Voyage à travers l’Aar

Me revoici au bord de l’Aar, cette fois-ci avec Marion Graf. De langue maternelle française, elle passe son bac à la Chaux-de-Fonds et étudie les langues anciennes. Durant son gymnase elle se passionne pour les langues et commence à étudier l’italien et l’anglais.  Elle s’intéresse ensuite au russe et son mystérieux alphabet. Le monde soviétique était encore fermé à cette époque (sous Brejnev) et donc intriguant. Les langues la font voyager et s’ouvrir au monde. Elle étudie à l’université de Bâle et tombe amoureuse de la ville. C’est là qu’elle apprend le russe et l’espagnol. Elle étudie également Voronej.

Nous discutons de ce qu’est une bonne traduction. Elle doit conserver l’émotion du texte original. Par exemple, si l’humour fonctionne en traduction, c’est le signe qu’elle est réussie. D’ailleurs, Marion Graf s’intéresse tout particulièrement à l’humour et à l’ironie.

Nous évoquons les difficultés qu’elle rencontre. Le vocabulaire peut effectivement être complexe à retranscrire. Il y a aussi certaines notions, spécifiques à une langue, qu’il est difficile de traduire en français sans heurter le lecteur. Quand elle traduit du russe, elle fait face à un problème ethnographique. Comment expliquer – en français – un terme russe sans pour autant alourdir le texte d’un éclaircissement encyclopédique ?

Les répétitions posent problème lorsque l’on traduit de l’allemand, qui les aime alors que le français les évite. Il faut donc comprendre le but des répétitions et aussi l’effet qu’elles ont lors de la lecture avant de les traduire. Il n’est pas nécessaire de les retranscrire si cela heurte trop le français. Parfois il faut oser certaines choses et parfois se retenir, c’est là que réside le défi du traducteur.

Marion Graf varie sa façon de traduire selon le genre. Si c’est de la poésie, elle aime la lire dans tous les sens avant de s’attaquer à la traduction. Si c’est de la prose, elle aime avancer au même rythme que le lecteur en faisant une traduction au kilomètre pour y revenir par après. Elle aime procéder ainsi car cette méthode rend la traduction vivante. Elle préfère rester en surface pour ne pas se laisser d’emblée emporter par l’intrigue.

Marion Graf ne se laisse relire par l’éditeur qu’une fois le travail terminé car lors de la traduction, tout est éparpillé, en brouillon, et change à chaque nouvelle page traduite. La traduction n’est jamais vraiment achevée, elle évolue constamment.

Pour traduire un auteur, il faut avoir de l’estime pour celui-ci. Si on ne l’aime pas, c’est très désagréable, comme de passer des vacances avec des personnes que l’on déteste. Marion Graf ne veut pas forcément rencontrer les auteurs qu’elle traduit car la littérature et le texte doivent se suffire à eux-mêmes, sans quoi il y a un problème dans l’écriture.

Les traducteurs de sa génération sont contactés par les éditeurs qui leur commandent des traductions. C’est également de cette façon qu’elle fonctionne. Cependant elle m’informe que le vent change de direction et que, de nos jours, ce sont plutôt les traducteurs qui contactent les éditeurs avec leur projet de traduction.

Marion Graf trouve qu’être traductrice est un très beau métier, enrichissant pour le développement personnel. Les choses ne se répètent jamais. Des rencontres ont lieu avec les textes et parfois avec les auteurs eux-mêmes. Le traducteur est confronté aux frontières de sa langue et doit donc repousser les limites linguistiques.

L’aspect politique de la traduction n’est pas à négliger. Qu’implique le passage d’un texte par-dessus les frontières culturelles ? La traduction peut être au cœur de affaires politiques et sociales. Elle touche donc bien plus qu’au seul domaine de la littérature.

Tobie Quartenoud

Z-W-E-T-S-C-H-G-E-N-K-N-Ö-D-E-L-T-A-G

Für ihren Roman Tauben fliegen auf erhielt sie 2010 sowohl den Deutschen als auch den Schweizer Buchpreis. Vor einigen Tagen gewann sie nun für ihren dritten Roman Schildkrötensoldat den ZKB-Schillerpreis. Doch Melinda Nadj Abonji ist nicht nur erfolgreiche Buchautorin, sondern auch Performancekünstlerin. Zunächst scheinen die einleitenden Klänge ihres langjährigen Bühnenpartners Jurczok 1001 ungewohnt, fast unpassend. Doch sobald Melinda Nadj Abonji zu lesen beginnt, ist man mittendrin. Die beiden Stimmen überlagern sich und schaffen einen fliessenden Übergang von der Klangkunst zur rhythmisch-lyrischen Sprache, derer sich Nadj Abonji bedient. Ihre Lesung beginnt gleich am Anfang von Schildkrötensoldat, bei Zoltán Kertész, einem jungen Mann aus einem Dorf im heutigen Serbien. Es ist die Region, aus der die Autorin selbst stammt.  Der Roman wird nicht nur mehrstimmig vorgetragen, er ist es auch selbst. Die Perspektiven von Zoltán und seiner Cousine Anna, die in der Schweiz lebt, wechseln sich ab. Erzählt Ersterer auf eine sinnlich-poetische Weise, wirkt Letztere eher analytisch.

Zoltán erzählt vom Zwetschgenknödeltag, dem Tag, an dem er in voller Fahrt vom Motorrad seines Vaters fiel. Der Tag, an dem er zum ersten Mal das sogenannte „Schläfenflattern“ hatte. „Der Anfang vom Ende“, so sein Vater, der ihn seine Enttäuschung  deutlich spüren lässt.
Dann steht Anna in Jugoslawien an Zoltáns Grab. Sie möchte nicht bemitleiden, sie möchte verstehen. Und sie möchte wissen, wann sein Sterben begonnen habe.
War es, als Zoltáns Eltern ihn während des Jugoslawienkriegs zur Armee schickten, um „zu einem richtigen Mann“ zu werden? War es in der Kasernenküche, wo Zoltán dem Spott der Kameraden ausgeliefert ist? War es die Vorstellung des Kriegs selbst? Oder die ihn umgebende „Militarisierung der Köpfe“, auf die Melinda Nadj Abonji vergangenen Freitag am Podium Balkan-Kriege – wie geht die Literatur damit um? bereits angesprochen hatte?
„Das Schlachten und Zerstören und Töten wird uns in die Wiege gelegt, in unser Hirn gesät, bevor wir überhaupt denken können.“, so Jenő, Zoltáns einziger Freund.

Jurczoks Klänge vermischen sich mit Melinda Nadj Abonjis Stimme, die beiden Medien überlagern sich, was eine gewisse Sogwirkung erzeugt, eine Atmosphäre, die nicht erlaubt, wegzuhören. Die Mehrstimmigkeit steht in eindrücklichem Kontrast zum Verstummen des Protagonisten in der Handlung und unterstützt zugleich die lyrische Ausdrucksweise seiner Gedanken.

Was man hier gesehen hat, war nicht nur eine Lesung, sondern eine Performance zweier Künstler, welche dem Roman nicht nur gerecht wird, sondern ihn um entscheidende Facetten bereichert. Zoltáns Konservierung der Sprache in lyrisch-rhythmischen Ausdrücken wird auf eine neue Ebene geführt. Wo die Ausdrücke begrenzt sind, beginnt die Musik. Und wo die Sprache verstummt, bleibt der Klang zurück.

«Kontaktreliquien». Christian Kiening liest aus seiner Geschichte «Letzte Züge».

Wer ihn kurz zuvor im angenehm reflektierten Literaturgespräch mit Alice Grünfelder erlebt hat, wundert sich vielleicht zunächst ein wenig: Christian Kiening liest mit überraschender Dringlichkeit, gelegentlich fast atemlos. Damit erreicht er ein Tempo, mit dem er den einen oder andern vom tagelangen Zuhören hier in Solothurn ein wenig müden Schädel gelegentlich abhängt. Das ist schade, denn es lohnt sich, Kienings genau gearbeiteter und perspektivenreich zwischen Zeit- und Erinnerungsebenen sich bewegenden Prosa grösstmögliche Aufmerksamkeit zu schenken. Aber der Vortrag erschliesst seinen Text auch neu: Als so rhythmischen hatte ich ihn zunächst nicht gelesen.

Christian Kienings Buch handelt von Krieg, Tod und Flucht, von Alltäglichkeit und von Büchern, aber auch vom Erinnern, und vom Erinnern auch ans Erinnern. Zu diesem Zweck recherchiert er und arbeitet mit authentischen Dokumenten, verdichtet, überlagert, kontrastiert. Von seinen Dokumenten spricht als Kontaktreliquien; es geht ein paar Minuten, bis man verdaut hat, wie präzise dieses Bild trifft.

Er fühle sich nicht berufen zum Richter über die Vergangenheit. Seinem Sprechen und seinem Schreiben merkt man eine kluge Vorsicht an, ein reflektiertes Bestreben, die Vielschichtigkeit von Geschichte und Erinnerung nicht durch groben oder übereilten Zugriff zu reduzieren. An die Geschichte als Lehrmeisterin will Kiening nicht ohne Weiteres glauben, aber «ob es uns hilft oder nicht, es macht uns sicherlich zu reichhaltigeren Menschen.»

L’idée du bureau vide

Janvier. Un mois, froid, enneigé. Mais c’est à la fois le titre du nouveau roman de Julien Bouissoux et le nom du caractère principal.

Bouissoux débute avec une discussion, avant de nous lire un extrait de son ouvrage. Tout au début, la modératrice, Nathalie Garbely, nous raconte qu’elle a trouvé le roman extraordinaire et que, dès les premières lignes, elle était prête à se laisser emmener n’importe où.

Le public lui aussi est-il prêt à ça? Il semble que oui, d’après les visages intrigués, les sourires bienveillants. On verra bien. Il faut d’abord qu’il nous raconte de quoi il s’agit.

Le roman parle d’un homme, Janvier, qui a été oublié dans son bureau. Comme il reçoit toujours de l’argent, il se rend encore tous les jours sur son lieu de travail. Il vient pour arroser ses plantes, pour lire quelques journaux. C’est donc un roman qui a comme thème l’absurdité du héros. Même si c’est là un thème bien connu, Bouissoux trouve les moyens de le retravailler et de lui donner un nouveau visage. L’inutilité, l’oubli – Janvier les incarne parfaitement. Mais il prend de plus en plus de libertés dans son quotidien. Il fait ce qu’il aime: rien de spécial en vérité.

Avec une voix chaleureuse, très agréable à écouter, Bouissoux nous lit un extrait de son roman. Très fluide, un peu timide. Il demande au public si on l’entend, malgré sa „voix qui porte pas tellement“. Oui, tout le monde l’entend. Mieux qu’il le pense. On l’entend, on l’écoute avec un grand plaisir.

Lorsque on lui demande comment le processus d’écriture se passe chez lui, il répond que le début est souvent violent. Mais après un moment, une routine et des moments sympas s’installent. „Dans une bonne journée, j’écris quatre pages. Pas plus. C’est du jus de cerveau, après il y en a plus.“ En plus, Bouissoux s’est détaché de l’obligation de toujours écrire dans son bureau : il aime même l’idée que celui-ci reste vide. Tout en contraste avec Janvier.

Quand l’entretien touche à sa fin, une dame demande s’il ne pourrait pas encore nous lire un extrait, parce qu’elle trouve que le texte est vraiment beau. On est d’accord.

Die Verflechtung der Welt

Das Bewusstsein des Menschen als Spiegel der Natur: eine traditionsreiche Metapher in der Philosophie, die über vier Jahrhunderte Erkenntnistheorie bewirtschaftet und Ende der Achtzigerjahre von Richard Rorty minutiös zerpflückt wurde. Bis heute haben unzählige turns – sprachliche, historische, kulturelle – eine Wand nach der anderen zwischen uns und der Welt aufgezogen. Zumindest eine Einsicht teilen sie: Repräsentation ist keine einfache Sache. Natürlich weiss das nicht nur die Philosophie, sondern auch die Literaturwissenschaft – und nicht zuletzt die Autorinnen und Autoren selbst. Barbara Schibli ist eine von ihnen. Im prächtigen Theatersaal des Stadttheaters Solothurn, dessen mit rotem Samt bezogene Sitze vollzählig belegt waren, las Schibli aus ihrem viel beachteten Debütroman „Flechten“, moderiert von Valeria Heintges.

In „Flechten“ kehrt Barbara Schibli das erkenntnistheoretische Paradigma des 17. Jahrhunderts um. Nicht der Mensch fungiert als Spiegel der Natur, vielmehr wird die Natur zum Spiegel des Menschen:

„Man meint, ein Stück unbekannte Natur zu beobachten, dabei ist es ein Teil von einem selbst.“

Die Hauptfigur Anna ist Flechtenforscherin und absolut besessen vom akribischen Zerlegen, Sammeln, Ordnen und Beschriften der Welt. Durch Annas Augen sehen wir nicht nur die im Roman erzählte Welt, sondern nehmen auch die Perspektive einer Botanikerin auf die Natur ein. Leta wiederum, Annas Zwillingsschwester, kann nicht aufhören, die Welt durch ihre Kameralinse einzufangen und auf Fotopapier zu bannen. Motiv ist ausschliesslich ihre Schwester, eine idée fixe. In präziser poetischer Sprache, die den fein säuberlich zerlegenden Gestus der Erzählfigur nachzeichnet, spinnt „Flechten“ die Geschichte einer zerstörerischen Symbiose zweier Frauen, die in einer festen Umarmung um ihre Unabhängigkeit kämpfen. Beide versuchen sie, im zielgerichteten, analytischen Blick auf die Welt ihrer hilflosen und unbeholfenen Verstrickungen Herrin zu werden – und scheitern.

Über zehn Jahre habe sie an dem Text geschrieben, sagt Barbara Schibli. Schreiben, das sei für sie ein spielerischer, wenn auch keineswegs ein harmloser Prozess. Es sei ein dauerndes Tasten und Suchen, auch nach sich selbst. So beschreibt der Text in Kreisbewegungen die Suche nach Identität, die sich im Oszillieren zwischen Annähern und Abgrenzen formt und deren Gestalt dadurch in stetiger Veränderung begriffen ist. Die Beziehung des Zwillingpaares Anna/Leta zeigt in drastischer Weise, wie fragil Identitäten beschaffen sind. Anna versucht sich vehement gegen Letas Übergriffigkeit zu wehren, scheitert jedoch auch an ihrem eigenen Begehren, gesehen und anerkannt zu werden. Leta hingegen schafft es nicht, sich von ihrer Fixierung auf ihre Schwester zu lösen, wodurch es ihr verunmöglicht wird, sich persönlich wie auch beruflich weiterzuentwickeln.

Geschickt flicht Schibli in die Erzählung dieser vielmehr parasitären Zwillingsbeziehung Reflexionen über aktuelle ökologische, politische und soziale Problemstellungen, die sich aus der ausbeuterischen Gestaltung der Beziehung des Menschen zu seiner Umwelt ergeben: Luftverschmutzung, Bienensterben, Digitalisierungsprozesse, das narzisstische Kreisen um das Selbst der Selfiekultur, kunstvolle Spiegelungen des Identitätstopos, die im Motiv der Zwillinge und der Flechten zusammengeführt werden. Ausserdem lässt Schibli sichtbar die Techniken eines weiteren Mediums einfliessen: Sie sei eine grosse Filmliebhaberin. Dies zeigt sich an den vielen Überblendungen, Raffungen und Dehnungen der Zeit, die sie gekonnt in die Komposition eingearbeitet hat. Spannung wird gerade nicht mittels der Handlung, sondern durch ebendiese komplexe und kunstreiche Erzähltechnik erreicht.

Gespannt darf auch das Publikum sein, nämlich auf Barbara Schiblis nächsten Roman. Es bleibt nur zu hoffen, dass sie dieses Mal nicht mehr ganz so lange zum Schreiben braucht – ich kann es nämlich kaum erwarten, weitere Bücher von dieser bestechend klugen und sympathischen Schriftstellerin in die Finger zu bekommen.

„Sonst noch Wünsche, Sir?“

„Guten Morgen, Sir. Es ist Zeit aufzustehen.“ Weich und verführerisch haucht eine angenehme Frauenstimme diese Sätze dem noch vom Schlaf benebelten Protagonisten von The Andromeda Stream ins Ohr. Ende der 60er-Jahre schreibt Michael Crichton diese Zeilen, die von einem fernen Zukunftstraum erzählen, den mann sich in Pastell ausmalt und jäh platzt, als die Hauptfigur darüber in Kenntnis gesetzt wird, dass die Sprecherin stattliche 63 Jahre zählt.

Es ist Kathrin Passig, Autorin und Chatbot-Aktivistin, die in Solothurn am letzten Workshop des Zukunftsateliers zu Chatbots endlich auf den Elefanten im Raum hinweist: Westworld. Wenn es ein Stück zeitgenössische Popkultur gibt, dem der Diskurs zum Thema „Mensch und Maschine“ nicht mehr entgehen kann, ist es dieses dystopisch-visionäre Serien-Meisterwerk der Science-Fiction, das auf der Romanvorlage von Crichton basiert. Die Frage, die gleichermassen den Drehpunkt der Zukunftsatelier-Seminare wie auch der Serie bildet, lautet: Wie viel Mensch steckt in der Maschine?

Antworten auf diese Frage ziehen Konsequenzen nach sich, deren Tragweite nur im Ansatz ermessen werden kann. Das Seminar zur „Genderfrage“ beleuchtet den Einfluss von Genderstereotypen auf die Entwicklung von Chatbots und gewährt Einblicke in die aktuellen Debatten und Forschungsstände. Vor Ort ist Kristina Kutke, Botautorin und Akademikerin mit Forschungsschwerpunkt „Interaktion Mensch – Maschine“, die sich mit dem Geschlecht von Digital Assistants auseinandersetzt. Was sie berichtet, gibt zu denken: Alexa, Siri, Cortana und eine weitere bestechenden Mehrheit der digitalen Helferlein sind weiblich. Ihre Weiblichkeit spiegelt ein einziges Klischee, das der servilen, sorgenden und stets hilfsbereiten Frau. Der Chatbot als Mutterersatz? Da hätte sich Freud selbstgefällig die Hände gerieben.

Doch die klischiert weibliche Charakterisierung von Digital Assistants ist nicht nur im Hinblick auf ihre Reproduktion von Gender-Stereotypen und mütterlichen Männerfantasien bedenklich. Wenig überrascht es, dass jene menschlichen Begehren nach Wärme, Zuneigung und Geborgenheit von ökonomischen Interessen ausgebeutet werden: Frauenstimmen bringen mehr Geld ein. Ausserdem spiegeln sie den Nutzer_innen Souveränität und Kontrolle vor: „We want our technology to help us, but we want to be the boss of it.“

Spätestens wenn man durch die Praxis über die Möglichkeit von sexuell belästigendem Verhalten gegenüber Digitalen Assistentinnen nachzudenken gezwungen wird, kommt man an ethischen Fragen nicht mehr vorbei. Auf anzügliche Sprüche reagieren Alexa und Co. ihrem Profil gemäss geschmeichelt bis neckisch tadelnd. Einen #MeToo-Post darf man von ihnen nicht erwarten. In der Folge drängt sich die Frage auf, wie sich der Rückkoppelungseffekt der virtuellen Interaktion auf die analoge soziale Interaktion auswirkt. Eine Übertragung und Legitimierung sexistischen Verhaltens auf den Alltag liegt quasi auf der Hand. Dies lässt sich besonders bei Jugendlichen nachweisen, bemerkt Katkute, da diese Chatbots vorallem als Begleiter_innen ihrer Entwicklung erleben.

An dieser Stelle endet jedoch der dystopische Tunnelgang. Engagiert und begeistert diskutieren Katkute, Passig und der Moderator Roland Fischer, wie Gender von Bots richtig eingesetzt auch positive Auswirkungen haben und sogar dazu dienen können, Klischees aufzudecken und den Diskurs umzuprägen. Oder aber auch, wie damit lustvoll herumgespielt werden kann. Gegen Ende der Diskussion verdüsterten sich die Aussichten dann aber doch wieder. Nicht nur, weil die Ausbeutung von Sexrobotern und autarke Künstliche Intelligenzen problematisierte, sondern weil immer mehr Fragen unbeantwortet blieben: Gibt es eine ethische Pflicht gegenüber Robotern? Inwiefern kann man von der Identität eines Roboters sprechen? Was ist so bedrohlich an der Tatsache, dass manche User_innen Chatbots nicht als solche erkennen, sondern sie für Menschen halten?

Mit rauchenden Köpfen schreiten wir über die Kreuzackerbrücke zurück zum Redaktionsbüro und sind uns einig: das war ein wirklich gelungenes Podium.

Shantala Hummler, Mia Jenni

Ce que peut la littérature face à notre présent

Exploration du flux de Marina Skalova, c’est une grosse vague qui vient à la fois balayer l’actualité politique, sociale et littéraire. En traitant de la migration et de la manière dont les médias transmettent les informations, il ne s’agit pas uniquement d’interroger le présent mais également d’expérimenter l’«écrire maintenant» : comment user habilement du langage et questionner les mots que l’on met sur les événements lorsqu’on est soi-même soumis à ce réel ?

Une œuvre littéraire avant tout

Lorsqu’on demande à Marina Skalova si son texte possède une dimension pamphlétaire, elle nous répond que tout travail sur la langue se veut autant artistique que socio-culturel : «Bien sûr qu’il y a un point de vue à partir duquel j’écris», affirme-t-elle, mais c’est la forme qui sert au propos et non l’inverse. La forme tente de répondre à la question qu’elle pose, à introduire le trouble en mélangeant les voix, en laissant dériver les phrases jusque vers l’absurde. Le texte glisse, dérape et traduit le flux car «la vie est flux», elle est mouvement, écoulement et il faut tenter de lutter contre le tarissement, il faut empêcher que la verve s’assèche.

Pas seulement le langage, aussi le corps

Au-delà du flux médiatique ou migratoire, il y a avant tout le flux sanguin, première source de vie. Lorsqu’une artère se bouche, on peut soit constater l’obstacle, soit dévier la course. Avec les mots c’est pareil, on peut figer un sens, remobiliser toujours la même lecture des termes ou on peut réinventer un langage et montrer que l’on se sent concerné : (se) mettre des frontières, explique Marina Skalova, c’est en quelque sorte «signer un arrêt de mort». Les médias ont cette tendance à hiérarchiser les informations, à choisir la proximité comme critère d’intérêt et à évacuer les eaux qui ne nous concernent pas directement. Exploration du flux tente de remettre du corps dans les mots, de décristalliser le langage en appelant à l’empathie puisque la détresse de l’autre nous renvoie à nos propres limites : «La colère se transforme en paralysie». Lorsque la singularité se dissout, annihilée par l’afflux des propos sur les réseaux sociaux, par la langue, c’est le corps qui la fait resurgir et engendre une nécessité personnelle de dire.

Prendre la parole

Lorsqu’on aborde le rôle de l’art, de la littérature, c’est le mythe de l’intellectuel engagé, celui qui éveille les foules à la simple force de ses mots, qu’évoque l’auteure. On croit souvent – on veut y croire en tout cas – qu’il «suffit de prendre la parole» pour faire changer les choses mais ce n’est jamais aussi simple que ça. «Les mots ne seront jamais assez forts pour être à la hauteur de ce qui est en train de se passer aujourd’hui». La configuration du texte en deux parties prend tout son sens et reflète les différentes phases de création : l’une pour parler et pour renvoyer le lecteur à ses propres responsabilités, et l’autre – séparée par le silence et la prise de recul – pour constater «l’incapacité de poursuivre ce texte en raison de la violence de ce qui est arrivé, l’impuissance des mots».

Florine de Torrenté

Die Kritik der kritischen Literaturkritik. So halb in eigener Sache.

Diese Veranstaltung zielt gleichsam close to home. Philipp Theisohn und Thomas Hunkeler führen, von Beat Mazenauer launig moderiert, in der Säulenhalle des Landhauses ein angenehm differenziertes Gespräch über die Lage der Literaturkritik.

Dabei geht es auch ganz explizit um die Rahmenbedingungen dieses Blogs. Einige von uns reden nämlich mit, erfahren wir vor Ort, als wir in die vorderste Reihe bugsiert werden. So be it! Wir bemühen uns, die eigene Schreiberfahrung auf halbwegs aussagekräftige Beobachtungen über das Verhältnis von Kritik und Wissenschaft hin zu schröpfen. Die Eindrücke kontrastieren die beiden Pole: Es ist ein schnelleres Schreiben; es muss angesichts viel engerer Zeithorizonte auch mal einfach mit einem Text zufrieden sein. Auch das spontane Reagieren jenseits des sicheren Hafens schon längst kanonisierter Literatur fordert heraus. Das sind ganz andere Druckverhältnisse. Genug Nabelschau aber, denn es geht um Literaturkritik auch im viel weiteren Kontext.

Nachdem eine störende Vase aus dem Sichtfeld genommen wird, darf es auch ein wenig unverblümt hergehen. Die Zeiten der strahlkräftigen Literaturbeilagen scheinen passé. Ein Grossteil der Neuerscheinungen verteilt sich auf «kleine, sehr kleine und winzige Verlage». Die Aufmerksamkeit für Literatur schwindet.  Nostalgische Loblieder auf die gute alte Zeit kommen zum Glück trotzdem nicht auf, sind auch ohnehin nicht erwünscht, «Ich werd’ sonst so pathetisch», so Philipp Theisohn. Erfreulich klischeefern werden dementsprechend Problemfelder durchquert, von grossen Markteinbrüchen bis zu den Details regionalspezifischer Literaturszenen. Affektlagen und Selbstbilder einer zeitgenössischen Kritik sind da ebenso relevant wie Tücken und Möglichkeiten sozialer Medien. Dabei kommt mehr Abwägen als Programmatisches raus. Ganz düster schaut es ja auch nicht aus. Literaturkritisches Schreiben, so hofft man hier, kann auch eine neue Perspektive auf’s literaturwissenschaftliche Schreiben generieren, und umgekehrt. Potentiale habe die Literaturkritik allemal; ihr kommt es unter anderem zu, neue Bücher zu selektionieren und  einen gut informierten breiteren Diskurs herzustellen.

Gut informiert sind aber nicht nur die beiden Männer auf dem Podium, auch das Publikum bringt kenntnisreiche und kluge Wortmeldungen mit ein – es setzt sich aus gut informierten Laien, aber auch vielen Medienschaffenden zusammen. Podium und Publikum scheinen sich einig in ihrer Liebe zu zeitgenössischer Literatur. Das stimmt milde optimistisch.

L’art de traduire

J’ai eu le privilège d’interviewer Luzius Keller à l’ombre d’un arbre, assis sur un banc au bord de l’Aar. Luzius Keller est de langue maternelle allemande. Il a étudié les langues romanes à l’université. Dès son plus jeune âge il était en contact avec plusieurs langues, le romanche et l’italien notamment. Passionné par les langues, il choisit de s’orienter vers la littérature.

Luzius Keller arrive à la traduction à travers l’enseignement. Souvent il demande aux étudiants de traduire un texte avant de l’interpréter. Il faut rentrer en profondeur dans le texte, être précis, analyser la syntaxe et s’arrêter sur chaque mot et être sûr de les comprendre. Pour traduire, il ne faut pas se fier à sa seule compétence linguistique mais au contraire user et abuser du dictionnaire pour éviter tout malentendu, pour tout vérifier afin de saisir le plus correctement possible l’intention de l’auteur.

Nous discutons ensuite du processus de traduction. Il faut lire et relire, même lire à voix haute pour entendre la musicalité et le rythme du texte, que ce soit en poésie ou en prose. La traduction est avant tout un travail de lecture en profondeur du texte. Il est nécessaire de capter l’intention de l’auteur dans un premier temps avant de pouvoir s’attaquer à la traduction.

Nous abordons ensuite la traduction de Proust. Il y a de grandes difficultés de vocabulaire et de syntaxe. Les phrases sont très longues et commencent souvent par plusieurs subordonnées avant que la principale apparaisse. C’est une possibilité que la langue allemande n’offre pas. Il faut trouver des astuces pour respecter ce type de syntaxe. Chez Proust, la pointe, généralement un nom, est à la fin de la phrase. Dans les propositions en allemand, c’est le verbe qui est à la fin, il est donc très difficile de retranscrire exactement la même chose. Luzius Keller veut traduire tout en respectant la langue allemande et c’est un point qui lui tient à cœur. Il essaie de rendre au lecteur germanophone ce que le lecteur francophone ressent lors de sa lecture. C’est une impression générale qu’il faut faire ressentir, un tout.

Luzius Keller s’est intéressé à Proust un peu par hasard. Ce sont d’abord ses professeurs qui lui l’ont enseigné. Plus tard, il fait de même avec ses étudiants, il leur propose des exercices de traduction de Proust qu’il publie dans la NZZ. L’éditeur Suhrkamp lui demande de continuer ce projet et Luzius Keller s’attaque à cette entreprise de grande envergure. Il apprécie Proust mais n’aurait pas forcément voulu le rencontrer en personne. « Pourquoi le rencontrer ? » me demande-t-il. Le texte doit se suffire à lui-même, c’est de la littérature.

Luzius Keller me parle ensuite d’un recueil de Chappuis auquel il a participé en traduisant ses poèmes, qui ressemblent à des haïkus, en allemand. La forme est complexe à respecter car en allemand il est difficile d’être aussi bref qu’en français. Il y a donc un problème visuel qui s’ajoute pour le traducteur. Selon Keller l’œil lit aussi et le visuel est important, que ce soit en poésie ou en prose.

Je trouve son approche de la traduction fascinante car il s’intéresse réellement à la langue et non à  l’auteur. Il la traite avec beaucoup de soin et affirme que la traduction est bien plus qu’un simple texte traduit ; elle apporte une ouverture sur la façon de penser. Proust lui a ouvert les yeux sur des choses humaines et esthétiques. La psychologie proustienne est un vrai univers auquel on adhère ou pas, mais qui nous force à réfléchir.

Tobie Quartenoud

Le poème est un jet de pavé (1/2)

Extraits d’entretien avec Jean-Christophe Bailly (1ère partie)

Un arbre en mai est une publication de 2018 sur Mai 68. Pourtant, ce livre  n’a rien de commun avec les centaines de publications qui doivent marquer la commémoration des événements de Mai 68. « On a une manie stupide de la commémoration en France, on fête une déclaration de guerre, c’est absurde, s’il y a bien une chose à ne pas fêter c’est ça. » Pas de commémoration donc dans ce texte, mais quelque chose de Mai 68 dans ce texte tout de même. Un décor, un moment, une couleur, des odeurs qui accueillent les souvenirs d’un Jean-Christophe Bailly de 19 ans, étudiant à Nanterre. « C’est étonnant, on se souvient de certaines choses avec une extraordinaire précision, des noms, des visages, des lieux, parfois insignifiants, comme une entrée d’immeuble ; et d’autres sont totalement oubliés. » Initialement, ce texte devait être la suite d’un récit autobiographique, le tome 2 des Tuiles détachées (Mercure de France, 2004). Mais il l’a arrêté net, « par lassitude, sans doute ».

Rêver penser agir sont trois verbes qui ne se recoupent que dans une certaine période comme celle de Mai 68.

En 2017, à l’occasion du Banquet du Livre, un festival littéraire dans un village de l’Aude (près de Narbonne, en France), on l’invite à écrire un texte sur le thème Rêver penser agir. Il décide de reprendre ce texte. «Rêver penser agir sont trois verbes qui ne se recoupent que dans une certaine période comme celle de Mai 68.» Ces années 60 et 70, pour Jean-Christophe Bailly, c’était aussi un moment d’expérimentation et d’ouverture artistique et culturelle très important : « Le free jazz, le Pop art étaient deux exemples de cette ouverture. » L’art en premier pour Bailly qui rejette l’anticulture aveugle des maoïstes, qui fréquente les galeries, étudie le monde par flânerie, n’aime pas l’université : « Je me suis senti étudiant en Mai 68 et c’est tout, d’ailleurs j’ai eu un engagement politique fort à ce moment-là, mais cela prenait du temps et j’ai fait un choix : avant tout, il y avait la lecture. » Ce choix a conditionné l’écrivain qu’il est devenu. Comme Deleuze quelques années plus tard, comme Breton quelques années plus tôt. Et Apollinaire bien sûr. « Apollinaire aurait pu écrire des poèmes sur la courbe esthétique que fait le pavé lancé par une jolie jeune femme » s’amuse Bailly lorsque je lui propose d’imaginer Apollinaire en 68. Cela lui rappelle un texte, un de ses premiers poèmes, écrit en 73, qu’il aurait préféré oublier mais qu’il accepte de me réciter de mémoire : « Le poème a conçu la suprématie de sa forme dans le jet d’un pavé ». Le poème est un jet de pavé, Mai 68 fut un festival poétique.

(2ème partie de l’entretien à propos de L’élargissement du poème et de l’état de la poésie)