Zürich – Philadelphia

Ursula Rucker und Jurczok 1001 verstehen sich persönlich, sprachlich und rhythmisch, dieselbe Leidenschaft für die Dichtkunst und ihr «brand new baby» Spoken Word treibt sie um. Gleich zu Beginn des Gesprächs wird klar, bei den beiden stimmt die Chemie. Was Rucker als kosmische Anziehung bezeichnet, versucht Jurczok zu benennen. Ein Kampf, den sie gemeinsam austragen, ist der um die Anerkennung ihrer Kunstform.

Unter dem bezeichnenden Titel «Spoken Word Artist? No!! I am a poet» sprechen die Künstlerin und der Künstler über die Entwicklung des Spoken Word seit ihrem ersten Treffen im Zürcher Club Moods im Jahr 2007. Dabei legen sie die Ausschlussmechanismen und den Kulturelitismus des Literaturbetriebs offen: Ohne ein Buch herausgegeben zu haben, zähle die Arbeit nicht, eingeladen wird man erst recht nicht. Damals, vor Social Media, gab es noch kein Produkt, das man als Spoken Word Künstler*in vorlegen konnte. Fördermittel blieben aus, die für die Zuschauer*innen gerade attraktive Performativität der Kunstform wurde zum Hindernis. Doch die Situation habe sich gebessert, so Jurczok, nun wird auch ihnen an den Literaturfestivals eine Plattform gegeben. 

Die Bezeichnung als Spoken Word Artist findet Ursula Rucker aber einschränkend. Sie will sich keiner Genredefinition unterwerfen. Ihre grenzensprengende Praxis stellen Jurczok 1001 und Ursula Rucker auch im angepassten virtuellen Rahmen unter Beweis. In Form eines Poetry Exchange „Zürich – Philadelphia“ senden sie sich Haikus zu und haben das Ganze im Logbuch der Literaturtage festgehalten. Im Gespräch lesen sie diese nun vor, nehmen die Worte mit einer ansteckenden Begeisterung auseinander. Jurczok gibt den Zuschauer*innen zum Ende eine Kostprobe seiner von Rap und Beatboxing inspirierten Spoken Beats. Spontan greift sich Ursula Rucker in Philadelphia einen Egg Shaker und steigt mit ein. Bittersüss war das Treffen, wie Rucker sagt. Wunderbar war es, sich an den Literaturtagen über ihre Kunst zu unterhalten, sie könne es jedoch kaum erwarten, bald wieder miteinander zu performen.

Que demanderiez-vous à Molière ?

Essayez de l’imaginer. Vous venez de lire Le Misanthrope et vous vous retrouvez quelques heures plus tard en visioconférence avec Molière. Vous posez vos questions (souvent un peu universitaires) et il y répond très volontiers. Est-ce que ses réponses changeront votre première compréhension de la pièce ? A-t-il le pouvoir d’imposer son intention première ?

Une telle expérience de pensée soulève naturellement beaucoup de questions. En fait, je viens de la vivre. Alors évidemment, ce n’était pas pour Le Misanthrope et encore moins avec Molière (calmez-vous). Cette discussion s’est déroulée avec Pascal Janovjak au sujet de son dernier roman historique Le Zoo de Rome ; et je dois dire qu’avoir directement accès à la vision de l’auteur est un privilège heureux mais possiblement dangereux.

Passé l’instant intimidant „spécial COVID-19“ où l’on se retrouve face à une hydre virtuelle d’une quinzaine de visages inconnus, la discussion est vite devenue très riche et malgré tout naturelle. L’auteur a pu nous faire part de son processus de création, des tensions qu’il y a eu entre la recherche historique et la part de fiction ou encore de ses motivations originelles. Premier détail rassurant, j’ai aimé écouter parler l’auteur. Cela peut sembler banal, mais imaginez qu’après avoir lu les plus beaux alexandrins de Molière, ce dernier hésite, bégaie, que sa langue fourche. La désillusion ! Cette fois, le roman se lit bien et son auteur s’écoute bien. Dieu merci, pas d’ascenseur émotionnel. La seconde chose très appréciable chez Janovjak, c’est qu’il n’a imposé ni son intention, ni son point de vue. Nous pourrions naïvement penser qu’il est légitime pour un auteur de choisir la manière dont son roman doit être compris. Là, l’écrivain était bien humble face à sa création et ses personnages. Il faisait comprendre qu’il n’était pas Dieu et que ses protagonistes avaient une volonté propre au sein de la fiction. Mais en même temps, il expliquait aussi que, dans un souci de vraisemblance, il avait organisé son histoire de manière très rigoureuse. Nous voyons donc qu’une création artistique est un genre d’esclave indépendant, en même temps soumis et autonome. Évidemment, l’étudiant que je suis avait appris cela en cours (les trois fameuses intentio). Mais pour une fois, je le constatais réellement et concrètement. Face à cette leçon de modestie, je tâcherai à l’avenir d’être moins péremptoire dans mes interprétations.

À force de lire et d’étudier des textes vieux de plusieurs siècles, on oublie facilement (ou peut-être suis-je le seul) que la littérature est quelque chose d’actuel et que des romanciers, poètes ou dramaturges vivent parmi nous. Avec beaucoup de chance, ces écrivains feront partie un jour du canon littéraire francophone. Après tout, à un moment donné, Molière était un contemporain parmi d’autres. Par conséquent, avant que des académiciens exégètes de l’an 2420 leur confisquent la parole et en deviennent les uniques dépositaires, tendons-leur un maximum le micro.

Hummermässiges Instantdichten

Eine kurze Vorstellungsrunde, und dann geht plötzlich alles ganz schnell. Nicht nur das Dichten scheint hier instant zu passieren. Die Spielregeln werden erklärt – ich hab sie irgendwie nicht richtig mitbekommen und den Stichworten im Chat nach zu beurteilen, bin ich nicht die Einzige – und schon geht es los.

Das Publikum gibt ein Stichwort, dann haben die vier Autor*innen 20 Minuten Zeit, einen Text zu erarbeiten und tragen ihn anschliessend vor. Katja Alves und Boni Koller überbrücken die Wartezeit mit einem kleinen Quiz – es gibt sogar etwas zu gewinnen. So weit so gut. Den Teil, in dem Alves und Koller erklären, dass jeweils ein Stichwort in der Kategorie «Handwerkliche Tätigkeit», «Preis» und «Politiker» gesucht wird, bekomme ich nicht mit. Wieso überhaupt diese Einschränkung?

Reina Gehrig, die dem Abend als Notarin beiwohnt, hat dementsprechend einige Mühe, passende Begriffe zu finden oder sie wenigstens der jeweiligen Kategorie zu zuordnen. Da haben wohl einige Zuhörer*innen ihre Stichworte auch nicht nach Kategorie gewählt.

Schliesslich fällt die Auswahl auf «Wein stampfen», «Schwingerkönigin» und «Richard Nixon». Die Autor*innen, Flurina Badel, Romana Ganzoni, Demian Lienhard und Giuliano Musio, ziehen sich zurück und machen sich ans Schreiben.

«Was konnte sich Lukas Bärfuss als Jugendlicher nicht leisten?» Diese und andere Fragen gilt es im Quiz zu beantworten, Punkte zu sammeln und so eine Ausgabe des Strapazins zu ergattern. Leider zieht sich das Quiz etwas hin, doch die Autor*innen freut’s, so haben sie fünf Minuten länger Zeit, um an ihren Texten zu feilen.

Das Highlight des Abends sind dann definitiv die Lesungen der entstandenen Texte. Die Anstrengung, die dahinter steckt, merkt man ihnen überhaupt nicht an. Trotzdem, einfach war es nicht: «Es waren sehr schwierige Begriffe. Ich hätte viel lieber über den Hummer auf eurem Tisch geschrieben. Und ich habe von Hand geschrieben, jetzt kann ich meinen Text fast nicht mehr lesen», zieht Demian Lienhard sein Fazit.

Das Feedback der Zuschauer*innen zeigt, es war ein unterhaltsamer Abend, dessen Hauptrolle dann doch ein stiller Teilnehmer spielte: «hummermässig!»

Appel aux scientifiques et autres biologistes

Qui, lorsqu’il annonce étudier la littérature française (ou témoigne de son intérêt pour celle-ci), ne s’est pas entendu répondre, d’une voix soudainement hautaine et méprisante (pardon tonton) : “ Mais comment tu peux être sûr que l’auteur parle bien de sa dépression quand il dit qu’il ferme tous les rideaux noirs de sa maison ? Peut-être qu’il allait simplement dormir ? T’y as pensé à ça, hein ? Hein ?“

Aah les intentions de l’auteur, la portée des mots et l’interprétation de ceux-ci ! Tant de questions sur lesquelles se sont échiné.e.s de nombreux.ses étudiant.e.s dans le cadre de leur formation ou lorsqu’ils ou elles ont tenté de l’expliquer à leurs proches. Comment en effet être sûr.e.s de notre analyse ? Comment garantir que nous lisons le texte tel que l’auteur.e l’avait imaginé ? Comment ne pas tomber dans les affres de la surinterprétation ? Ne cherchez plus, il suffit de s’entretenir avec l’auteur.e du texte, sans doute la personne la mieux placée pour en parler ! Si cette solution miracle n’est pas toujours simple à mettre en place (a fortiori si on ne s’intéresse pas à la littérature contemporaine mais à des auteur.e.s mort.e.s uniquement), c’est ce que le «Club+ avec Pascal Janovjak» nous a permis de faire, en ce pluvieux soir de mai.

L’auteur s’est déplacé — non pas jusqu’à Soleure, mais devant son ordinateur — afin de „défendre“ son dernier roman sobrement intitulé Le Zoo de Rome. Il s’est volontiers prêté au jeu des questions et des réponses avec la quinzaine de participant.e.s présent.e.s, répondant autant à des interrogations très précises sur l’utilité de certains chapitres, que sur son processus créatif en général, de la collecte d’informations à la rédaction. Quel plaisir d’entendre un auteur parler de ses influences, de ses problèmes, des solutions trouvées et de ses réflexions avant et pendant la phase d’écriture. Si certaines idées — la structure générale du récit notamment —  sont le fruit d’une longue réflexion, il avoue que certaines inspirations lui sont tombées dessus, au détour d’une promenade dans un parc. Par ses explications honnêtes et convaincantes, Pascal Janovjak a levé quelques retenues que j’avais vis-à-vis de son texte. Grâce à cette discussion, j’ai compris certaines des décisions qu’il avait prises, lui qui attache tant d’importance à ne pas étouffer le lecteur sous un trop-plein d’informations, à lui laisser de la place pour percer lui-même certains mystères. Qu’il est bon de s’intéresser à la littérature contemporaine, à des auteur.e.s encore de chair et d’encre ! Qu’il est bon surtout d’avoir l’opportunité de discuter avec eux.

Je lance donc un appel urgent à tous les scientifiques, biologistes et autres ethnologues et anthropologues : recréez  — par les témoignages d’époque, les lettres, les textes ou que sais-je encore — l’intelligence, la pensée, la voix des grand.e.s auteur.e.s passé.e.s, qu’ils et elles puissent à leur tour passer à la broche de nos questions. Devenez des John Hammond de la littérature et, à défaut de Jurassic Park, faites-nous des Romantiques Park, des Naturalistes Park ou autres Lumiéric Park ! Je ne voudrais pas avoir l’air d’exagérer, mais faites vite, je vous prie. Je dois bientôt rendre des travaux sur Pernette du Guillet et Verlaine et j’aurais quelques questions à leur poser…

Wie wird ein Buch?

Unter dieser Leitfrage finden Simone Lappert und Zsuzsanna Gahse an den 42. Solothurner Literaturtagen zusammen, sprechen über ihre Texte «Der Sprung» und «Schon bald» und darüber, wie sie als Autorinnen Dinge sammeln, selektionieren und ordnen.

Die Autorinnen schweifen nicht in metaphysische Spekulationen ab, obwohl der eher bemüht abstrakt klingende Veranstaltungstitel «Zur Zusammengehörigkeit der Dinge» anderes vermuten liesse. Stattdessen bleiben Lappert und Gahse angenehm konkret. Sie unterhalten sich, moderiert von Stefan Humbel, unter anderem über ihren persönlichen Schreibprozess. Obwohl das Webcamformat in diesem Gespräch ausbleibt, erhalten die Zuhörer*innen Einblick in die Arbeitszimmer der Autorinnen. Zsuzsanna Gahse erzählt von ihren grossen und kleinen Schreibtischen und ihrem Stehpult. Das Schreiben geschieht gerne mal im Bett und die Auslegeordnung findet auf dem Boden statt.

Darüber hinaus sprechen die Autorinnen vom Ordnen im Text. Besonders die Figuren bieten dabei Orientierungshilfe. In «Der Sprung» ist es eine Menschenmenge, die zum Handlungsträger wird. Lappert verfolgt die Vielzahl an Lebensgeschichten, erforscht die divergierenden Sichtweisen und konfrontiert sich mit düsteren Erfahrungswelten. Zsuzsanna Gahse überschreitet Grenzen im medialen Sinn. Sie verbindet Dichtung, Prosa und Essay, vergibt die Handlungsmacht an Dinge und Räume.

Die Frauen sprechen auch von dem, was sich der Ordnung entzieht. Für Lappert heisst das, der Figur nicht Worte in den Mund zu legen, sondern diese selbst zu Wort kommen lassen. Es geht darum, die Figur soweit kennenzulernen, dass ihre Worte die der Autorin werden und gleichzeitig die Distanz zu wahren, damit die Autorin die Figur nicht inkorporiert und ihren Ausdruck behauptet, anstatt erzählt. Die Figuren dürfen nicht zu Marionetten werden – auch nicht dann, wenn es darum geht, eine Erzählung zu strukturieren. Entweder die Dinge fügen sich, docken aneinander an oder sie tun es nicht. Und was nicht zusammengehört, bleibt übrig, wird in einer Schublade verstaut und kann, fügt Gahse an, Jahre später an einem anderen Ort wieder auftreten.

Dann ein plot twist: Für einmal lesen die Autorinnen nicht aus ihren eigenen Büchern, sondern haben sich eine Passage aus der Arbeit ihrer Gesprächspartnerin ausgesucht. Lappert erzählt, dass sie ohnehin stark mit den Ohren schreibt. Sie liest sich den Text selbst laut vor beim Schreiben. Der Klang der Worte sei für sie Inhaltsträger. Denn damit der Text einen Körper erhält, muss er in den Raum – ins Dreidimensionale – geholt werden, erklärt sie. Es gehe darum, den eigenen Text zu prüfen; sie muss ihn hören, um zu wissen, ob sie ihm glauben kann.

Zsuzsanna Gahse wiederum verweist auf das Dialogische des Schreibprozesses und die Wichtigkeit der Aussensicht. «Das Vortragen ist fundamentaler Bestandteil des Schreibens», hallt es aus unseren Computerlautsprechern. Einmal mehr wird die Bedeutung des Zwischenmenschlichen im scheinbar isolierten Prozess des Schreibens deutlich. Schreiben, ergänzt Simone Lappert, sei für sie sowieso immer eine Begegnung – und wenn sie merkt, dass sie die Reaktion ihrer Figur nicht bis zu jedem Mass beeinflussen kann, dann weiss sie, dass ihr Buch auf gutem Wege ist.

Judith Rehmann und Sarah Rageth

Jamais vu et souvent lu

Le voyage intime des traducteurs de Philippe Rahmy

Les choses continuent d’exister quand nous ne sommes pas là. Il suffit de les disposer avec soin pour que les autres les trouvent belles et s’en servent en notre absence. Écrire. Que sont les livres sinon la chambre vacante d’un écrivain parti en voyage dans ses histoires ?
(Philippe Rahmy, Béton armé)

En effet, les écrits de Rahmy, disposés avec soin ont su plaire. Luciana Cisbani, traductrice d’Allegra parle d’un coup de foudre de lecture, qui a déclenché l’envie de traduire le roman en italien. De même, Yves Raeber s’est beaucoup investi dans la traduction de Béton armé en allemand. 

Les deux traducteurs de Rahmy n’ont pas connu Philippe personnellement. Pourtant, ils le nomment par son prénom, parlent de lui comme d’un ami proche, de ses souffrances et de sa maladie, de la corporalité et du mystère de ses livres. 

Même s’il s’agit d’un auteur comme Rahmy, qui invite ses lecteurs chaleureusement à vivre en intimité avec ses livres, on peut s’interroger sur la possibilité et les limites de connaître quelqu’un à travers son écriture. 

Traduire permet de faire revivre un écrit, de le faire survivre. La traduction construit un pont qui permet au texte de dépasser son cadre original. Or, dans un premier temps le traducteur doit envisager le voyage dans le sens inverse, c’est-à-dire il lui faut enjamber le fossé là où il n’y a pas encore de pont. Un saut dans le vide, là où le traducteur suppose un fondement fécond du texte. Sur les traces fictionnelles de Béton armé, Yves Raeber a entrepris un voyage à Shanghaï. Pour rédiger Die Panzerung, il s’est plongé dans le décor dans lequel le livre original a vu le jour. Incontestablement une telle expérience crée de la proximité et accentue l’empathie du traducteur pour l’auteur. Néanmoins, cette proximité peut être trompeuse. Elle est construite unilatéralement et repose sur les dispositions et sensibilités personnelles du traducteur. C’est dans ce sens que Luciana Cisbani nous rappelle que le traducteur est amené à faire des choix et qu’il doit supporter que les autres possibilités ne se taisent jamais.

Lyrik gegen den steifen Nacken

Lydia Dimitrow lädt uns zu einer Verabredung besonderer Art ein, dem Lyrik Speeddating. Wie der Titel schon vermuten lässt, geht es um den schnellen Austausch zwischen den Teilnehmer*innen. Hierbei werden natürlich keine persönlichen Informationen ausgetauscht, sondern Lyrik. Ein Gedicht soll aus dem Französischen ins Deutsche übersetzt werden und dies recht zügig. Lydia, die selbst beruflich Gedichte aus dem Französischen und Englischen übersetzt, gibt uns einige Hinweise. Form und Inhalt seien nicht zu trennen, meint sie. Dabei bezieht sie sich auf Rüdiger Zymner und seinen Begriff des Attraktors. Wo die Wissenschaft rhetorische Stilmittel in Texten als Störung betrachtet, sieht Zymner fesselnde Auffälligkeiten. Diesen gilt es nun bem Übersetzen zu beachten. Wir legen los. 

Das französische Gedicht, das wir übersetzen, sieht so aus:

Et pourtant et pourtant 

la lumière sans discontinuer

passe et repasse ses plumes

sur nos nuques raidies

José-Flore Tappy: Terre battue suivi de Lunaires. Editions Empreintes, 2008

Zuerst versuchen wir eine «Lesewelle» zu machen. Das heisst, alle Teilnehmer*innen sollen der Reihe nach das französische Gedicht lesen. Eine Welle wird zwar nicht draus, aber am Schluss haben es alle einmal gelesen. Jetzt bekommen wir fünf Minuten, um es zu übersetzen. 

Wir übersetzen es so: 

Und trotzdem und trotzdem

streift das Licht unablässig

seine Federn wieder und wieder

über unsere steifen Nacken

(Mara)

Und doch

streift das Licht

immer wieder und wieder seine Federn

über unsere steifen Nacken

(Selina)

Nachdem wir alle unsere Gedichte vorgetragen haben, kriegen wir noch etwas Überarbeitungszeit. In einem zweiten Anlauf verwandeln sich unsere Texte. Das Licht wird zur Erkenntnis und das etwas melancholisch klingende «und doch» wird zum aufmunternden «Doch, doch!» 

Und trotzdem und trotzdem

Streift die Erkenntnis unablässig

ihre Federn wieder und wieder

Über unsere steifen Nacken

(Mara)

Doch, doch!

Das Licht streicht

wieder und wieder sein Gefieder

über unsern steifen Hals

(Selina)

Randnotiz: Es ist jetzt schwer, unsere Gedichte hier beim Schreiben nicht nochmals etwas zu überarbeiten. Aber wir tun’s nicht. Die sind echt, wir schwören. 

Wir lesen in einer Abfolge, die schon eher an eine Welle erinnert als am Anfang, unsere zweiten Versionen vor. Trotz anfänglicher technischer Schwierigkeiten kommen zum Schluss die verschiedensten Übersetzungen zusammen. Die Teilnehmer*innen stützen sich beim zweiten Versuch auf die Vorschläge der anderen und passen einige Sachen an. Trotzdem ist keine Übersetzung gleich wie die nächste. Diese Übung hat aufgezeigt, wie man als Übersetzer*in nicht nur mechanisch übersetzt, sondern ein Gedicht immer transponiert und so auch etwas Neues schafft. 

Text: Selina Widmer und Mara Baccaro

Anime als Einstiegsdroge

Ausgestattet mit Stift und Papier – oder in meinem Fall etwas digitaler –, stehen wir in den Startlöchern für den Comic Workshop mit Nando von Arb. Lassen wir unserer Kreativität für einmal freien Lauf!

Das ist auch Nando von Arbs Motto: Einfach drauflos zeichnen, nicht zu viel nachdenken und schon gar keine «Erwachsenen-Filter» einschalten. Als Kinder hätten wir alle zeichnen können, wir hätten es einfach wieder verlernt.

Zu Beginn stellt der Comic-Künstler sein eigenes Werk vor. Seine autobiographische Graphic Novel 3 Väter ist gerade in Solothurn mit dem allerersten Schweizer Kinder- und Jugendbuchpreis ausgezeichnet worden und erzählt von seiner Kindheit in einer Patchworkfamilie mit drei Vätern und einer alleinerziehenden Mutter, die dabei an ihre Grenzen kommt. In seiner Geschichte tritt die Mutter als Vogel und der Vater als wildes Tier auf. Für das Schreiben und Illustrieren ist er sowohl emotional als auch stilistisch in seine Kindheit zurückgekehrt und hat sich von dieser Perspektive leiten lassen.

Genau das sollen nun auch wir versuchen: Denken und zeichnen wie wir das als Kinder gemacht haben, aus der Perspektive eines Kindes. Und wichtig: Einfach drauflos zeichnen! Menschen, mit denen wir noch eine Rechnung offen haben, als tierischen Charakter darstellen und kleine Geschichten entwickeln.

Geleitet von von Arbs Instruktionen und seinem liebevoll gestalteten Worksheet packen wir unsere Stifte und legen los. Es fällt mir schwer, meine perfektionistischen Gedanken und mein Bedürfnis nach Ästhetik zu unterdrücken oder wenigstens zu ignorieren: «Ich kann das nicht. Das sieht sowas von hässlich aus.» Obwohl wir eigentlich keinen Radiergummi benutzen sollten, verwende ich meine «Rückgängig-Taste» anfänglich alle zwei Sekunden. Mit jeder weiteren Illustration, für die uns von Arb jeweils ein paar Minuten Zeit lässt, fällt es mir jedoch leichter loszulassen. Einfach Spass haben und sehen, was ich da auf dem Bildschirm zum Leben erwecke.

Nach jeder Runde sind wir eingeladen, unsere Experimente und Versuche mit den anderen Teilnehmer*innen zu teilen. Ich traue mich noch nicht, aber es macht grosse Freude zu sehen, was bei den anderen entstanden ist. Ein Mädchen zeigt stolz ihre Zeichnung. Sie sei von einer Anime-Serie inspiriert gewesen. Für von Arb ist das keine Überraschung: Anime sei schliesslich eine typische «Anfängerdroge».

Schritt für Schritt werden so aus Menschen Giraffen, Schildkröten, Hunde und schliesslich Comicfiguren mit Emotionen und kleinen Geschichten. Zufrieden und entspannt endet der Workshop nach einer guten Stunde. Ich habe viel Neues gelernt und bin zur Ruhe gekommen. Es tut gut, den Kopf für ein paar Minuten einfach einmal auszuschalten und einfach nur zu zeichnen.

Zu Stimmungen zwischen Memento und Vision

Tom Kummer und Christoph Höhtker treffen sich zum Gespräch mit Stefan Humbel im Rahmen der Veranstaltung «Zu Stimmungen zwischen Memento und Vision». Sie diskutieren die Motive ihrer neuesten Bücher Nicht von schlechten Eltern und Schlachthof und Ordnung. Lorenz Ruesch, Dominik Fischer und Katharina Alder tickerten dazu live. 

[12:57] Lorenz Ruesch
Hmm, versprecht ihr euch etwas Konkretes vom Gespräch Kummer-Höhtker? Erwartungen, Wünsche?
[12:57] Katharina Alder
Ich kann mir vorstellen, dass es viel um Drogen, Tod und Wahrnehmung gehen wird. Und um Surrealismus.
[12:58] Dominik Fischer
S'ist thematisch ja sehr offen gehalten. Ich erwarte schon viel von den beiden, vor allem grossartige Unterhaltung!
[12:58] Katharina Alder
Zwei Mordskaliber. Aber das kann auch in die Hosen gehen.
[12:58] Lorenz Ruesch
Eine gutes Gespann, definitiv.
[12:58] Dominik Fischer
Das ist schon ein bisschen der «Main Event» der Literaturtage, oder?
[12:59] Katharina Alder
Wenn man's ein wenig quer mag. Für die Gesitteten ist wahrscheinlich eher das Gespräch mit Lukas Bärfuss der Main Event.  
[13:00] Lorenz Ruesch
Stimmt, Bärfuss war Mainstage, zur Primetime. Kurz nach Mittag ist ja eigentlich an Openairs nicht viel los, aber da unterscheiden sich die Literaturtage wahrscheinlich von Musikfestivals.

Liveübertragung des Gesprächs beginnt. 

[13:00] Katharina Alder
Da sitzen sie... ganz brav.
[13:01] Dominik Fischer
Der Moderator Stefan Humbel scheint auch ein bisschen eingeschüchtert.

[13:01] Katharina Alder
Stefan Humbel startet das Gespräch mit einer Einleitung zu Tom Kummer, Christoph Höhtker und ihren neuesten Büchern. Schnarch.
[13:02] Dominik Fischer
Durch diese einschläfernden, lang hingezogenen Buchzusammenfassungen erfährt die Vorfreude erstmal einen Dämpfer. 
[13:01] Lorenz Ruesch
Ja, da les ich lieber das Buch.
[13:02] Katharina Alder
Ist aber auch sehr schwierig, dieses Buch sinnvoll zusammenzufassen.
[13:02] Dominik Fischer
Oh lame...... Wieso nicht grad mit dem Gespräch starten?
[13:02] Katharina Alder
Ich finde, dieser Café litteraire-Stil wird dem Buch nicht gerecht. – Ok, jetzt Kummer.
[13:04] Dominik Fischer
Ich hoffe, dass Kummer und Höhtker diesen Buchclub-Stil gleich ausm Fenster werfen. Die sitzen schon ganz missmutig da.
[13:05] Lorenz Ruesch
Das stimmt. Bald sind fünf Minuten vergangen, ohne dass einer der Autoren ein Wort gesagt hat. Erinnert mich an die uferlosen Vorstellungen von Professor*innen an Gastvorlesungen, das ist auch so ein Phänomen.

[13:06] Dominik Fischer
«Der Roman spielt mit Nähe und Distanz.» Können wir bitte die Plattitüden des Moderators beiseite lassen und die Stars zu Wort kommen lassen?!
[13:06] Katharina Alder
Christoph Höhtker sieht aus wie der Götti meines Sohnes. Schon mal sympathisch.
[13:06] Dominik Fischer
Du bist offensichtlich parteiisch. ;)
[13:07] Katharina Alder
Oh, Seitenhieb. Tom Kummer gefällt Höhtkers Buch «aus ganz anderen Gründen als du [Stefan] gesagt hast.» Autsch.
[13:07] Lorenz Ruesch
«Wer von euch hat von wem abgeschrieben?». Keine schlechte Einstiegsfrage.
[13:07] Katharina Alder
Ja, aber die Bücher sind extrem unterschiedlich. Bei dieser Frage geht es natürlich auch um den «Stil» von Kummer, der ja der Plagiatskönig war...
[13:07] Dominik Fischer
Ja, Kummer grätscht grad mal schön in den Aufbau des Moderators und switcht grad zu Burroughs und psychedelischer Literatur. - Gangster!
[13:08] Katharina Alder
Mega Gangster.
[13:10] Katharina Alder
Kummer hat Höhtkers Buch erst grad gelesen, Höhtker Kummer heute Morgen noch husch gelesen.
[13:10] Dominik Fischer
Die beiden sind top vorbereitet.
[13:09] Katharina Alder
Kummer sieht am Schluss einen Funken Hoffnung. Bei Höhtker nicht, da wird Marc Troisier zu Wurst verarbeitet...
[13:09] Lorenz Ruesch
Gerade der Schluss von Kummers Buch hat mich nicht sehr überzeugt.
[13:10] Dominik Fischer
Jetzt kommentiert Kummer sein Verhältnis zur Schweiz: «Ich will mit der Schweiz nichts zu tun haben, sie irritiert mich, deshalb habe ich meinen Roman in der Nacht angesiedelt.» Spannend!
Schade, dass Humbel immer wieder versucht, Zusammenhänge zwischen Kummers und Hötkers Buch herzustellen. ​
[13:12] Katharina Alder
Mir ist das zu wenig. Der Moderator nimmt extrem den Wind aus der Sache raus.
Jetzt kommen die Drogen.

[13:15] Dominik Fischer
Kummer nimmt die Drogen direkt mit ins Studio.
[13:15] Lorenz Ruesch
... und platziert seine Schmerztabletten neben seinem Weinglas?
[13:16] Dominik Fischer
Kummer und Höhtker sind sich einig in der Kritik an der Benzos-Epidemie und der US-amerikanischen Drogenpolitik.
[13:17] Lorenz Ruesch
Ein Thema, das immer häufiger auftaucht in neueren Büchern... auch in Schertenleibs «Palast der Stille» am Rand zum Beispiel.
[13:20] Lorenz Ruesch
«Das sollte eigentlich gar kein konsumierbarer Roman werden.» Starke Aussage von Höhtker!
Da weiss Humbel gar nicht mehr was fragen.
[13:20] Katharina Alder
Ich bin ja so froh, dass Höhtker das sagt. Ich bin nach 20 Seiten durchgedreht und musste nochmals anfangen. Der Roman ist in der Tat nicht konsumierbar. Aber eben, wenn man keinen Druck hat, irgendwas verstehen zu müssen oder den Durchblick zu haben, ist er ziemlich geil! 
[13:22] Dominik Fischer
Cool zu sehen, wie stark sich Kummer auf Höhtkers Buch bezieht und sich in Lob ergeht. Humbel schwadroniert, Kummer und Höhtker holen mit ihrem lässigen Witz des Gespräch auf dem Boden zurück.​ Kummer übernimmt auch ein bisschen die Moderation und stellt die wirklich spannenden Fragen an Höhtker.
[13:23] Lorenz Ruesch
Ja, sie wirken wirklich angenehm relaxt und unaffektiert.
[13:26] Katharina Alder
Kummer interviewt Höhtker zu seinem neuen Buch Schlachthof und Ordnung!
[13:26] Dominik Fischer
Die beiden sind so auf einer Wellenlänge, dass es gar keine Moderation brauchen würde. 
[13:29] Katharina Alder
Höhtker nennt Toms Buch einen «dunklen Schweizer Heimatroman»!!! Treffende Analyse.

[13:29] Dominik Fischer
Kummer sieht wieder literarisches Potential in der Schweiz und findet sie auch als Wohnort wieder erträglich. 
[13:29] Katharina Alder
Genau, das langweilige Schweiz-Idyll: Immer alles rein und sauber. Die Schweiz würde mehr von Kummers Visionen vertragen: urban, düster, melancholisch. – Aber warum unterbricht jetzt der Humbel mit einem neuen Thema? Das wär doch jetzt spannend gewesen, die Schweiz als Kulisse... So kommt man null in die Tiefe.
[13:31] Lorenz Ruesch
Kummer bringt's wieder zurück auf die Mobilität und erzählt davon, wie seine Figur mit edlen Diplomatenkarren durch die nächtliche Schweiz cruisen. ​Den Innenraum dieser Luxusautos bezeichnet er als geisterhafte Zwischenwelt, die Diplomatenautos als «untouchables».
[13:32] Dominik Fischer
Spannend, die Luxusautos der Diplomatenklasse bieten sich als literarischer Zwischenort an. Dabei «fahren der Suizid und der Fährmann Charon aus der Unterwelt auch immer mit», kommentiert Kummer.
[13:33] Katharina Alder
Oh! Beides Nachttaxi-Fahrer...!!!
[13:33] Lorenz Ruesch
Das ist ja eine unerwartete biographische Verbindung: Höhtker als Nachttaxifahrer kann sich selbst sehr gut in die Erzählsituation in Kummers Buch hineinversetzen, erzählt er. Die Einsamkeit, die Kummer bei seinen nächtlichen Autofahrten durch die Schweiz schildert, hat Höhtker selbst erlebt.
[13:40] Lorenz Ruesch
Humbel sieht das Schreiben irgendwie mystischer als die Autoren selber. Will es ständig künstlich überhöhen. «Hat sich da bei Ihnen was reingeschlichen» etc. Kummer und Höhtker so: «Bö. Einfach mal machen, ist lustig.» Irgendwann kann diese laid-back-Attitüde auch ein bisschen viel werden, nicht? Verkauft sich Höhtker da nicht bewusst unter seinem Wert? Aber er ist mir trotzdem sehr sympathisch.
[13:43] Kathrin Alder
«Das Trauma des Nichtverstehens in seinen Büchern weiterverarbeiten.» Ich fühl mich ganz zu Hause bei Höhtker.
[13:45] Dominik Fischer
Flucht innerhalb des eigenen Landes wird zum Thema, die trostlosen Orte der Schweiz mythisch aufzuladen, das ist es, was Kummer versucht und ihm mit seinem «fantastischen Realismus» gelingt. Die Schweiz anders anzusehen, das ist vielleicht das Mittel, was Kummer braucht, um sich mit der Schweiz wieder anzufreunden.
[13:45] Lorenz Ruesch
Der harte Boden Schweiz vs. die Traumwelt Hollywoods.
[13:48] Kathrin Alder
Nun geht es um den Schreibprozess. Das Schriftsteller-Idyll an der Schreibmaschine. Macht die Ablenkung die Autor*innen zu schlechteren Schriftsteller*innen?
Oh, Dissonanz... Tom Kummer muss sich zwingen zu schreiben und quält sich. Schreiben als Kampf oder Spass?
[13:47] Lorenz Ruesch
Er muss sich «durch schlechte Sätze quälen», kommentiert Kummer. Erfrischend ehrlich, alle beide.
[13:47] Katharina Alder
Ich finde, diese beiden Ansätze widerspiegeln sich in ihren Büchern.
​[13:49] Dominik Fischer
Kummer sehnt sich jedenfalls zurück an seine Olivetti. 
[13:49] Lorenz Ruesch
Ich glaube nicht, dass Schlachthof und Ordnung von Hand oder auf Schreibmaschine geschrieben hätte werden können.
[13:50] Dominik Fischer
Höhtker ist da sehr schlicht, spielt das runter, das klingt so als ob der die Bücher am Computer einfach runter tippt. 
[13:50] Kathrin Alder
Aber ich kann mir gut vorstellen, dass er das auch macht. Die Texte klingen schon so. Der hat eine lustige Idee und haut sie rein.
[13:52] Dominik Fischer
Promptes Ende. Da hätte man (wie so oft an diesen knapp bemessenen Veranstaltungen an den SLT) noch länger zuhören können. Stark war das Gespräch v.a. dort, wo Kummer und Höhtker in den Dialog traten und Humbel ein wenig im Hintergrund trat. Beachtlich auch Kummers Interview-Fähigkeiten mit seinen spannenden Fragen an Höhkter und Höhtkers unglaubliche Gelassenheit.

Traduttore, Autore !

À la lecture de Béton armé de Philippe Rahmy, le texte nous frappe. Le rythme est travaillé. La succession de phrases courtes, les séries de virgules et les phrases longues amènent au constat suivant : la ponctuation n’est pas laissée au hasard. On devine, sans connaître l’auteur, qu’il est poète. Viennent alors, quand on songe à la traduction possible, tant de questions : comment rendre les sonorités ? Comment conserver le rythme ? Comment rendre l’émotion ?

On arrive à la conférence, avec ces interrogations bien en tête. Mais rapidement, le couperet tombe. La vidéoconférence nous limite. Pas d’espace de discussion, pas de question. Le suspense est à son comble : est-ce que les traducteurs vont répondre à mes questions ?

La séance commence. On présente les intervenants. Pierre Lepori prend la parole et présente Luciana Cisbani, traductrice expérimentée travaillant pour de grands éditeurs italiens, puis Yves Raeber, décrit comme un homme de théâtre. Il s’est mis à la traduction français-allemand sur le tard.


Pierre Lepori présente alors au public un extrait de Béton armé, lu par l’auteur. Les questions reviennent. Les intuitions semblent se confirmer par la déclamation de l’auteur lui-même.

Les traducteurs commencent à rentrer dans le vif du sujet. Luciana Cisbani évoque son expérience avec Pardon pour l’Amérique. Je ne l’ai pas lu. Elle souligne son impression de foisonnement, de torrent de mots. Comme dans Béton armé. Il faut rendre le souffle, l’angoisse, l’engagement politique, le cheminement du texte. Bref, rendre l’émotion. Jouer avec une langue à la structure propre. Elle explicite alors : il faut qu’à la fin l’émotion soit là.

Yves Raeber, avec douceur, complète le propos. Il se décrit comme un artisan. Il explique que pour rendre cette émotion, surtout dans Béton armé, il a dû aller à Shanghaï. Il s’est imprégné de la ville. Usant du livre comme d’un guide, il ne cherchait pas tant Shanghaï que la ville décrite par Rahmy.

Puis, les traducteurs nous lisent des extraits. Luciana Cisbani ne fait pas le choix de l’épreuve : elle ne choisit pas, en premier lieu, un texte difficile à traduire. Non, elle préfère un texte central d‘Allegra, un passage qui explique le titre de l’oeuvre. Elle fait le choix du lyrisme. Son deuxième extrait est un incipit de Pardon pour l’Amérique. Lui aussi assez marquant : „À cinquante ans passés, j’en suis encore à croire à l’être humain“. À côté, six traductions possibles, aucune n’est satisfaisante pour rendre le sens, rendre le flou.

C’est au tour d’Yves Raeber. Son extrait de Béton armé est complexe. Entre tendresse et violence, le passage parle de la maladie de Philippe Rahmy : les os de verre. Yves Raeber pointe les difficultés de traduction. Le diable se cache dans les détails. „Die“ et „des“ ne sont pas égaux. Mais le déterminant indéfini allemand ne rend pas non plus l’idée. Cependant, il ne nous parle pas que des cas insolubles, mais aussi des victoires, des fiertés, comme „Buchstabensätze“ pour „les phrases“, dans „Les phrases se plantaient comme des tiges d’acier“. „Sätze“ ne suffisait pas. Le mot choisi est plus compact, plus fort. Il est à la hauteur du ressenti. Même cas pour le titre : „Panzerung“, le blindage.

Des trahisons ? Non, justement pas ! Le mot n’est pas au centre. C’est l’émotion qui prime. L’ouvrage subit une réécriture. Pierre Lepori lui dit lui-même: les traductrices et les traducteurs sont des autrices et des auteurs.

Tandis qu’en arrière-fond, j’entends les intervenants parler de leurs traductions futures ou du moins de leurs traductions rêvées, me revient à l’esprit cette phrase lue récemment : „Ne m’avait-on pas enseigné qu’écrire était une manière de lire, lire une manière d’écrire ?“ En tout cas, j’ai désormais la certitude que traduire est une manière d’écrire et une manière de lire.