Récits teintés d’absurdes et soleil de plomb

« Nein ! », répond sarcastiquement Michael Fehr lorsqu’on lui demande s’il a un livre préféré. Rire général puis silence du vaste public venu prendre place sur les rangs de l’escalier Saint-Ours, Fehr lance sa première histoire. Les deux fontaines aux abords de l’estrade constituent la toile de fond. Un écouteur à l’oreille, il joue ses textes avec vivacité, l’articulation est méticuleuse, ce qui, en tant que francophone, me facilite la compréhension.

Les performances de Michael Fehr invitent à réfléchir quant à la notion de « texte ». Ses problèmes de vue l’ont contraint à innover, Michael crée ses textes au dictaphone, et ce sont probablement ces mêmes textes que l’oreillette lui chuchote cet après-midi. C’est tout d’abord en ce sens qu’il faut parler de performance plus que de lecture.

« Das ist so eine Geschichte », ainsi conclut-il sa première histoire sous les rires de l’assistance. La seconde histoire est elle aussi pleine d’humour. On y parle de recette de soupe à l’herbe, celle des pâturages. C’est simple et on en trouve partout. Par contre, attention de ne pas oublier le fromage. Ne surtout pas oublier le fromage, car sinon, ce n’est juste pas bon et les gens font de drôles de grimaces.

La troisième histoire, aussi courte que les autres (l’intervention dure quinze minutes) is in english. Le titre en est Blues predator, ce qui me rappelle que Michael Fehr est également musicien. Et ça ne manque pas, voilà que son histoire tourne en un chant blues a capella. La performance se conclut sur les claquements de mains rythmiques des spectateurs.