Être auteur.ice aujourd’hui : un engagement multiple

Au cours d’une table ronde bilingue sur la question du rôle de l’auteur.ice dans la société, bien structurée, en présence de femmes intéressantes et engagées dans le milieu de la littérature, la modératrice Christa Baumberger propose en guise de fil rouge original et accrocheur une citation projetée à l’écran pour guider les trois intervenantes. La première, Ivna Zic est réalisatrice et autrice, la seconde, Noémi Schaub, est autrice et éditrice chez Paulette éditrice, et Nathalie Garbely est autrice et traductrice. Deux questions sous-tendent les discussions et guident les interventions : quel rôle peuvent, doivent et veulent avoir les auteur.ices ? Et comment le définir ? Pour initier les discussions, la modératrice projette une citation issue de l’hétérographe. On y parle de lieu, de voix et de lien, d’entrecroisement de lignes, de militantisme et de place publique qui permet à la voix d’être entendue. Christa Baumberger lance également les trois mots clés que sont la langue, les espaces et la collaboration. Puis, chacune des intervenantes est invitée, tour à tour, à lire un extrait de texte qu’elle a choisi pour introduire son propos. 

Pour Ivna Sic, la langue se doit d’être toujours en mouvement et interrogée, étant celle qui, par son expression, crée des étiquettes et impose des limites à la réalité. Le texte qu’elle lit retranscrit ce fonctionnement en mettant l’accent sur la nécessité de rendre visible la multiplicité des perspectives de manière simultanée et sur la question centrale du nom qui nous inscrit dans un contexte social.

Pour Noémi Schaub, c’est un lieu de rencontre que permet la langue et elle le présente à travers un extrait de la publication Quelques fleurs de Romy Colombe. K, parue dans la nouvelle collection Grattaculs chez Paulette éditrice. Cette collection, destinée à publier des écrits LGBTQIA+, veut offrir une plateforme d’expression et un safe space pour les personnes encore minorisées. 

Pour Nathalie Garbely, le lien est important puisqu’il s’agit toujours, dans l’usage de la parole, d’emprunter la langue collective et d’une ré-interrogation permanente de l’imaginaire qu’elle véhicule. À travers la lecture d’un poème personnel nommé Passer le seuil de la pudeur, elle joue sur la polysémie des mots et les significations des expressions françaises telles que la droite décomplexée ainsi que l’image de la montagne comme symbole de l’immobilisme de certaines pratiques linguistiques en Suisse. Elle interroge également la notion de pudeur dont l’usage au cours du temps a perpétué la perspective sexiste et dont l’origine sémantique latine l’oppose à la virilité. 

Au terme de ces discussions très enrichissantes, les intervenantes ont résumé leur perception du rôle de l’auteur.ice dans la société comme étant éminemment pluriel et rappellent par leurs parcours riches que l’engagement, bien que passant essentiellement par les lieux de rencontre et d’interrogation qu’ouvrent les mots, peut revêtir autant de casquettes qu’il existe d’auteur.ices.