Quelle est l’identité d’un·e écrivain·e balloté·e par les vents ?

Table ronde sur l’appropriation, l’identité et la littérature

Avec Boutheyna Bouslama, Blaise Ndala et Sasha Marianna Salzmann, modérée par Eric Facon.

La salle du Théâtre de Soleure est remplie de personnes de tous âges. Le public attend avec intérêt l’arrivée des intervenant·e·s. Le thème annoncé est riche, actuel, et on sent un désir de découvrir les paroles des autrices et de l’auteur invité·e·s. Leur entrée sur scène se fait sous les applaudissements généreux de l’audience.

Eric Facon ouvre la discussion en interrogeant chaque invité·e sur son identité. Cette question posée à des artistes si riches d’origines et de vécus occupera l’entier du temps imparti.

Cinéaste et plasticienne, Boutheyna Bouslama est l’autrice de Livres perdus, nouvelles chaussures. Née à Genève, elle vit entre cette ville du bout du Lac et Istanbul.

Le modérateur pose le décor : « Boutheyna Bouslama, tunisienne, qui habite en Turquie, mais qui se dit parfois un peu genevoise, ou un peu plus genevoise, mais pas tout à fait genevoise. Alors quoi ? »

L’autrice avoue qu’elle n’a pas de réponse. Un bref silence suit. On pèse ce qu’il signifie en douleur et en questionnement. Bouslama est consciente que le premier contact qu’on prend avec un·e artiste plasticien·ne, c’est de lire le cartel avant de regarder son œuvre d’art. On découvre d’abord son nom, sa consonance, puis son année de naissance. Ainsi, on classe l’artiste dans un certain courant artistique. Ces quelques informations sur son identité sont « des clefs essentielles de lecture de la pièce de l’art et de la lecture d’un livre ». Boutheyna Bouslama se sent dans une « zone grise ». Elle déteste qu’on la considère « citoyenne du monde ». Elle se déclare « fille d’immigrés qui sont devenus expatriés ». « Je suis devenue moi aussi immigrée ». Pour elle, il y a deux types d’identité. D’une part l’identité culturelle, idéologique, émotionnelle ; de l’autre, l’identité administrative, celle qui figure sur les passeports et les cartes d’identité. Elle se sent appartenir idéologiquement à la culture suisse romande, mais n’a pas obtenu les papiers pour rester en Suisse et s’est fait expulser du territoire en 2014. Son rapport à sa propre identité est douloureux.

Sasha Marianna Salzmann écrit en allemand, anglais et russe. Elle a des origines juives ukrainiennes, a vécu à Istanbul et est aujourd’hui établie à Berlin. Pour elle, l’identité d’une personne se décline sur plusieurs plans : les relations, en lien avec le lieu où elle vit, les restrictions auxquelles elle fait face, et les rituels qu’elle entretient. Salzmann est née en Union soviétique. Elle est de nationalité juive. Elle affirme avoir une connexion émotionnelle avec cinq langues : le russe et le yiddish, appris à la maison, l’allemand, langue du pays où elle vit actuellement, le turc, appris lors de son séjour de quatre ans à Istanbul, et l’anglais, qu’elle parle avec la majeure partie de ses amis. Elle déclare avec tristesse que personne dans sa famille ne parle ukrainien, la langue s’est perdue.

Dans ce riche parcours, elle raconte son amour particulier pour Istanbul, connectée à un grand nombre de langues, de pays, de siècles, qui se rencontrent en un même lieu, au même endroit. Son premier roman Außer sich s’inscrit dans ce contexte et dans cette ville. Quand elle pense que son roman est traduit dans dix-sept langues, elle se sent en connexion avec le monde entier à travers la langue.

Blaise Ndala, auteur de Dans le ventre du Congo, est originaire de ce pays lorsqu’il s’appelait le Zaïre. Il a étudié les droits de l’homme en Belgique, puis s’est établi au Canada.

Blaise Ndala, quand on l’interroge sur son identité, est dans l’affirmation. « Je viens de tous ces lieux ! » : le Congo, la Belgique, le Canada. On a l’impression qu’il se sent chez lui partout, qu’il prend racine dans les lieux vers lesquels sa vie le mène. Mais il apprécie particulièrement le Canada pour son ouverture et son multiculturalisme revendiqué.

Dans son enfance, il a baigné dans la francophilie de son père. Ses parents ont décidé de lui parler français à la maison, car le kikongo ou le lingala, il l’apprendrait dans la rue. Son contact avec la violence dont sont capables les Français par exemple a fortement atténué cette vision idéalisée de la culture française. Il considère que son identité d’auteur africain lui donne la mission de donner une voix à l’histoire de son continent, car celle-ci est en grande partie absente des livres. Il a mis par écrit les contes que lui racontait sa grand-mère, qui n’a elle-même jamais lu ces histoires, puisque ses livres n’ont jamais été traduits dans une langue qu’elle aurait pu comprendre. Mais il observe avec peut-être un brin de remord qu’il écrit dans la langue du colonisateur. Et il garde en lui le désir d’un jour les publier en kikongo ou en lingala.

Le public aurait aimé les entendre parler encore longtemps, mais le festival continue. Nous repartons admiratif·ve·s du courage de ceux et celles qui ont décidé de partir faire leur vie ailleurs ou qui y ont été contraint·e·s. Avec passion, chacun·e a relevé le défi de refaire sa vie ailleurs, et nous transmet cette force, avec et au-delà des mots.

Être auteur.ice aujourd’hui : un engagement multiple

Au cours d’une table ronde bilingue sur la question du rôle de l’auteur.ice dans la société, bien structurée, en présence de femmes intéressantes et engagées dans le milieu de la littérature, la modératrice Christa Baumberger propose en guise de fil rouge original et accrocheur une citation projetée à l’écran pour guider les trois intervenantes. La première, Ivna Zic est réalisatrice et autrice, la seconde, Noémi Schaub, est autrice et éditrice chez Paulette éditrice, et Nathalie Garbely est autrice et traductrice. Deux questions sous-tendent les discussions et guident les interventions : quel rôle peuvent, doivent et veulent avoir les auteur.ices ? Et comment le définir ? Pour initier les discussions, la modératrice projette une citation issue de l’hétérographe. On y parle de lieu, de voix et de lien, d’entrecroisement de lignes, de militantisme et de place publique qui permet à la voix d’être entendue. Christa Baumberger lance également les trois mots clés que sont la langue, les espaces et la collaboration. Puis, chacune des intervenantes est invitée, tour à tour, à lire un extrait de texte qu’elle a choisi pour introduire son propos. 

Pour Ivna Sic, la langue se doit d’être toujours en mouvement et interrogée, étant celle qui, par son expression, crée des étiquettes et impose des limites à la réalité. Le texte qu’elle lit retranscrit ce fonctionnement en mettant l’accent sur la nécessité de rendre visible la multiplicité des perspectives de manière simultanée et sur la question centrale du nom qui nous inscrit dans un contexte social.

Pour Noémi Schaub, c’est un lieu de rencontre que permet la langue et elle le présente à travers un extrait de la publication Quelques fleurs de Romy Colombe. K, parue dans la nouvelle collection Grattaculs chez Paulette éditrice. Cette collection, destinée à publier des écrits LGBTQIA+, veut offrir une plateforme d’expression et un safe space pour les personnes encore minorisées. 

Pour Nathalie Garbely, le lien est important puisqu’il s’agit toujours, dans l’usage de la parole, d’emprunter la langue collective et d’une ré-interrogation permanente de l’imaginaire qu’elle véhicule. À travers la lecture d’un poème personnel nommé Passer le seuil de la pudeur, elle joue sur la polysémie des mots et les significations des expressions françaises telles que la droite décomplexée ainsi que l’image de la montagne comme symbole de l’immobilisme de certaines pratiques linguistiques en Suisse. Elle interroge également la notion de pudeur dont l’usage au cours du temps a perpétué la perspective sexiste et dont l’origine sémantique latine l’oppose à la virilité. 

Au terme de ces discussions très enrichissantes, les intervenantes ont résumé leur perception du rôle de l’auteur.ice dans la société comme étant éminemment pluriel et rappellent par leurs parcours riches que l’engagement, bien que passant essentiellement par les lieux de rencontre et d’interrogation qu’ouvrent les mots, peut revêtir autant de casquettes qu’il existe d’auteur.ices.

Au cœur bestial des langues

Suivre les traces des bêtes au fil des mots, au fil des récits, au fil des poèmes. Esquisser des rencontres sauvages et nous transporter dans la jungle de la littérature. C’est l’ambition de la revue Viceversa, qui a eu l’occasion de présenter son 16ème volume (intitulé « La part sauvage / Wildewege / Per sentieri selvaggi ») à un public sagement assis dans la cérémonieuse salle des fêtes de l’hôtel-restaurant La Couronne (un lieu contrastant d’ailleurs fortement avec le thème de l’après-midi !). À cette occasion, se sont mêlées les voix de trois autrices (Rebecca Gisler, Julia Weber et Flurina Badel) et d’une traductrice (Anna Allenbach), l’ensemble orchestré par la responsable de la revue, Ruth Gantert. Une expérience pour le moins inhabituelle et surprenante : entrer en contact avec les quatre langues nationales en même temps, quelle puissance !

C’est à la lecture de deux récits et de quelques poèmes composant le volume que « La part sauvage », un intitulé pourtant bien mystérieux, a pris tout son sens. Certes, il y avait les récits et les poèmes, qui ont propulsé l’imaginaire du public dans des lieux hostiles et inexplorés. Mais il y avait surtout ces quatre langues, ces quatre identités, ces quatre cultures qui ont dansé et tourbillonné dans la salle de La Couronne. Textes lus, textes entendus, textes projetés… de quoi habiller l’espace, aussi bien physique que mental, au carrefour des vivacités. Voilées dans leurs ambiguïtés, ces langues se sont parfois révélées farouches : comment traduire le sens exact d’un terme, provenant d’une langue qui ne se laisse que peu dompter ? Pour écouter ces langues parler, il était nécessaire de se laisser bercer par leurs particularités et ne pas vouloir à tout prix y chercher du sens, lâcher ce contrôle obnubilant qui emplit notre quotidienneté.

« La part sauvage », c’est un appel, une invitation à découvrir l’Autre, comprendre son cadre de référence, et ne pas forcément y chercher une correspondance um jeden Preis. Laisser parler le lingue, les laisser nous emmener, les laisser s’emparer de nos impissamaint.

Pour vous engouffrer dans la « La part sauvage » de la littérature :

En français, aux éditions Zoé.

En allemand, au Rotpunktverlag.

En italien, aux Edizioni Casagrande.

Weg mit der Zentralperspektive!

Draussen: Die flaschengrüne Aare, eine heitere Stimmung, Sonne, Glacé etc. Drinnen: Eine Podiumsdiskussion zur «Rolle des/der Autor*in in der Gesellschaft». Manch eine*r dürfte sich fragen, ob es zu diesem Thema überhaupt noch etwas Neues zu sagen gibt. Wenig erstaunlich ist es, dass dieses Podium nicht zum Publikumsschlager avanciert. Der Gemeinderatssaal ist zwar gut gefüllt, fasst aber bei Weitem nicht so viel Besucher*innen wie andere Veranstaltungsorte an den Solothurner Literaturtagen. Interessanterweise befinden sich dafür einige Autor*innen im Publikum.

Eröffnet wird das Podium von der Moderatorin Christa Baumberger. Souverän führt sie an das Thema heran und wechselt dabei fliessend vom Deutschen ins Französische. Die Veranstaltung findet bilingue statt; die Teilnehmer*innen sprechen jeweils ihre Sprache, zwei Simultandolmetscherinnen übersetzen. Baumberger hebt hervor, dass sie im Folgenden die historische Perspektive ausklammern und stattdessen das Heute in den Fokus rücken will. Dann gibt sie ihren drei Gästinnen das Wort, die jeweils einen kurzen Text zum Thema vorlesen; nach jeder Lesung folgt eine kurze Diskussion.

Drei Texte, drei Perspektiven
Autorin und Regisseurin Ivna Žic macht den Anfang mit einem Auszug aus ihrer Hamburger Poetikvorlesung. Es ist ein differenzierter, essayistischer Text, den sie vorträgt. «Warum sich nicht wundern über die, die anscheinend seit immer an einem Ort hocken und bleiben?», fragt sie in den Raum und begegnet damit der misstrauischen Neugierde, die Migrant*innen und sog. «Secondos» entgegengebracht wird. Zum Abschluss plädiert sie für eine «Gleichzeitigkeit der Perspektiven, Wege, Orte und Sprachen» – vor allem auch in der Literatur. Die anschliessende Diskussion dreht sich hauptsächlich um das Verhältnis zwischen Sprache und Macht. Žic hebt hervor, dass gerade klare Setzungen und Festschreibungen in der Sprache gefährlich werden können; sie sind zwar leichter zu verstehen und kontrollieren, geben aber nicht die Polyphonie der Wirklichkeit wieder.

Als Zweite bekommt Herausgeberin und Autorin Noémi Schaub das Wort. Sie liest einen lyrischen Text aus Romy Colombes Debut «Quelques fleurs» vor. Colombes Text kommt gleichzeitig sehr poetisch und ausserordentlich kämpferisch daher. Er thematisiert die Dominanz der «alten weissen Männer», und entlarvt die Unterdrücker als Menschen, die in erster Linie Angst vor der tatsächlichen Vielfalt des Lebens hätten. Die anschliessende Kurzdiskussion ist der «Macht der Poesie» gewidmet. Nach Schaub ist politische Sprengkraft der Lyrik vor allem ihrer kondensierten, kompakten Form geschuldet. In der Lyrik, so Schaub, würde nichts verwässert.

Den Abschluss macht Nathalie Garbely, die als Autorin und Übersetzerin tätig ist. Garbely legt einen sehr lyrischen Text vor, der auch die Simultandolmetscher*innen ins Schwitzen bringt. Auf die Schnelle aus dem Französischen ins Deutsche übersetzt, ist ihr Beitrag – Auszüge aus dem Text «Passer le seuil de la pudeur» – für die nicht-frankophonen Zuhörer*innen leider etwas unzugänglich. Den politischen Inhalten (etwa dem Thema der «droite décomplexée») nähert sie sich in einer sehr bildhaften Sprache. Garbelys Arbeit dreht sich darum, «in den Begriffen selbst Verschiebungen anzubringen und die Sprache zu öffnen», fasst Baumberger zum Schluss zusammen.

Eine abschliessende Antwort?
Was bleibt nun aber nach den ganz unterschiedlichen Texten, die im Laufe des Podiums vorgetragen wurden? Eine Quintessenz ist schwer herauszudestillieren, aber gerade darin liegt wohl der grosse Trumpf dieser Gesprächsrunde: Sie war ein perfomatives Plädoyer für eine Vielfalt der Perspektiven, Sprachen und Herangehensweisen. Tatsächlich wird die anfängliche Frage nach der Rolle des/der Autor*in auch noch einmal explizit durch eine Wortmeldung aus dem Publikum aufgegriffen. Žic antwortet pointiert, dass auch hier eine gewisse Pluralität wünschenswert sei. So gäbe es für sie nicht die Rolle des/der Autor*in in der Gesellschaft. Und wenn sie doch eine Rolle wählen müsste, dann bestünde diese eben genau darin, «die eine Zentralperspektive aufzulösen».

Über die Herausforderung, hemmungslose Sexszenen zu übersetzen

Ursula Giger – Übersetzerin im Porträt

Zuerst wollte Ursula Giger ablehnen. Da lag dieses 2010 erschienene schwedische Buch vor ihr, dass sie ins Deutsch übersetzen sollte. Gib ihnen, wovon sie träumen des schwedischen Schriftstellers Eli Levén ist ein hartes, grelles, aber auch wichtiges Buch. Es handelt von einem jungen Mann in einem Stockholmer Vorort der 90er Jahre, der sich zwischen den Geschlechtern fühlt. Um zu überleben, verkauft er seinen Körper und nimmt sich, was er kann. Dennoch ist er auf der Suche nach Liebe und sich selbst.

Gerade die expliziten Sexszenen empfindet Giger zunächst als abschreckende Übersetzungshürde. Sie gibt auch zu, dass sie vor der ihr fremden Transgender-Thematik Respekt hat. Gleichzeitig kann sie sich aber nicht vor der Komplexität und Lyrizität des Buches verschliessen. Die bildstarken, wenn auch teils kitschigen Szenen sprechen alle Sinne an. Giger nennt diese Stellen «Blumen, die aufgehen». Sie muss sich selbst verdeutlichen, dass «Übersetzen» nicht «Verstehen» bedeutet, denn es geht um die Sprache. Übersetzer von Krimis müssen schliesslich auch nicht die Mörder im Buch verstehen. So sieht sie das Projekt als eine Herausforderung, der sie sich schliesslich gerne stellt. Ihr kommt dabei zugute, dass sie selbst in den 90er Jahren in Stockholm gelebt hat und so zu gewissen Szenen Berührungspunkte finden kann.

Giger, die auch viele isländische Bücher übersetzt, will jeweils die Orte und Szenen kennen, die in den zu übersetzenden Texten vorkommen. So ist sie neben ihrem Lehrauftrag für Isländisch an den Universitäten Zürich und Basel auch als Trekking-Guide in Island und Grönland unterwegs. Die Übersetzungstätigkeit ist ihrer Meinung nach kein Hobby, sondern nimmt Zeit in Anspruch. Jeder Text benötigt intensive Recherche und Nachfragen. Giger muss den Text zur Seite legen, überlegen und alles sacken lassen. Gerne nimmt sie dann auch die Hilfe ihres Nachbarn, eines Schweden, in Anspruch, mit dem sie Levéns Wortschöpfungen, die im Buch immer wieder vorkommen, diskutiert und allfällige zweite Ebenen der Wörter erforscht. Schnell ist ihr deshalb klar, dass der schwedische Titel (auf Deutsch etwa: «Du bist die Wurzel zu meinen Füssen, die die Welt an ihrem Platz hält») nicht passt. Zu unsexy, zu lang, das funktioniert in der Schweiz nicht. Der deutsche Titel Gib ihnen, wovon sie träumen wurde schliesslich von Levén selbst ausgesucht.

Obwohl das Buch schon etwas älter ist, scheint das Thema aktueller denn je. Die Sprachlosigkeit der Hauptfigur zeigt sich dabei auch in deren Beschreibungsnot und Überforderung im Changieren zwischen Mann und Frau. Ein innerer Kampf um Identität, den jede:r anders führt und der «ins Fleisch hinein geht».

« Ma fille, la cigogne, s’écrase sur une vitre de train et reste étourdie sur la voie »

Cette discussion entre les poètes Eva Maria Leuenberger, Simone Lappert et Rolf Hermann m’hypnotise et me laisse sur la chaise du théâtre avec un grand étourdissement! Les questions se multiplient et je m’abandonne à cette atmosphère de vertige. L’événement intitulé «Achtung, Lyrik !», dédié à adoucir la peur de la poésie, a parlé de jardin, de liberté, de cigognes, des grand-mamans, de marais et un peu de poésie quand même.

«Von Reimen halte ich mich fern» («Je me tiens à distance des rimes»), affirme Simone Lappert et la grand-mère de Rolf s’étonne: «Das sind gar keine Gedichte, das reimt sich gar nicht» («Il n’y a pas de rimes, ce ne sont pas des poèmes !»).

Mais les trois auteurices ne se sentent pas trahir la poésie en abandonnant les formes métriques. La poésie ne se résume pas aux rimes, ni aux formes métriques. «Ich denke dass die Lyrik der grösste Freiraum in der Literatur ist» («Je pense que la poésie est le plus grand espace de liberté dans la littérature»), assume Simone Lappert. De son côté, elle écrit même avec les oreilles («Ich schreibe mit den Ohren») et Eva Maria Leuenberger entend des voix en lisant: «Ich höre ihre Stimme und ich brauche den Dialog mit ihr». Et au final, on a le droit d’être dépassée par la poésie (« Wir dürfen überfordert sein»).

Je pars de la salle en laissant résonner les mots cryptés de Rolf Hermann qui ont fait rire la salle entière: « Meine Tochter fliegt in ein Zugfenster und liegt benommen auf dem Gleis ».

Et la question qui étourdit mes pensées depuis toute à l’heure:

«Wie klingt Mond?» («Quelle musique fait la lune?»)

Längst fällige Entstaubung

Achtung, Lyrik! lautet der Titel der Veranstaltung, die am Samstagvormittag zahlreiche Besucher*innen in den Solothurner Theatersaal gelockt hat. Doch warum muss man vor Lyrik überhaupt gewarnt werden? Diese und viele weitere Fragen beantworteten Eva Maria Leuenberger, Rolf Hermann und Simone Lappert im Podiumsgespräch.

Dass Lyrik heutzutage bei vielen eher Angstzustände statt sehnsuchtsvolle Phantasien auslöst, ist eine traurige Tatsache. Nicht ganz unschuldig daran sind wohl jahrelange pädagogische Verfahren, die das Wissen von Metrik und das Auswendiglernen von schwierigen Gedichten voraussetzten. Diese Beobachtungen konnten die geladenen Podiumsgäste ebenfalls mit uns teilen. Nichtsdestotrotz konnten sie sich von Lyrik begeistern lassen und überraschten das Publikum mit lyrischen Neuerscheinungen, die bei den Leser*innen grosses Gefallen auslösten. Alle drei boten dem Publikum tiefe Einblicke in ihr lyrisches Schaffen, ihre Ideen und ihre Ausführungen. Obwohl ihre Gedichte inhaltlich und formell sehr unterschiedlich sind, haben doch alle drei mindestens etwas gemeinsam: Das Ziel, die lyrische Welt aus ihrer kleinen Blase ausbrechen zu lassen, sodass alle daran teilhaben können. Dadurch sollte die Angst vor Lyrik bei möglichst vielen genommen werden. 

Erreichen wollen sie dieses Ziel, indem sie uns eben nicht klassische Lyrik im traditionellen Sinne bieten, sondern experimentell und unvoreingenommen an die Sache herangehen. So entstehen beispielsweise sprachliche Mischungen bei Hermann, musikalische Exkurse bei Lappert oder sogar biographische Gedichtessays bei Leuenberger. Die Endergebnisse sind dann Simone Lapperts längst fällige verwilderung. gedichte und gespinste, Rolf Hermanns In der Nahaufnahme verwildern wir: Gedichte und Eva Maria Leuenbergers kyung. Sie alle tragen dazu bei, dass sich der Begriff der Lyrik heute in einem weiteren Sinne verstehen lässt und in der Schweizer Literaturlandschaft Akzeptanz findet. 

Eine klare Leserschaft adressieren alle drei Autor*innen beim Schreibprozess nicht. Vielmehr sehen sie ihre Aufgabe darin, ihre Gedichte so zu schreiben, dass jede*r sie auf die eigene Art und Weise verstehen kann. Denn, wie Simone Lappert festgehalten hat, bildet die Lyrik den grössten Freiraum der Literatur. 

Im Unklaren liessen uns jedoch alle drei darüber, ob wir uns auch künftig auf Gedichte von ihnen freuen dürfen. Sicher ist aber, dass sie mit ihren Neuerscheinungen frischen Wind in die Schweizer Literaturlandschaft gebracht haben. Es ist zu hoffen, dass sich in Zukunft auch noch viele weitere Autor*innen an Lyrik wagen.

Von Michelle Agatiello und Simona Savic

Liegelandschaften im Resonanzraum

Schon von draussen höre ich die Erzählstimme, die von einer Biene berichtet. Ich betrete das Künstlerhaus S11 und werde empfangen von Michael Fehrs Text Der hundertjährige Holzboden. Gross hängt er an der Wand und erklingt gleichzeitig aus den Lautsprechern.

Etage um Etage erklimme ich die knarrende Holztreppe, vorbei am ausgestellten Bett mit den grauen Laken. Oben erwartet mich das Podiumsgespräch Im gutmütigen hellgrauen Bett. Es gehört zum Resonanzraum, ist selbst ein Resonanzraum. Wie Moderator Livio Beyeler, Theaterregisseur und Konzeptkünstler, gleich zu Beginn verspricht, dient Fehrs Text auch in diesem Gespräch als Ausgangspunkt. Zusammen mit der Innenarchitektin Jacqueline Rondelli und Meret Ernst, Dozentin für Designgeschichte und Designtheorie an der Fachhochschule Nordwestschweiz, folgt er dem Text entlang der Verbindungslinien von Architektur und Design bis in unsere Schlafzimmer.

Innen und aussen

Leitmotive sind dabei das Bett und der titelgebende hundertjährige Holzboden. Rondelli und Ernst sprechen über die Rolle des Betts als Schutzraum und Zufluchtsort. Sie reflektieren den Luxus der Intimität, die ein eigenes Bett in einem eigenen Zimmer bietet. Demgegenüber hinterfragen sie aber auch den vermeintlichen Schutz unserer Betten. Rondelli weist dabei auf die Formulierung in Fehrs Text hin, der das Bett als «verhältnismässig ungefährlich» beschreibt. Trocken meint sie, dass auch schon Menschen im Bett umgebracht wurden.

Der Holzboden kommt in der Diskussion weniger konkret zur Sprache. Vielmehr wird er im Verhältnis zum Bett im übertragenen Sinn als bedrohliche Aussenwelt thematisiert und mit verschiedenen Entwicklungen unserer heutigen Zeit in Verbindung gebracht. Ernst spricht von der Krise und meint damit die Covid-19 Pandemie. Die Erzählungen der Podiumsgäste, aber auch Fragen aus dem Publikum, zeigen deutlich, dass in den letzten Jahren die Grenze zwischen innen und aussen, privat und öffentlich verschwommen ist. Das stellt viele auch bei der Raumgestaltung in den eigenen vier Wänden vor Herausforderungen. Ernst betont, dass es in so einem Fall hilfreich ist, die Krise als solche zu benennen und die Grenzen der Gestaltungsmöglichkeiten anzuerkennen. Als Tipp hält das Podium fest, statt auf die Raumgestaltung, auf das Zeitmanagement zu fokussieren.

Gleichgewicht als Ziel

Im Zusammenhang mit der Zeiteinteilung streift das Gespräch Themen wie neue Arbeitsformen, Gestaltung von Arbeitsplätzen und Firmengebäuden (Stichwort Campus), aber auch den Umgang mit elektronischen Geräten. Rondelli appelliert ans Publikum, wir sollen alle unsere Handys, TVs und Laptops aus dem Schlafzimmer verbannen. Auch sonst bringt Rondelli immer wieder hilfreiche Einrichtungstipps in die Diskussion ein. Ich weiss, dass ich nie wieder in einem Bett mit der Fusskante richtung Zimmertür liegen werde, ohne Rondellis Stimme zu hören: «Meh sett ned chöne d Tür uftue und di gspreizte Bei gseh.»

Bei anderen Zuhörer:innen scheint jedoch ein anderer Tipp stärker hängengeblieben zu sein. So dreht sich die Fragerunde am Ende insbesondere um die Farbenlehre: von sehr persönlichen Einblicken in die farbliche Gestaltung von Rondellis Schlafzimmer über Diskussionen rund um die Verwendung von Rot in Zimmern von Prostituierten bis hin zur Grundsatzfrage, ob Schwarz eine Farbe sei. Nach dieser angeregten Diskussion steige ich die knirschende Holztreppe wieder hinab und verlasse den Resonanzraum mit vielen neuen Ideen. Was ich mir zu Herzen nehmen werde, ist Beyelers Vorschlag: Einfach mal länger im gutmütigen hellgrauen Bett bleiben und «en Gang abefahre».

Brücken bauen

Erinnerungen verbinden Menschen. Sie werden erzählt, sie werden in Bildern festgehalten und sie finden Eingang in die Literatur. Aber können sie tatsächlich geteilt werden? Julia Franck, Nino Haratischwili und Brigitte Helbling geben im Podiumsgespräch «Woran wir uns erinnern» vielschichtige Antworten.

Julia Franck, Gewinnerin des Deutschen Buchpreises, stellt fest, dass man in seiner Erinnerung grundsätzlich allein ist. Die Erinnerung beginnt mit dem Ich. Die Einsamkeit der Erinnerung ist auch der vielseitigen Kulturjournalistin und Autorin Brigitte Helbling bewusst, die das Erinnern als «ziemlich mühsamen und ziemlich traurigen Prozess» beschreibt. Es gibt aber Menschen, die sich an dieselben Situationen erinnern, nur aus anderer Perspektive. So erzählt Julia Franck in ihrem neuen Buch Welten auseinander von der tiefen Verbundenheit mit ihrer Zwillingsschwester. Aufgrund der vielen geteilten Momente war es für die Zwillinge immer ein Aushandlungsprozess, die gemeinsame Wahrheit des Erlebten zu ergründen.

Unterstützt werden können kollektive Erinnerungsprozesse auch durch Bilder und Fotografien, wie Nino Haratischwili in ihrem neuen Buch Das mangelnde Licht aufzeigt. Sie betont im Gespräch, dass der Schauplatz einer Fotogalerie in ihrem Buch ihr die Möglichkeit gibt, die Chronologie der erinnerten Geschehnisse aufzubrechen. Durch die Erzählung in Flashbacks wirft Haratischwili die Frage auf, inwiefern die eigene Erinnerung verlässlich ist. Um diesem Zweifel an der eigenen Erinnerung Rechnung zu tragen, verlassen sowohl Franck als auch Helbling in ihren Werken die Ich-Perspektive und lassen auch fremde Stimmen sprechen. Zum Beispiel bezieht Helbling in ihrem neuen Roman Meine Schwiegermutter, der Mondmann und ich sowohl das Tagebuch ihrer Schwiegermutter als auch die Aufzeichnungen ihres Vorfahren mit ein. Dabei geht es ihr darum, eher ein bestimmtes Gefühl zu vermitteln als harte Fakten darzustellen.

Trotz des schweren Themas haben es die Podiumsgäste unter der Moderation von Lucas Gisi geschafft, eine Verbindung zum Publikum aufzubauen. Nicht selten führten die erzählten Erinnerungen der Autorinnen zu herzhaften Lachern im Saal. Was dabei leider vergessen ging, war die angekündigte Diskussion zur politischen Dimension von Erinnerungskultur.

Noëlle Lee und Jacqueline Kalberer