ailleurs tu parles de la libellule moi je me suis demandé pourquoi la libellule ?

Dans la poésie de Milhit, il y a toujours plein d’animaux. Et pour moi c’est évident que les animaux pensent et font des choses, comme nous, comme l’être humain, et à la limite les arbres aussi, tout le monde participe à avoir une intention.

Et la libellule c’est un très très bel animal, c’est très très beau, c’est un insecte qui me fascine depuis longtemps parce qu’il y en a tout un tas de très différentes, et il y a des choses avec le corps qui est turquoise, il y en a des rouges, il y en a des vertes, mais il y en a des petites turquoises et quand elles s’accouplent ça fait un cœur, accrochées à un roseau… Et à part ça, la libellule vit trois quatre ans comme larve au fond de l’eau, elle bouffe plein de saloperies et puis quand elle sort de l’eau elle vit, je sais pas, un été ou quelques semaineset en plus c’est très utile parce que ça bouffe plein de moustiques.

J’ai l’impression qu’en fait Législation dérobade c’est un cri de désabusement, enfin en tout cas j’ai senti beaucoup de rancœur, d’amertume, d’ironie ou de cynisme, et je me demandais s’il y avait encore de l’espoir et, si oui, de l’espoir en quoi ?

Il y a pour moi l’idée de l’âge, mon âge, je suis plutôt vers la fin, mais je suis dans l’état de la libellule, je suis juste dans le dernier moment où je peux voler (rires). La situation de la planète, la situation de la personne humaine qui est broyée par toute l’économie, par des lois qui disent que c’est interdit que…, qu’il faut que…, etc., donc l’avenir n’est pas très reluisant. Et puis en même temps c’est là depuis toujours, l’humain sur terre, c’est un petit bout, et c’est chaque fois des accidents, des catastrophes, des trucs comme ça qui font qu’on peut évoluer ou pas. Les survivants vont devoir s’adapter.

Alors c’est vrai que c’est un peu cynique. J’aime bien le mot « cynisme » plutôt que « désespéré », parce que finalement c’est pas moi qui vais décider ce qui est de l’espoir, ce sont les évènements, la vie qui va s’adapter ou pas. Les espèces qui disparaissent c’est une grosse perte, peut-être que ça va mettre en péril la personne humaine, mais il y aura toujours une vie, je crois que le soleil a encore 4 milliards d’années comme ça et puis après ça va s’éteindre donc voilà, mais je suis pas sûr d’être là ce jour-là parce que j’ai piscine (rires).

Donc, mon appréciation d’une situation un peu catastrophique finalement elle est pas importante. Je la dis parce que je la vis comme ça. Ce qui revient à comment ça a été écrit. J’ai commencé à écrire avec cette intention d’écrire une loi, et puis forcément cette loi s’inscrit dans la nature parce que je vis avec, je suis pas un citadin, je suis pas un bucolique, mais tout ce qui est dans la nature ça m’inspire, c’est l’image de ce qu’on vit nous. Et puis, j’ai commencé à écrire ce texte et après m’est tombé dessus un autre projet d’écriture qui était plus urgent, c’est Lettres aux gisants et pendant une année et demie j’ai écrit Lettres aux gisants et j’ai repris Législation dérobade, et puis après il y a eu, entre autres, cette pandémie qui est arrivée, donc on sent dans les textes vers la fin qu’il y a des interdictions, il y a des obligations, des trucs comme ça.

Est-ce qu’on peut déceler dans ton recueil une vision un peu absurde de l’existence, cette idée que rien n’a de sens ?

Un petit peu car la littérature, et notamment le théâtre de l’absurde, ça m’intéresse beaucoup, le langage est complètement en décalage. Donc il y a ce côté-là, et puis il y a le côté de « ce que je pense moi et ce que je dis moi, ça n’a pas beaucoup d’importance : je dis parce que j’ai envie de dire, j’écris parce que j’ai envie d’écrire. Je propose quelque chose, chacun prend ce qu’il veut ! ». Je n’ai pas d’explication à donner car je déteste les gens qui m’expliquent… J’ai à dire ce que je vois et puis si ça te parle tant mieux, et si ça te parle pas tu me diras comment tu vois le monde.

Mais il n’y a pas du désespoir, ça ne dit pas que c’est foutu ; autrement j’arrête d’écrire. Mais c’est que la situation n’est pas terrible et que je fais confiance à l’humain de manière général, à l’élan humain, pour sortir d’une situation de catastrophe.

Et as-tu déjà en tête l’idée de ton prochain recueil ?

C’est compliqué, parce que j’ai toujours plein de projets et, depuis hier que je suis à Soleure, j’ai déjà eu trois nouveaux projets d’écriture, donc il y a une sorte d’émulation ! (rires). J’ai plein de projets, mais après quand il faut les mettre en application c’est plus compliqué, alors certains projets ne restent même pas dans les tiroirs, ils disparaissent… Et puis la vie évolue, ce qui devient urgent et essentiel maintenant le sera peut-être moins dans une semaine. Alors il faut faire des choix et il y a quelque chose d’important pour moi et qui me prend la tête quand j’y réfléchis : j’ai l’âge que j’ai, à quel moment la cervelle va s’effriter, à quel moment je ne serai plus capable de faire une phrase ? Il faut que j’écrive maintenant.

D’un autre côté, je me pose la question : quelle légitimité j’ai d’aller bousiller des forêts pour faire du papier pour publier des poèmes ? Et en même temps j’ai envie (je ne dirai pas que c’est un besoin mais ça fait partie de mon ADN, de mon identité) d’écrire donc tant que c’est possible, je veux écrire ! Actuellement, je travaille sur deux projets d’écriture : il y en a un pour lequel je viens de trouver la première piste et je suis très content ! Ça va me demander six mois d’écriture.  

Puisque je travaille sur des concepts, quand je commence mon projet, je sais qu’il est carré avec le début, la fin et la structure : ensuite je peux laisser aller ce qui vient. Mais je sais que la difficulté, en écrivant de la poésie, c’est que ça parte dans tous les sens. Donc je me suis dit à un moment donné qu’il fallait que je fasse un concept et une structure pour qu’ensuite ça me permette d’aller où je veux et de faire ainsi des choses concrètes qui ont abouti à un livre.

Donc c’est important pour toi d’avoir toujours une contrainte pour écrire ?

Oui, mais ça fait partie de moi. Ça s’inscrit un peu naturellement pour pouvoir me cadrer sinon je pourrais partir dans tous les sens. En plus, pour l’écriture, c’est intéressant car tu peux aller explorer le plus loin possible la contrainte précise.

Libre cours à ta voix : sur quel sujet qui te tient à cœur aimerais-tu prendre la parole ?

L’écriture ça doit rester en premier lieu un jeu et un plaisir. On a des textes qui existent depuis longtemps, qui nous expliquent comment on doit vivre, il y a des textes magnifiques qui nous accompagnent, moi je n’ai pas d’ambition d’aller sauver le monde et expliquer aux gens ce qu’ils doivent faire.

Donc ça doit rester un jeu, un plaisir, mais avec du sérieux. Ça doit être construit, ça ne doit pas être de l’usurpation de dire : « moi je sais écrire, alors j’écris et vous vous consommez, merde ».

A notre tour de nous prêter à un jeu poétique : si tu étais un vers de ton recueil Législation dérobade, lequel serais-tu ?

Je pense à un passage dans le recueil où je cherche des issues pour savoir comment ça va se passer et en fait je crois beaucoup à la révolte des mots. Je suis le fils d’un paysan qui a participé aux révoltes des abricots de 1953, mon père était très actif là-dedans et j’ai été conçu à cette époque-là, alors peut-être que c’est resté (rires). Je pense que le salut de toute l’humanité va se faire par une réaction du peuple pour dire NON. Alors il y a l’article dix-neuf du recueil qui m’est tombé dessus :

les allumettes sont des armes de destructions massives
la cervelle des gens est une surface abrasive

C’est par l’imaginaire, par le cerveau et les idées des gens qu’on va pouvoir gratter l’allumette et foutre le feu !

Si vous souhaitez à votre tour rencontrer l’auteur, rendez-vous à Mase samedi 4 juin à 11h pour le vernissage de sa nouvelle publication Lettres aux gisants.

Et pour retrouver l’ensemble de ses publications :
Pierre-André Milhit – Littérature, Écrivain, Poète – Sion (culturevalais.ch)

Vom Einschläfern der Wut

Der Landhaussaal ist gut gefüllt, gespannt wartet das Publikum auf Anna-Seghers-Preisträgerin Yael Inokai. Inokai hat dieses Frühjahr ihren dritten Roman herausgebracht: «Ein simpler Eingriff». Schon zu Beginn der Lesung macht Moderatorin Nadia Brügger deutlich, dass sich Inokai in ihrem Buch teils mit unbequemen, aber sehr wichtigen Themen befasst. Die Geschichte dreht sich um die junge Krankenschwester Meret, die aus Überzeugung bei der Durchführung einer neuartigen Therapie mitwirkt. Dabei werden – vorwiegend weiblichen – Patient*innnen gewisse Teile aus dem Gehirn geschnitten, um ihre Wut für immer «einzuschläfern». Weibliche Devianz wird damit «korrigiert», die Frauen sollen nach der Operation endlich den gesellschaftlichen Erwartungen gerecht werden. Erst ihre Zimmergenossin Sarah, in die sich Meret verliebt, lässt die verdrängten Zweifel in Meret wieder laut werden.

Bei der Lesung gibt Inokai einen grosszügigen Einblick in ihren Roman: Ruhig und konzentriert liest sie längere Passagen. Leider mangelt es dabei ein bisschen an Verve: Es ist schwer zu sagen, ob das Inokais abklingender Erkältung geschuldet ist, oder der reduzierten, sterilen Sprache des Romans. Diese fängt die Klinikatmosphäre zwar ganz gut ein, wirkt im Vortrag aber etwas stumpf. Auch das Gespräch zwischen Inokai und Brügger nimmt eher schleppend Fahrt auf, obwohl viele interessante Fragen im Raum stehen. Inokai erzählt von ihrer Faszination für den Mikrokosmos Klinik, der «die Hierarchien und Machtverhältnisse, die es im Grossen gibt, eindampft». Ein weiteres Thema sind die fehlenden Raum- und Zeitmarker; Inokai behält sich damit Deutungsraum offen und zeigt, dass zum Beispiel viele «feministische Errungenschaften nicht in Stein gemeisselt sind und sich jederzeit wieder ändern könnten.» Auch die Vielschichtigkeit des antiquierten Begriffs «Krankenschwester» wird diskutiert: Er beinhaltet für Brügger und Inokai ein gewisses Bild der Pflege und bringt auch noch andere Aspekte von Schwesternschaft mit ein.

Meret und Sarah sind aber nicht nur selbstaufopfernde Krankenschwestern, sondern zugleich auch Mittäterinnen. Inokai betont, dass es sie besonders reizt, von Menschen zu erzählen, «die gerade noch die Kurve kriegen». Dieses Stichwort bringt Brügger zum Thema des Widerstands; sie wirft die Frage auf, ob Meret und Sarah die Klinik nicht von innen heraus verändern. Inokai reagiert zögerlich. Sie hebt die Macht der Institutionen hervor und bezweifelt die Kraft und Mittel ihrer Protagonistinnen. Brügger scheint mehr an den Text heranzutragen und seinen Figuren zuzutrauen als die Autorin selbst. Als Brügger Inokai zuletzt fragt, ob sie selbst denn gegen etwas anschreibe, antwortet Inokai, dass sie wohl eher für etwas schreibe. Wofür Inokai aber schreibt, verrät sie nicht. Das gilt es in ihrem Buch selbst zu entdecken.

Liegelandschaften im Resonanzraum

Schon von draussen höre ich die Erzählstimme, die von einer Biene berichtet. Ich betrete das Künstlerhaus S11 und werde empfangen von Michael Fehrs Text Der hundertjährige Holzboden. Gross hängt er an der Wand und erklingt gleichzeitig aus den Lautsprechern.

Etage um Etage erklimme ich die knarrende Holztreppe, vorbei am ausgestellten Bett mit den grauen Laken. Oben erwartet mich das Podiumsgespräch Im gutmütigen hellgrauen Bett. Es gehört zum Resonanzraum, ist selbst ein Resonanzraum. Wie Moderator Livio Beyeler, Theaterregisseur und Konzeptkünstler, gleich zu Beginn verspricht, dient Fehrs Text auch in diesem Gespräch als Ausgangspunkt. Zusammen mit der Innenarchitektin Jacqueline Rondelli und Meret Ernst, Dozentin für Designgeschichte und Designtheorie an der Fachhochschule Nordwestschweiz, folgt er dem Text entlang der Verbindungslinien von Architektur und Design bis in unsere Schlafzimmer.

Innen und aussen

Leitmotive sind dabei das Bett und der titelgebende hundertjährige Holzboden. Rondelli und Ernst sprechen über die Rolle des Betts als Schutzraum und Zufluchtsort. Sie reflektieren den Luxus der Intimität, die ein eigenes Bett in einem eigenen Zimmer bietet. Demgegenüber hinterfragen sie aber auch den vermeintlichen Schutz unserer Betten. Rondelli weist dabei auf die Formulierung in Fehrs Text hin, der das Bett als «verhältnismässig ungefährlich» beschreibt. Trocken meint sie, dass auch schon Menschen im Bett umgebracht wurden.

Der Holzboden kommt in der Diskussion weniger konkret zur Sprache. Vielmehr wird er im Verhältnis zum Bett im übertragenen Sinn als bedrohliche Aussenwelt thematisiert und mit verschiedenen Entwicklungen unserer heutigen Zeit in Verbindung gebracht. Ernst spricht von der Krise und meint damit die Covid-19 Pandemie. Die Erzählungen der Podiumsgäste, aber auch Fragen aus dem Publikum, zeigen deutlich, dass in den letzten Jahren die Grenze zwischen innen und aussen, privat und öffentlich verschwommen ist. Das stellt viele auch bei der Raumgestaltung in den eigenen vier Wänden vor Herausforderungen. Ernst betont, dass es in so einem Fall hilfreich ist, die Krise als solche zu benennen und die Grenzen der Gestaltungsmöglichkeiten anzuerkennen. Als Tipp hält das Podium fest, statt auf die Raumgestaltung, auf das Zeitmanagement zu fokussieren.

Gleichgewicht als Ziel

Im Zusammenhang mit der Zeiteinteilung streift das Gespräch Themen wie neue Arbeitsformen, Gestaltung von Arbeitsplätzen und Firmengebäuden (Stichwort Campus), aber auch den Umgang mit elektronischen Geräten. Rondelli appelliert ans Publikum, wir sollen alle unsere Handys, TVs und Laptops aus dem Schlafzimmer verbannen. Auch sonst bringt Rondelli immer wieder hilfreiche Einrichtungstipps in die Diskussion ein. Ich weiss, dass ich nie wieder in einem Bett mit der Fusskante richtung Zimmertür liegen werde, ohne Rondellis Stimme zu hören: «Meh sett ned chöne d Tür uftue und di gspreizte Bei gseh.»

Bei anderen Zuhörer:innen scheint jedoch ein anderer Tipp stärker hängengeblieben zu sein. So dreht sich die Fragerunde am Ende insbesondere um die Farbenlehre: von sehr persönlichen Einblicken in die farbliche Gestaltung von Rondellis Schlafzimmer über Diskussionen rund um die Verwendung von Rot in Zimmern von Prostituierten bis hin zur Grundsatzfrage, ob Schwarz eine Farbe sei. Nach dieser angeregten Diskussion steige ich die knirschende Holztreppe wieder hinab und verlasse den Resonanzraum mit vielen neuen Ideen. Was ich mir zu Herzen nehmen werde, ist Beyelers Vorschlag: Einfach mal länger im gutmütigen hellgrauen Bett bleiben und «en Gang abefahre».

Engagé, humaniste et optimiste lucide: Blaise Ndala

Blaise Ndala se trouve à Soleure pour présenter son dernier livre, Dans le ventre du Congo, paru au Seuil en 2021. Après une discussion et une lecture publique rythmée, interpellante et très intéressante, il nous livre dans une interview ses pensées autour de l’histoire de Tshala, princesse bakuba exhibée dans le zoo humain de Bruxelles en 1958, et Nyota, sa nièce en quête de vérité. Extraits.

Comment est-ce que vous avez trouvé le bon angle pour construire ce roman, principalement avec les personnages de Nyota et de Tshala ?

Au départ, ce que je voulais, c’était trouver un personnage central, idéalement féminin, qui soit au cœur du dernier zoo humain belge du 20e siècle, celui de 1958. J’ai donc créé le personnage de la princesse Tshala, qui est la tante de Nyota, qui à l’époque coloniale suit le parcours qu’on connaît, se sauve de la capitale du royaume dans le Kasaï, vient à Léopoldville dans des conditions assez difficiles et qui finit par un jeu qu’on attribue à l’ami de son amant, Mark de Groof, dans ce zoo. À partir de là, j’avais l’idée de faire rechercher ses traces par un autre personnage […] ; avoir un deuxième personnage qui viendrait rechercher les traces de celle qui était disparue c’était une manière un peu de m’imaginer la quête ou la recherche, l’exhumation de ce passé que je n’avais pas réussi à réaliser depuis le Congo, tout ça m’a sauté à la figure grâce aux découvertes que j’ai faites en arrivant en Belgique.

Est-ce que c’était important que les deux personnages principaux soient des femmes ?

C’était important que ce soit des femmes, parce que je m’étais rendu compte, comme beaucoup d’ailleurs, que dans l’histoire du Congo, qu’elle soit ancienne ou moderne, dans la manière dont elle est narrée, dans la manière dont elle est écrite, les femmes ont très peu de place. Je prendrai l’exemple de ceux que l’on célèbre comme étant « les pères de l’indépendance du Congo » : on ne parle pas des mères de l’indépendance du Congo, et c’est la même expression pour toute l’Afrique. Et Dieu sait que depuis l’histoire ancienne, la lutte pour l’émancipation congolaise est souvent passée par les femmes de pouvoir, de caractère, qui avaient du charisme, du leadership, qui étaient des personnalités marquantes [Blaise Ndala cite alors Kimpa Vita, Maman Muilu ou Pauline Opago] . Et là je ne parle même pas de toutes les reines, de toutes les impératrices, de toutes les grandes cheffes qui ont été à la tête de beaucoup de monarchies du Congo ancien. Alors une manière, à très modeste échelle, pour moi, de leur rendre hommage, était de montrer qu’aujourd’hui encore dans la lutte que les Congolais mènent sur différents plans, y compris pour une vraie démocratie, […] dans les mouvements qui revendiquent qu’on revisite l’histoire coloniale du Congo, pour demander des comptes sur la période coloniale, quand on regarde les visages, ce sont souvent des visages féminins. Mettre des femmes au cœur de ce roman était donc une manière de rendre un hommage littéraire à toutes ces femmes connues et méconnues qui méritent qu’on se souvienne d’elles, parce que l’histoire s’est faite aussi avec elles et grâce à elles.

Vous disiez que vous ne vouliez pas juger ces différentes formes de pouvoir. Mais lorsqu’on parle du colonialisme dans une œuvre littéraire, comment faire pour ne pas tomber dans le piège du jugement du passé ?

Je pense que le roman, qui pour moi est le lieu de la rencontre, de la complexité, le lieu de la nuance, rend possible ce genre de distance, parce que s’agissant du projet colonial et des horreurs qu’il a générées, y a-t-il lieu d’en rajouter ? Je ne pense pas. Quand on aborde un roman comme celui-là, pour mettre en avant des faits comme ceux-là, je crois que les faits sont suffisamment diseurs, clairs, accablants pour qu’avec un tant soit peu de bonne foi on ne veuille pas en rajouter. […] Si je rends la rencontre possible avec le lecteur dans ce que j’appelle la pacification de la mémoire, pour qu’on fasse une rétrospective, un inventaire de ce qui a été fait, de ce qui a été dit, alors je n’ai pas besoin d’être dans la vindicte. J’ai besoin d’être dans la vérité historique pour que chacun en tire les leçons qu’il peut en tirer. J’ai besoin de montrer en quoi ce passé-là douloureux, avec ce qu’il a charrié, continue à influencer notre vie, à modeler notre pensée et à expliquer certaines politiques qui sont menées et certains comportements que nous observons aujourd’hui. Et si j’amène cela à ce moment-là, le projet est que nous puissions nous rencontrer avec mes lecteurs. Et comme je suis un humaniste à la base, je ne suis pas dans un règlement de compte. Mais cela étant dit, je ne suis pas non plus dans la complaisance, je n’édulcore rien, je montre simplement les faits tels qu’ils sont, hideux – leur mocheté. Mais je crois en l’intelligence de mon lecteur et de ma lectrice en disant : […] que chacun à sa manière puisse contribuer aux solutions collectives, dont personne individuellement n’a le secret, encore moins moi.

Vous diriez que c’est aussi un livre de transmission de la mémoire ?

C’est surtout un livre de transmission de mémoire. On le voit à travers deux personnages : à travers Nyota, qui vient recueillir à la tombe de sa défunte tante l’histoire qu’elle ne connaît pas, l’histoire aussi bien de sa monarchie, qu’elle n’a pas apprise à l’école, car on ne transmet pas ça à l’école, ça ne se transmet pas, aussi bien dans sa famille, ce que ses parents ne lui ont peut-être pas dit, que le pays n’a pas dit sur ces expositions. Donc sa tante restitue cette histoire-là pour qu’elle se l’approprie, un peu comme moi-même encore une fois, j’ai dû apprendre en arrivant en Belgique. Et puis il y a le personnage de Francis Dumont qui est professeur à l’ULB, qui a grandi en Belgique mais n’est pas de la génération de ceux qui ont fait l’expo, qui ont organisé le zoo humain, mais cette histoire lui appartient, il est dedans. […] Donc des deux côtés on voit que ce sont des romans de la retransmission, aussi bien au plan individuel – Tshala, Nyota et le roi des bakubas – que familial avec Robert Dumont, avec qui il y a eu cette rupture qui n’a pas rendu possible la retransmission de l’histoire au-delà de la famille. Pour toutes ces raisons-là, ça reste un roman de la transmission.

Vous vous considérez donc plus comme un auteur monde, international, plutôt que comme un auteur congolais ou africain ?

J’y ai justement consacré un article qui est sorti dans une revue québécoise il y a quelques jours. Je jette une sorte de suspicion sur cette question-là : cette manière de poser l’écrivain africain ou l’écrivain du monde pour moi relève d’un piège un peu sournois, parce que je suis les deux en fait. Mais je suis les deux comme exactement n’importe quel autre écrivain. L’écrivain suisse est d’abord un écrivain suisse, car il grandit d’abord avec les outils, le regard que sa terre, le milieu qui lui a appris à décrypter le monde. […] Donc dans ce sens-là, je suis effectivement un auteur africain. Mais je ne suis pas qu’un auteur africain, car l’autre particularité que j’ai est que j’habite au Canada, donc à ce que l’Afrique m’a apporté pour comprendre le monde s’est ajouté tout le bagage que j’ai reçu du fait de vivre au Canada depuis quinze ans et d’être passé par la Belgique. Un roman comme celui-ci porte d’une manière ou d’une autre différents regards, différents bagages cristallisés dans une identité fluide, composite, qui est la somme des expériences d’univers, de bagage culturel, de lieux où j’ai vécu – tout cela m’a tissé. Alors oui, je suis l’un et l’autre, mais je ne me vois pas prétendant que je ne suis qu’un écrivain du monde, comme si on pouvait comme ça être dans une sorte de nulle part, un lieu qui serait un monde sans horizon. On est d’abord de quelque part, et de ce quelque part le regard est coloré d’une certaine manière, une manière de dire le monde. Pour certains, comme moi, on est de plusieurs lieux à la fois : ces lieux finissent par nourrir notre personne, solidifier notre identité et nous donner peut-être un regard plus riche que ce que nous serions si nous étions restés que Congolais, qu’Africain, que Belge, etc.

En conclusion de votre livre, le roi bakuba pardonne à son visiteur belge et déclare que « la mémoire n’est pas un tribunal, c’est un antidote pour le futur », que l’important est que cette mémoire soit utilisée pour construire un monde meilleur. Est-ce que vous pensez qu’on va réussir à pacifier cette mémoire et à la transmettre ?

J’espère, je suis plutôt un optimiste, mais un optimiste lucide. Je constate, et ce sont surtout les jeunes qui me donnent foi, que c’est possible. Je ne dis pas que ça se fera, mais je pense que j’ai des raisons de croire que cela est possible. Je vois notamment ce qui est arrivé peu avant la sortie de ce livre, avec le mouvement Black Lives Matter, qui a eu un élan particulier après la mort de George Floyd, j’ai vu se mobiliser dans différents pays en Occident une jeunesse multi-ethnique, des Blancs, des Noirs, des Jaunes, des types de partout, dans un même élan, demander la fin du racisme, réclamant une manière autre d’aborder notre histoire, dans sa brutalité, et d’en tirer les conséquences. Ces voix-là me donnent espoir, quand je vois certaines initiatives et certaines actions, certes timides mais qui commencent à s’imposer ; je parlais entre autres de la reconnaissance par le roi des Belges des crimes contre le Congo. Il y a vingt ans, quand j’arrivais en Belgique, si on m’avait dit qu’un roi belge dirait cela, je ne l’aurais pas cru, j’aurais rigolé. Ça ne résout pas tout, mais je pense qu’il y a une pression, une demande sociale qui vient surtout des jeunes qui est telle que oui, on commence à prendre une direction qui me donne des signes d’espoir. Mais, pour utiliser une expression que beaucoup n’aiment pas aujourd’hui, il faut rester woke, il faut rester éveillé. Ça veut dire continuer à être exigeant pour qu’on ne rebrousse pas chemin, qu’on ne remette pas sous le tapis ce qu’on y a laissé trop longtemps, parce qu’autrement le prochain réveil sera beaucoup plus difficile, ou peut-être catastrophique. Comme disait James Baldwin : la prochaine fois, le feu. Est-ce que nous allons attendre que la prochaine fois on se consume tous, ou bien nous allons continuer à tirer sur le fil que nous tenons ensemble, en disant : « plus jamais ça, c’est maintenant que nous allons réparer ces injustices, que nous allons faire face à notre histoire, en tirer les leçons possibles et bâtir ensemble un futur qui soit à la hauteur des idéaux que nous disons défendre ? »

Tier, Tod und Teufel zu Gast im Uferbau

Erst nachdem Moderator Matto Kämpf einen Harass Bier auf die Bühne getragen hatte, konnte der letzte Event am Freitagabend starten: Absolute Finsternis und das Intro von Iron Maidens «The number of The Beast» empfingen das Publikum zu später Stunde – und sofort fühlten sich alle in den 70ern Geborenen in ihre Kindheit zurückversetzt: Gisela Feuz liess Guns ‘n Roses in den improvisierten Disco-Bunkern der Jugendzentren wiederaufleben und Gion Mathias Cavelty erste heimliche Klänge von Black Sabbath auf dem Plattenspieler der erzkatholischen Eltern. Alle fanden wir früher oder später zum Heavy Metal – und verabschiedeten uns zumeist wieder von ihm. Bis er uns heute Abend wieder einholte: Wenn Cavelty mit den Brüdern Petz und Kusi Lugenbühl an Drums und Gitarre zu Judas Priest röhrte oder die rasenden Riffs der legendären Slayer durch den Saal mähten, wiegte manch einer wehmütig den Kopf mit dem schütter gewordenen Haar oder reckte leicht verschämt die gehörnte Hand in die Luft. Weils doch damals so schrecklich schön war.

Aber die vier Gäste brachten nicht nur Musik, Erinnerungen und Hörschäden mit, sondern auch mehr oder weniger poetische Texte aus Metal-Liedern. Dabei überzeugten Feuz’ berndeutsche Version des Iron Maiden-Klassikers «ds nummero vom tier», die den eindringlichen Bildern der biblischen Apokalypse eine beinahe liebevolle Note verpasste, und das absurd schräge «Nonagon» von Car Bomb, vorgetragen von Mirjam Lenz, das mit seinen geometrischen Weisheiten selbst den schlagfertigen Matto Kämpf sprachlos machte, beide durch die Intensität ihrer Metaphern. Die beiden Männer in der Runde dagegen wählten Texte, die strotzten vor Brutalität, was natürlich zum Konzept des Genres gehört, aber sowohl Cavelty als auch Roland Reichen dazu nötigte, mit viel Charme, Witz und ausführlicher Einbettung vom Textinhalt abzulenken, der sonst schwer zu ertragen gewesen wäre: Wenn Slayer in «Angel of Death» die abscheulichen Experimente des KZ-Folterarztes Mengele skizziert oder in «Abigail» von Kind Diamond ein tot geborenes Mädchen mit sieben silbernen Nägel an den Sarg genagelt wird, ist das nur mit ironischer Distanz verkraftbar. Und genau das machte die lockere Gesprächsrunde hervorragend: Gerade weil Cavelty der Runde angeblich vorgängig verboten hatte, sich über sein Lieblingsgenre lustig zu machen, blieb diese Metaebene omnipräsent, sodass auch nach blutdrünstigsten Texten der Weg ins bierselige Kino im Uferbau schnell wieder gefunden war. 

Solche Ambivalenzen wohnen der Metal-Szene seit jeher inne. Eine davon formulierte Gisela Feuz als gewagte These: Hat nicht die Präsenz der christlichen Lehre bis heute stark mit ihrer unzertrennlichen Verbundenheit mit der Metal-Szene zu tun, die antithetisch immer wieder auf sie verweist? Darüber liesse sich nachdenken. Aber erst wenn Iron Maiden, Slayer und Judas Priest verklungen sind.

«Vroeling» – eine unkonventionelle Verfremdung

Was Vroeling heisst, bleibt ungewiss. Ist es Frühling? Schon der Titel des neuen Buches von Dieter Zwicky macht den Leser neugierig. Nicht nur die Neugier ist da, sondern auch die Überraschung, die von einem Wort zum nächsten geboren und wiedergeboren wird.

Es handelt sich um «eine wunderbare Biographie der Mutter», wie Moderator Lukas Gloor sagt – doch ist sie nicht nur das. Seiner Mutter will Zwicky Fremdheit schenken, indem er sie sich auf eine Weise vorstellt, die überhaupt nicht zu ihr gehört. Zwicky begleitet seine Mutter durch eine fiktive emotionale und gewisserweise auch erotische Welt. Er legt ihr Worte und Reden in den Mund, die sie niemals sagen würde. Auch die Stadt, in der die Geschichte spielt, Zabriskies, ist ein irrealer, inexistenter Ort. Der Name wurde von einem Thema inspiriert, auf das Zwicky eher zufällig gestossen war, und hat zwar nichts mit Polen zu tun, könnte vom Klang her allerdings polnischer Herkunft sein.

Zwicky liest – das ist eines seiner Markenzeichen – mit gesteigerter Theatralität, was im Publikum für einige Lacher sorgt, insbesondere an bei Stellen, an denen die Beschreibungen so detailliert wie seltsam werden. In wilden Assoziationen verknüpft Zwicky ein neugeborenes Kind und ein Labrador-Welpen, einen berühmten Marathonläufer aus Melbourne namens Mlido – inspiriert von der legendären Figur des Diego Armando Maradona – mit einem schlanken, grossen, doch unschönen Wesen; eine ehrgeizige Tante mit einem Salamander und eine hübsche junge Frau mit einer Nagelfeile. Offen gesteht er: «Ich bringe furchtbare Dinge zusammen.»

Das Ganze sorgt sowohl für Belustigung als auch für leichte Verwirrung. Selbst nachdem alle Fragen beantwortet wurden, bleiben einige Zweifel stehen. Zwickys Text reiht kurze Sätze einander, Zeugnisse eines spontanen Sprachdenkens, das in der Lage ist, sich Wörter vorzustellen, die einander ähnlich sind, die an Klänge und Farben erinnern und doch völlig unerwartet nebeneinander zu stehen kommen. Dennoch mangelt es nicht der Reflexion. Bei der Konstruktion seiner Geschichte geht Zwicky Satz für Satz vor – und scherzt, dass man nichtz zwingend einen denkenden Verstand braucht, um eine Erzählung zu schaffen. Gleichwohl ordnet er seine Prosa keiner neuen experimentellen Technik zu und zieht es stattdessen vor, Vroeling einfach als ein in sich geschlossenes Buch zu betrachten. Zwicky glaubt nicht daran, dass das Schreiben ohne Grenzen ist. Im Gegenteil: er setzt sich selbst Grenzen, und konzentriert sich in seinem Schreiben, kurz gesagt, auf die Unregelmässigkeit und Unvorhergesehenheit der Ereignisse, Gefühle und Gedanken.

Eine müde Revolution

Das Anliegen hätte definitiv seine Relevanz gehabt. So wollten vier Historiker und Autoren und eine Bildhauerin fünf Persönlichkeiten der Schweizer Geschichte beleuchten und dabei zeigen, wie diese zu einer liberaleren, weltoffeneren Schweiz beigetragen und ihre heutige Existenz mitgeformt hatten. Doch erwischten sie einen denkbar schlechten Zeitpunkt, um dieses Anliegen dem Publikum vorzutragen – am Freitagabend war die Luft bei vielen draussen.

Aber von Anfang an: Letztes Jahr gab Stefan Howald, der ebenfalls der Moderator der Veranstaltung war, ein Buch heraus, das 44 Persönlichkeiten der Schweizer Geschichte näher betrachtete. 44 Autor:innen schrieben Porträts zu Personen, die einen wichtigen Einfluss auf eine liberale Schweiz hatten, die aber heute oft fast vergessen sind. Fünf davon wurden am Freitagabend unter dem Titel Revue einer Revolution vorgestellt, wobei alle einen Bezug zur Bundesverfassung von 1848 hatten. So erfuhr man etwas über den Maler Martin Disteli, der mit seinen Jahreskalendern politische Botschaften verteilte, oder über Ignaz Paul Vital Troxler, dessen Auseinandersetzung mit den USA massgeblich die Entwicklung des Schweizer Politsystems prägte.

Viele Leute schien all dies eher mässig zu interessieren. Vielleicht war es die Sonne, vielleicht ein erstes oder zweites Glas Wein, doch gerade in den hinteren Reihen wurde schon das ein oder andere Auge zugetan. Auch verliess eine nicht unerhebliche Menge die Veranstaltung eher früher als später, und sogar beim älteren Publikum scheint es mittlerweile salonfähig zu sein, kurz mal einen Anruf entgegenzunehmen, auch wenn man gerade an einer Lesung ist.

Ein Highlight gab es jedoch: Die Bildhauerin Bettina Eichin verzichtete in ihrem Teil auf eine nüchterne Wiedergabe dessen, was bereits im Buch steht, und lieferte stattdessen ein fulminantes Plädoyer gegen einen enthemmten Liberalismus, der sich von einem früheren Freiheitsbegriff völlig entfremdet hat. Dem entgegen stellte sie den Frieden, der für sie der Begriff sozialen Zusammenlebens ist und für den es alle Teile der Bevölkerung und daher massgeblich auch die Frauen braucht; denn «eine Revolution ist fällig, aber kein blutiger Umsturz.»

Nicht gegen, sondern für etwas schreiben

Im ziemlich vollen Landhaussaal hat Yael Inokai aus ihrem dritten Roman Ein simpler Eingriff vorgelesen. Während von aussen leise flippige Saxophonklänge in den Saal drangen, erhielt das Publikum einen ersten Eindruck der sterilen Klinik, von der der Roman handelt.

Wie bereits ihr letzter Roman Mahlstrom (2017) spielt auch ihr neuster Roman in einer Art Mikrokosmos ohne eindeutige Raum- und Zeitmarker. Ein kleiner begrenzter Raum wie ein Dorf oder eben eine Klink eignen sich besonders gut, um gesellschaftliche Strukturen und Hierarchien literarisch «im Lupenprinzip» – wie es Yael Inokai beschreibt – zu bearbeiten. Die fehlenden Raum- und Zeitmarker machen den Roman zudem anschlussfähig an diverse historische, gegenwärtige sowie kunftige Geschehnisse. So soll der Roman auch der Tatsache gerecht werden, dass «viele Dinge nicht in Stein gemeisselt sind.» In den aktuellen politischen Diskussionen um feministische Errungenschaften wie das Recht auf Abtreibung wird dies offensichtlich.

Es wäre eine andere Geschichte geworden, wenn ich anstatt von einer Krankenschwester von einer Pflegefachfrau geschrieben hätte.

Yael Inokai

Dass die Hauptprotagonistin und ihre Zimmer- und Arbeitskollegin in der Klinik als Krankenschwestern arbeiten, kann allerdings als zeitlicher Marker verstanden werden. Die Angabe, dass das Buch in der Nachkriegszeit spielt, war vor allem aus markttechnischen Gründen gefordert und erleichterte die Pressearbeit, wie Yael Inokai augenzwinkernd bemerkt. Für die Geschichte selbst ist dieser Hinweis letztlich irrelevant. Die veraltete Berufsbezeichnung der Krankenschwester hingegen vermittelt ein bestimmtes Bild der Pflegearbeit und ist gerade im Begriff Schwester anschlussfähig. Daher wäre es nicht die gleiche Geschichte, wenn anstatt Krankenschwester ein anderer Begriff wie Pflegefachfrau verwendet worden wäre.

Dass sich im kalten Setting der Klinik eine Liebesgeschichte entwickelt, hat sich im Schreiben «organisch ergeben – und hätte dann auch nie anders sein können». Besonders interessiert hat die Autorin dabei, wie die beiden Frauen aus ihrem gemeinsamen Zimmer und den unterdrückenden Strukturen der Klinik herausfinden. Starke Gefühle, gegen die mit einem operativen Eingriff in der Klinik vorgegangen wird und gegen die die Hauptprotagonistin ankämpft, sind dabei entscheidend: Das Aufbegehren der Protagonistinnen gegen diese Strukturen wird von inneren Gefühlen ausgelöst, die eine transformatorische Energie entwickeln. Dass auch Veränderungen aus dem Innern einer Institution zu einem Umdenken führen können, bezweifelt Yael Inokai jedoch – die Hauptfiguren in Ein simpler Eingriff haben wohl auch nicht die Kraft dazu.

Wie sich die Protagonistinnen am Schluss des Romans stattdessen emanzipieren, wurde als Cliffhänger stehen gelassen. Auf die Frage, ob sie gegen Autoritäten anschreibe, meinte Yael Inokai, dass sie vielmehr für etwas schreibt – wofür genau, wurde allerdings ebenfalls offen gelassen. Auch dies solle das Publikum beim Lesen des Romans selbst herausfinden.

Entepatete

«Hört ihr mich?» Ich: «Ja». Drei ältere Damen neben mir: «nein». Anaïs Meier spricht also lauter. Die Autorin sitzt auf der wohl kleinsten Bühne an den Solothurner Literaturtagen. Dafür ist die Tribüne umso imposanter. Wir befinden uns draussen auf der Treppe vor der St. Ursen-Kathedrale. Anaïs Meier liest uns aus ihrem aktuellen Buch Mit einem Fuss draussen vor.

Es geht ums draussen sein. Der Held der Geschichte, Gerhard, selbsternannter Kommissär, findet draussen im Egelsee einen abgetrennten Fuss. «Supergerhard», wie er sich selbst Mut macht, vermutet ein Verbrechen und nimmt sich der Sache an. Wenn man Anaïs Meier so zuhört, merkt man allerdings schnell, dieser Kommissar ist ein wenig gspässig. Jeden Morgen macht er die «Flamingo-Übung». Er redet mit der Ente, und versteht sich offensichtlich nicht mit ihr. Zum See steht er in einer symbiotischen Beziehung und sogar zum Universum hat er Kontakt. Er hält, als hypersensibler Mensch, alles im Gleichgewicht.

Ein esoterischer Kommissar?

Wir erfahren, dass Gerhard vielmehr ein Randständiger ist. Ausserhalb der gesellschaftlichen Norm. Draussen. Er wohnt in einer Klause, die wie aussieht wie das Haus von Rocky Docky. Googeln Sie das mal. Früher wohnten dort Süchtige und Punks. Anaïs Meier spricht mit dem ganzen Körper. Die Energie und den Enthusiasmus, mit der sie die Figur des Gerhard sprechen lässt, verleiht dem Text zusätzlichen Witz und erzeugt Sympathien. Wir lachen bei Sätzen wie «Ich muss ja in das Internet hineingehen» oder «Ich freue mich auf den Salbei». Ansonsten sind wir damit beschäftigt, unsere Köpfe vor der Sonne zu schützen. Viele tragen weisse oder beige Fischerhüte, Sonnenbrillen und manche gar kleine Sonnenschirmchen. Es sieht aus wie bei einem Federer-Tennismatch. Nachmittagssession. Gerhard hätte seine Freude.