Umgekehrte Evolution

Zu Beginn ein Geständnis: Ich weiss nie so recht, was ich im Vorfeld von Spoken Word Performances zu erwarten habe. In einer der letzten Veranstaltungen der Solothurner Literaturtage stellt Jens Nielsen Abschnitte aus seinem Programm «Auseinander fallen» vor und versetzt das Kino im Uferbau in eine heitere Stimmung.

Jens Nielsen betritt die Bühne nach einer kurzen Vorstellung von Pablo Haller und stellt die grosse Frage: «Unsere Evolution ist nicht zu Ende, aber wo gehen wir hin?» Die Ruhe im Kino entspricht in etwa dem Gewicht dieser existenziellen Frage. Bevor sich mein Eindruck, die Performance könnte ausschliesslich ernste Themen behandeln, festigen kann, fährt Jens Nielsen fort: «Wird eine neue Affenart aus dem Menschen entstehen?» Das Publikum wird durch die blosse Vorstellung dieser Zukunftsvision in Lachen versetzt, was das Szenario nicht weniger möglich machen soll.

In den darauffolgenden 40 Minuten machen wir gemeinsam mit dem Ich, von dem Jens Nielsen erzählt, alles durch: Die akribische Beobachtung einer in Gefahr geratenen Fliege durch eine:e Fahrer:in und ihrer einseitigen Konversation, das Unverständnis gesellschaftlicher Konventionen, wie beispielsweise, wann und wo man sich hinsetzt oder steht. Krönend ist wohl die Geschichte, wie dem Ich ein Blumentopf an den Kopf geworfen wird, nachdem es einen Vogel freigelassen hat, und bemerkt, dass es im Grunde Blumen bekommen hat.

In all den Schilderungen wirkt das Ich, das Jens Nielsen allmählich zu verkörpern beginnt, gutmütig, fast naiv, gleichzeitig aber sehr kritisch und klug. Es beweist, inwiefern alles Ansichtssache ist, indem man auf jede rhetorische Frage oder Aussage zustimmend mit «Darüber hätte ich nie nachgedacht.» antworten könnte. Mit diesen Schlussgedanken entlässt Jens Nielsen das aufgelockerte Publikum – für einige wird es die letzte Veranstaltung der Solothurner Literaturtage gewesen sein.

Le livre d’heures de Mauro Placì

Dans la frontière errante, bref recueil de poésies. Une reliure blanche, sensuelle, cousue au fil, donne envie d’explorer les poèmes dans les marges des pages blanches. Une dédicace définit l’opuscule comme un «livre d’heures», ces anciens livres de prières enluminés, comme une invitation à prendre le temps d’une lecture méditative.

Trois autres citations en exergue nous ramènent à l’origine de la lumière et de la nuit. Elles sont suivies par le premier court poème, un Rêve composé de six vers de six syllabes. Les nombres ne seront pas anodins dans le recueil. Comme dans le livre de la Genèse, des animaux sont nommés, le «ramier» ou le «renard», que l’on imagine aussi en marge des manuscrits médiévaux. L’autre poème liminaire, Le Désordre des heures, introduit des vers libres et annonce une «cordillère» de «lignes», image inversée, pour les vers poétiques, de celle des sillons que les paysans creusaient dans leurs champs.

L’imaginaire biblique et médiéval s’élargit ensuite à d’autres mythologies, dans Signe indien, ou maya, pour signifier la destruction proche du monde («un grand serpent s’apprête à gober la terre»). Mythologie plus explicitement nordique dans le poème A la source du temps, qui convoque le «grand arbre» Yggdrasill ou le sage Mímir, ou encore mythologie tsigane, avec les fées de Kechali, qui jouent le rôle des Parques tissant le destin des hommes. Interrogé par Pierre Fankhauser, l’auteur explique à l’intimité de son public soleurois que son projet initial était de produire un «recueil de légendes», mais que ce fonds s’est dissous dans un travail plus large dont il ne faut plus forcément chercher à identifier les sources. La poésie ne se veut pas hermétique, ou alors hermétiquement ouverte. L’unité thématique du recueil est donnée par l’exploration des frontières, des «rivages» ou des «rives», que le poète aime à placer dans des jeux phoniques avec les «rêves». Une expression somme toute assez héraclitéenne, qui cherche le sens dans les marges, au-delà des opposés, comme dans cet extrait de L’Or des Naufrages :

Tu déchireras les voiles de la nef

Tu défricheras la terre et le ciel

Tu marchanderas un peu d’amour contre un peu de pluie fine

Tu vivras d’un feu bref

Une autre fois il fera noir quand tu hisseras l’Étoile

au sommet de ta perte

Alors

il n’y aura plus de nuit il n’y aura plus de jour

A Soleure, le poète explique que son travail vise la fidélité, la loyauté à une intuition première, à une voix interne, parfois plus ancienne que soi, loin du brouhaha du monde. La recherche poétique apparaît ici avant tout dans les sonorités, la précision des images et des rythmes, sur les traces d’un Gustave Roud que l’auteur admire, mais aussi dans la conscience rimbaldienne que le monde ne peut jamais vraiment être dit («la vraie vie est absente»). Première publication du jeune auteur neuchâtelois, pour nous la découverte d’un petit joyau d’enluminures.

Habiter poétiquement le monde avec Felwine Sarr

Felwine Sarr est professeur d’Études françaises et francophones au département d’Etudes romanes de l’Université de Duke en Caroline du Nord. Économiste de formation, porteur d’espoir pour les générations futures, il est une des voix essentielles de l’Afrique, à l’origine d’une importante œuvre intellectuelle et philosophique (Afrotopia 2016 ; Habiter le monde 2017 ; Écrire l’Afrique-Monde 2017, avec Achille Mbembé ; Restituer le patrimoine africain 2019, avec Bénédicte Savoy ; L’économie à venir, les liens qui libèrent, 2022, avec Gaël Giraud). Felwine Sarr est aussi écrivain (Dahij 2009 ; 105, rue Carnot 2011 ; Méditations africaines 2012 ; Ishindenshin 2017 ; La Saveur des derniers mètres 2021 ; Traces – Discours aux Nations africaines 2021). Il est en outre l’éditeur du Prix Goncourt 2021, La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr. A l’occasion de son passage à Soleure, nous avons voulu l’interroger sur le versant littéraire de son travail et sur son dernier roman Les lieux qu’habitent mes rêves, Paris, Gallimard 2022.

Felwine Sarr, la notion de lieu semble revêtir une importance particulière dans votre œuvre intellectuelle et littéraire, par exemple à partir de votre essai Afrotopia ou de votre dernier roman Les lieux qu’habitent mes rêves.

En effet, dans mon premier roman déjà, Dahij, j’explorais la notion de lieu plutôt dans la perspective du retour à soi ou d’une quête de soi, permettant en même temps de sortir de soi, d’affronter et de déborder les lieux qui nous sont assignés. L’écriture visait ici à trouver un espace qui ouvre vers d’autres lieux, une hétérotopie, à travers une recherche personnelle qui explorait la verticalité ou la profondeur de soi. Je m’intéressais aux processus d’écriture pouvant être des actes de déconstruction ou de reconstruction de soi. Dans Afrotopia, qui appartient à un autre genre, celui de l’essai, j’ai voulu suggérer que d’autres lieux sont possibles pour l’Afrique, qu’elle peut habiter un espace plus vaste, chercher à faire une communauté monde. C’est une utopie, non pas une chimère, mais une utopie active, un travail sur les imaginaires bien réels, pour penser les richesses actuelles et les potentialités d’une Afrique à venir. Dans La Saveur des derniers mètres, à nouveau une œuvre littéraire, je m’aventurais plutôt vers des lieux sensibles, la dimension charnelle du monde, à travers le voyage, depuis les lieux de mon enfance au Sénégal vers des villes comme Mexico, Le Caire ou Port-au-Prince. 

Votre dernier roman met en contraste de nombreux lieux géographiques, entre le Sénégal et l’Europe. Ses chapitres convient le lecteur à de grands sauts, par exemple d’une université française à la célébration d’un vendredi saint à Varsovie, vers des lieux plus métaphysiques, notamment autour des croyances du peuple sérère. Pourquoi ces déplacements ? 

Avec Les lieux qu’habitent mes rêves, j’avais envie d’écrire un roman avec des personnages que l’on puisse suivre, à commencer par les personnages centraux, deux frères jumeaux, Fodé et Bouhel, dont le premier reste dans le pays de ses ancêtres, le peuple sérère – auquel j’appartiens –, et Bouhel qui part à la découverte de l’Europe, pour des études littéraires à Orléans et un parcours qui va l’amener à Varsovie, puis Genève. Bouhel découvre le monde à sa manière et sort transformé de ce voyage plein de promesses, avec une part de souffrance. Mais je voulais montrer qu’il existe aussi d’autres lieux possibles, des lieux en intensité, des voyages en profondeur. Ce sont ces lieux qu’explore Fodé, resté au pays, mais qui fait aussi un parcours de décentrement de soi pour devenir maître de cérémonie sérère. Je voulais suggérer encore que malgré la distance géographique, les deux frères restent liés : par exemple, même s’il n’est pas présent physiquement, Fodé aide son frère Bouhel lorsqu’il est en prison à Varsovie. Cela peut paraître étonnant, mais c’est assez naturel dans les croyances sérères.

Dans un chapitre qui fait écho au titre du livre, vous précisez les différentes modalités du rêve, le rêve éveillé qui voyage dans l’imaginaire, le souvenir de la beauté ou de l’amour, l’épreuve du corps, et la poésie, comme un rappel des quatre folies ou enthousiasmes divins du Phèdre de Platon. Pourriez-vous préciser votre rapport à la poésie, au sens large comme création ou au sens restreint comme genre littéraire?

La poésie est une force créatrice, son imaginaire permet un élargissement du monde. La poésie en vers a été mon premier geste d’écriture, par exemple dans le recueil Ishindenshin, de mon âme à ton âme. Mais si l’on reste, disons, aux belles métaphores, on ne fait pas de poésie. J’ai voulu suggérer dans ce chapitre qu’une vraie conversion est nécessaire pour ne pas rester «au seuil de la poésie», pour tendre vers cette expérience dont René Char ou Rimbaud ont saisi l’exigence de lucidité et le dévoilement. Mais en effet, j’explore de nombreux genres autres que la poésie. Il est essentiel que le signifié trouve son signifiant. Quelque chose se donne ou doit être dit, et le genre s’impose assez naturellement. Le roman convient pour un certain donné, ou pour une intuition, l’aphorisme, que j’ai proposé dans les Méditations africaines, ou encore l’essai, par exemple dans Afrotopia ou Habiter le monde. Dans tous les cas, je cherche toujours une justesse, une essentialité ou une économie du langage. 

Un aspect particulier du roman est la pluralité des voix narratives : certains personnages parlent chacun à la première personne, selon leur propre point de vue – c’est le cas de Bouhel ou de son amie Ulga -, mais d’autres personnages sont racontés par un narrateur externe, à la troisième personne, dans le cas de Fodé. Pourquoi ces choix ? 

Oui, Bouhel parle à la première personne, c’est en quelque sorte le personnage central que l’on suit à travers le roman, et le narrateur externe me permettait de mettre un peu plus de distance par rapport à Fodé. Mais le plus important pour moi était de montrer les chemins parallèles et différents de deux jumeaux monozygotes. D’une part l’altérité des deux jumeaux, d’autre part l’altérité à soi ou l’auto-altérisation de Bouhel, mais aussi celle de Fodé. Ce dernier, s’il n’a pas forcément choisi de succéder au maître de cérémonie Ngof, n’est pas figé dans son identité. Il explore le milieu sérère, ses expériences le changent. Le rêve joue ici un rôle important. Je voulais vraiment proposer une réflexion sur l’identité, l’ipséité, qui ne se réduit pas à un point fixe ou figé. D’autre part, le roman se voulait une réflexion sur la fraternité. Dans le Livre de la Genèse, le premier couple de frères amène à un fratricide. Dans ce récit, je voulais montrer un autre rapport de fraternité, qui ne se limite pas au lien biologique, mais se construit sur l’ensemble du roman.

Précisément, Bouhel, après certaines épreuves, va trouver du réconfort lors d’une retraite dans un monastère bénédictin, en Suisse. Il y rencontre le Frère Tim. Malgré leur différence d’appartenance religieuse, ils sont très proches dans leur réflexion sur la foi. Bouhel lit des mystiques chrétiens ou musulmans, comme Maître Eckhart ou Rûmi. Vouliez-vous suggérer un rapprochement possible entre les religions ? Et pourquoi la Suisse ?

Oui, la Suisse est le lieu de résidence de Bouhel au début, au milieu et à la fin du roman, mais dans une temporalité non linéaire du récit. Le roman s’ouvre en quelque sorte par la fin, et retrace ensuite l’histoire à travers les rêves de Bouhel. Il a trouvé dans ce lieu calme de lacs et de montagnes un refuge, qui lui permettra peut-être de prendre un nouveau départ, de commencer une nouvelle histoire. Pour ce qui est du monastère, c’est un lieu qui se prête à la méditation. Pour l’anecdote, je suis venu à Genève une première fois pour voir un ami et une autre fois pour le Salon du livre. J’avais été logé sans le vouloir dans une même rue, ce qui a peut-être influencé cet aspect de circularité de mon récit. En ce qui concerne les religions, j’ai eu l’occasion d’explorer diverses traditions comme le soufisme ou le bouddhisme. Mais dans ce livre j’avais à cœur d’instaurer un dialogue entre la cosmologie sérère et la mystique chrétienne. 

On suit de près dans le roman toute la préparation de la cérémonie du Ndut dans la tradition sérère, dont Fodé est devenu le nouveau maître. En même temps, dans cette fragmentation des lieux, on se retrouve par exemple, après le rite sérère, non pas dans la sagesse de Maître Eckhart, mais dans le délire mystique de Vladimir qui se met lui-même en danger, ainsi que sa famille. Qu’est-ce que la voix de Vladimir veut signifier dans le roman ?

Il était important pour moi de représenter les cosmologies et les croyances sérères. Malgré certains récits qui pourraient surprendre le lecteur, montrer leur caractère de dignité. L’épisode d’initiation pour Fodé continue par exemple au-delà de la mort de son maître, Ngof. Au septième jour, il doit sortir de son corps pour aller à la cime de l’arbre afin de terminer l’initiation. Il n’y a rien à prouver, c’est une croyance naturelle pour le peuple sérère. En revanche, pour ce qui est de Vladimir à Varsovie, le frère d’Ulga, c’est assez différent. Il souffre de graves problèmes psychologiques, il est sur une ligne de crête. Le pas vers la folie peut être très vite franchi. Mais Vladimir a tout de même quelque chose à dire. Sa vision du monde néolibéral par exemple n’est pas fausse. Il n’y a pas de parole interdite. 

J’aimerais vous poser une dernière question sur l’engagement de l’écrivain. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur le livre de Boubacar Boris Diop, Murambi, le livre des ossements, qui a choisi la forme du roman pour décrire les crimes du Rwanda de 1994 et le déchirement d’un peuple frère. Le Rwanda vit aujourd’hui à nouveau en paix. Est-ce un signe d’espoir de fraternité, dans la ligne de votre travail ?

Murambi est un texte magnifique, très important. En 1998, quatre ans après le génocide, une dizaine d’écrivains africains ont été invités à Kigali pour un séjour d’écriture, un travail de réflexion et de mémoire. Pour la question de l’engagement, on a eu souvent tendance à distinguer deux courants dans la littérature africaine postcoloniale, des écrivains qui mêlaient l’existentiel et le politique, et une nouvelle génération d’écrivains qui seraient désengagés du politique. C’est une schématisation erronée. Même si l’on observe chez les écrivains de ma génération une liberté plus grande par rapport aux assignations géographiques ou territoriales, cela n’implique ni un renoncement à nos appartenances, ni un abandon du politique. Oui, le cas du Rwanda montre que l’on peut reconstruire, même si tout n’est pas parfait. Ce qui est essentiel surtout, c’est que l’on crée des réalités avec les imaginaires, notamment pour les jeunes générations. Le catastrophisme en politique ou en écologie n’amène à rien. Les mondes que nous évoquons sont des possibles qui s’ouvrent à nous et que finalement nous choisissons. La parole, qu’elle soit poétique ou politique, joue ici un rôle essentiel.

Literatur vom Limes des Realitäts-Imperiums

«Wir haben eine Welt gebaut, in der nicht alle Menschen so viel Schutz finden wie Schweizer Igel.» – Halyna Petrossaniak

Wenig Menschen sind an diesem Sonntag Mittag in den Landhaussaal gekommen. Das ist schade; wie Zahnlücken klaffen die schwarzen Stühle in einem Mund, der gerade entscheidende, existenzielle Worte formt. Narr #36: Exit Exil stellt vier Schriftsteller:innen vor, deren Werke vom Leben im Exil, in der Fremde, vom Dasein auch in einer fremden Sprache handeln. Das narrativistische Literaturmagazin Narr, gegründet von Ruth Schweikert und Lukas Gloor, sammelt und veröffentlicht seit 2011 Texte und legt den Fokus dieser Ausgabe auf die Wander-, Flucht- und Ausbruchsgeschichten, die Sprache und Schriftsteller:innen gleichermassen zu erzählen haben.

Die ukrainische Lyrikerin, Übersetzerin und Literaturkritikerin Halyna Petrossaniak sagt gleich zu Beginn: «Ich bin Ukrainerin und ich kann das nicht verschweigen, dass in meinem Land jetzt Millionen Menschen leiden. […] Das ist 2’000 Kilometer von hier entfernt. Das ist nicht viel. […] Ich glaube nicht, dass es eine gute Strategie ist, das zu verschweigen.» Den Krieg verschweigen auch ihre Texte nicht. Mit klarer Sprache beschreiben sie das dennoch Unsagbare. Bilder bleiben hängen, zum Beispiel der Notfallkoffer, oder die Achtung!-Igel-Plakate in Schweizer Dörfern. Es gäbe weder im Himmel noch auf der Erde Plakate, die «Achtung! Kinder» oder «Achtung! Schwangere Frauen» zeigten und so vor Bomben schützen könnten. Unweigerlich werden die Bilder des zerstörten Theaters in Mariupol wieder wach, auf dessen Vorplatz ДЕТИ, KINDER geschrieben stand.

Sreten Ugričić, serbischer Schriftsteller und bis zu seiner politisch motivierten Entlassung 2012 Leiter der Serbischen Nationalbibliothek, liest daraufhin aus seinem Essay Literature as Exile, Exile as Literature: «In our times, one who lives in conscience – lives in exile. Moral life is life in exile. […] So, in our times, like in all times before, one who lives in literature lives in exile. We live and die for the world that works as if morality, truth and art were basically futile, ineffective, needless.» Dass Literatur eben nicht zwecklos, unwirksam und überflüssig ist, zeigt sich an den Texten und insbesondere auch an den Biografien von Schriftsteller:innen wie Ugričić und – später in der Lesung – Wagdy El Komy.

Doch zunächst liest Kameliya Taneva. Die Newcomerin aus Bulgarien, die in Köln und Sofia studiert, stellt klar, dass ihr Fremdsein – auch in der Sprache – im Gegensatz zu den anderen anwesenden Autor:innen durchaus freiwillig geschehe. Durch ihre Gedichte Mundmigration I und II wird dennoch auch die Anstrengung des fremden Sprach-Daseins fühl- und hörbar: «in der mundmühle fremdzungen zerkleinern zu bausteinchen zu sandkörnern kauen: äöüäöü».

Als letzter der vier Schriftsteller:innen tritt der ägyptische Exil-Autor Wagdy El Komy auf. Da er nach der Niederschlagung des Arabischen Frühlings zusehends von Repressionen betroffen war, habe er sich auf möglichst viele Schreib-Stipendien beworben, um sein Land verlassen zu können. Das Deutschschweizer PEN-Zentrum schliesslich habe ihn eingeladen; darum lebe er seither in der Schweiz. Dann liest er auf arabisch, später übersetzt von Joël László, aus seinem Essay: Exil und Auswanderung, oder: Wie der Prophet Moses auf die Sozialarbeiter trifft.

Schreiben als Weg, als Ausweg oder auch als (Welt-)Flucht werden in Literatur und kollektivem Gedächtnis gerne romantisiert. Will man von der realen Sprach- und Wortmacht reden und schreiben, läuft man jedoch genauso Gefahr, in Allgemeinplätze abzurutschen und in Worthülsen verloren zu gehen. Doch hier sei sie nochmals, passend zum Abschluss der Literaturtage: Die Erinnerung an das Potenzial der Literatur. Denn dass Literatur Grenzen auch im wortwörtlichsten Sinne überschreitet, überschreiten muss, dass Sprache sowohl das Potenzial zur Macht als auch zum Widerstand besitzt, über Einschluss und Ausschluss entscheidet wie Türen, Schlösser, Schlüssel, vergessen viele allzu schnell. Darum ist es auch äusserst bedauerlich, wenn solche Veranstaltungen in Vergessenheit geraten oder gar nicht erst besucht werden. Die vier Kurzlesungen haben nochmals gezeigt, dass Literatur, dass Sprache eine weltverändernde Wirkung haben kann. Sonst hätten eben in Regimen kritische Schriftsteller:innen auch keine Repressalien zu befürchten.

Une rencontre tout en fraîcheur

Un moment fort sympathique, riche en nouvelles connaissances. Voilà comment je pourrais qualifier l’entretien que j’ai réalisé avec Yann Stutzig, futur traducteur de renom.

Quelles raisons me font voir en lui le potentiel de grandes choses ? Déjà, son parcours professionnel montrant sa volonté de déterrer l’idée d’être traducteur qui germait dans sa tête depuis des années. Il a par exemple suivi un programme de spécialisation en traduction à l’Université de Lausanne ou encore une formation au Centre Européen de Traduction Littéraire (CETL).

Mais aussi ses recherches fructueuses pour le premier de ses ouvrages traduits, La payîsanna, de Noëmi Lerch. Pour ce travail, il a ajouté à sa pile de livres de chevet des dictionnaires d’helvétismes qui lui ont permis de jouer avec des mots campagnards et montagnards, faisant honneur à la version d’origine en suisse allemand. 

Et encore sa passion. Il me raconte que, gamin déjà, il retenait des noms comme François Kérel, traducteur de L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera. 

Par son humilité, il tente de rester au plus proche du texte. Et il trouve formidable d’avoir l’opportunité de prendre la parole dans le cadre des Journées Littéraires de Soleure. Mais attention, on ne s’improvise pas traducteur ou traductrice. Il faut maîtriser la langue à la perfection, mais surtout savoir prendre le temps. La patience est plus que nécessaire selon Yann Stutzig. 

Mais je pense qu’avant tout, il possède la petite étincelle. Parmi les retours sur ses traductions, on lui dit que l’essentiel est là, il a réussi à traduire la poésie de Noëmi Lerch. Selon lui, « c’est tout naturel », ça coule un peu de source. La magie opère et le défi est réussi quand on ne sent pas l’allemand derrière le texte en français. 

Deux ouvrages conseillés par Yann Stutzig: 

L’ingrate venue d’ailleurs, d’Irena Brežná, traduite par Ursula Gaillard

En finir avec Eddy Bellegueule, d’Edouard Louis

«Tout le monde écrit, personne ne lit» -rencontre avec Philippe Testa

Avant ma rencontre avec Philippe Testa, je ne vous cache pas mon stress. Interviewer quelqu’un est un exercice difficile. En arrivant au Kino im Uferbau, j’appréhende beaucoup cet entretien : parlera-t-il de son plein gré ou faudra-t-il lui tirer les vers du nez ? suis-je assez préparée ? mes questions sont-elles pertinentes ? Tous ces doutes me prennent la tête et pourtant, à peine arrivée face à lui, ce stress disparaît. Il émane de lui quelque chose de rassurant et de bienveillant. Bavarder avec lui est un pur plaisir. Il m’a tout de suite mise à l’aise et m’a même donné quelques astuces pour mes futures interviews. Un grand moment de partage dont je me souviendrai. Merci !


Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ? Est-ce que vous vous rappelez de vos premiers écrits ?
En cours de français, le prof nous avait fait lire Les Fleurs du mal de Baudelaire et nous avait demandé de faire des alexandrins. Tout de suite, je me suis pris au jeu, j’ai aimé faire ça et j’ai découvert le plaisir d’écrire, d’arriver à faire quelque chose dont on est satisfait ; satisfait même si rétrospectivement des années après, ça vaut ce que ça vaut. [Rires]
Quelque temps après, j’ai commencé à écrire des nouvelles et depuis je n’ai jamais arrêté de créer. Des nouvelles, des romans un peu nuls, des romans noirs. Écrire a toujours été présent depuis mon adolescence, avec beaucoup de plaisir et, bien sûr, pas mal de prises de tête et d’angoisses. Comme je faisais aussi de la musique, j’aimais énormément ce côté créatif en groupe et, parallèlement, j’appréciais l’aspect solitaire de l’écriture.


Est-ce que les thèmes dans vos romans sont «toujours» les mêmes ou y a-t-il des variations ?
Les sujets de ma jeunesse n’ont plus grand-chose à voir avec mes thèmes actuels. Je ne dirais pas que ce sont des thématiques, mais plutôt des inspirations. Depuis que je suis publié, je me concentre plus sur une observation du monde extérieur, mais aussi de l’intériorité, la mienne et plus généralement celle de l’humain. C’est toujours quelque chose en miroir, parce qu’écrire seulement sur le monde extérieur, c’est intéressant mais ce n’est pas très incarné. Un autre thème constant est la critique de la société, les défauts, la vanité humaine. Je ne me mets pas en dehors de cette critique, car ces défauts, je les retrouve également chez moi.


Qu’est-ce qui vous a poussé à publier votre premier roman et comment ça s’est passé ?
J’avais déjà envoyé des manuscrits à des éditeurs quand j’étais plus jeune, mais ça ne marchait pas. En 2004, ça a fonctionné car, justement, c’était un ami qui avait une petite maison d’édition, Navarino. Je lui ai montré le texte, il a aimé et ensuite le 2ème roman puis le 3ème ont été publiés. Ça s’est fait très naturellement.
Je suis passé par des phases de découragement face aux refus des éditeurs. Le rejet, il faut savoir que c’est un truc qui risque d’arriver. C’est difficile par moments, je me dis que je ferai mieux de faire du macramé, mais bon je suis nul de mes mains, je ne vois pas quoi faire d’autre [rires].


Vous avez eu plusieurs éditeurs, pourquoi ?
Mes trois premiers livres ont été publiés chez Navarino qui n’existe malheureusement plus. Le 4ème a été accepté par l’Âge d’Homme. Par contre, Sonny n’a a pas été retenu, alors j’ai essayé ailleurs. C’est Hélice Hélas à Vevey qui l’a pris. Toutefois, pour Pouvoir, j’ai dû chercher une autre maison d’édition, les Editions d’en bas. Ça vaut la peine de persévérer, parce que c’est une telle loterie qu’il faut tenter sa chance encore et encore. J’ai eu un petit espoir d’entrer dans la cour des grands quand Gallimard a réédité L’Obscur. Mais malheureusement, ça n’a pas été plus loin.
Tout le monde écrit, personne ne lit. Les éditeurs sont submergés de manuscrits et les réponses peuvent prendre du temps.

***

Après avoir discuté de l’aspect éditorial, j’ai questionné Philippe Testa sur son dernier roman Pouvoir. J’ai beaucoup apprécié la trame de fond, l’aspect profond et réfléchi des personnages. C’est incarné, comme le dit Philippe Testa. Malgré ces éloges, il me reste quelques petites questions qui me taraudent.


Pourquoi situer Pouvoir à Paris et non pas aux États-Unis ?
L’élection de Trump a été le point de départ de l’écriture du livre. C’est une très bonne question. J’ai hésité même si je connais assez bien la politique américaine. Par exemple, Sonny commence en Suisse et la deuxième partie se passe aux USA. Mais je pense qu’en fait, je ne connais pas suffisamment bien ce pays et surtout je ne le sentais pas.


Pourquoi ne pas citer les dirigeants desquels vous vous êtes “inspiré»?
Intentionnellement, j’ai voulu faire un truc très flou, pas de dates, le politique n’a pas de noms. C’est un brouillage intentionnel, je ne voulais pas que ça se rapproche trop du mouvement de Marine le Pen. Je voulais que ce soit un truc actuel sans être trop proche de la réalité ou de certaines personnes.
Ce qui est intéressant, c’est que certaines personnes voient Macron pour l’aspect politique du livre, mais moi pas du tout et c’est ça qui est fascinant. Je donne une page blanche et les gens projettent ce qu’ils veulent, c’est une volonté affirmée que ce soit à la fois net et en même temps très flou, d’où l’absence de références directes. Il était important pour moi que les gens se fassent leur propre idée. En gros, c’est un mic mac inspiré de différentes choses, époques et endroits. Ensuite, j’ai tout mis au mixer : le 3ème Reich, les USA, Trump, les autres populistes européens. Je me suis beaucoup documenté et j’ai tout mélangé à ma sauce.

***


Petite anecdote de fin qui m’a fait beaucoup rire. Malgré un gros travail de relecture, à la conférence du matin, Philippe Testa a trouvé une faute d’accord du participe passé dans son roman. L’angoisse ! «J’ai vu encore une putain de faute d’orthographe, je suis prof et j’ai honte, lundi matin j’ai une classe de français, je vais leur dire ça : allez-y, lapidez-moi.» Sur ces belles paroles, je souhaite remercier Philippe Testa de m’avoir accordé du temps pour cette interview. Une belle rencontre avec une personne humble, passionnée et surtout passionnante.

«Ordonner le chaos» avec Corinne Desarzens

Cela fait quelques minutes que je déambule dans le Kino im Uferbau de Soleure. J’essaie de me positionner à des endroits stratégiques pour voir arriver Corinne Desarzens. Alors que je m’arrête à l’encadrure de la porte qui mène à la terrasse, et que, simultanément, je passe ma tête dedans, dehors, pour voir partout et ne pas me faire surprendre, j’entends des pas descendre l’escalier. Je me dis que c’est elle, vous savez ces jeux qu’on se fait à soi-même, s’assurer que c’est elle, s’en persuader, et si on gagne on se croit intuitif pour la journée, et si on perd, on oublie. Je me détourne, porte mon regard sur l’escalier ; en effet, c’est elle. Alors ça commence bien.

Notre rencontre prend directement l’allure d’un heureux hasard. C’est comme si deux amies de longue date se retrouvaient là, sans l’avoir fait exprès après plusieurs années, et qu’elles auraient tant de choses à se dire. Mais c’est qu’avec Corinne Desarzens, comme j’aurai l’occasion de le constater, toute rencontre est un retour de voyage à conter.

Nous nous installons dehors, au bord de l’eau. Pour l’une ce sera une eau minérale gazeuse, pour l’autre un expresso ; je vous laisse deviner. Au rythme de l’Aar, les paroles de Corinne Desarzens coulent sans s’interrompre. Son retour de Montpellier, les gens qu’elle y a rencontrés, le vent, ses enfants, le fait qu’elle n’a pas de téléphone portable et qu’elle vit très bien ainsi, qu’elle garde l’important en mémoire, comme ses deux poèmes que soudainement elle se met à me chanter.

Pendant une heure on aura peut-être parlé de tout, sauf des questions que j’avais pensé lui poser. Pour l’heure suivante que nous passerons ensemble, je lance l’enregistrement, pourtant déjà certaine que l’entretien ne prendra pas l’allure d’un jeu de question-réponse. Je commence malgré tout par une question des plus générales : «Pour qui écrivez-vous, pourquoi, comment ?» A quoi elle me répond : «Pour qui j’en sais rien, pourquoi j’en sais rien non plus, et comment, peu importe.»

J’aimerais particulièrement l’entendre parler de son livre La lune bouge lentement mais elle traverse la ville paru en 2020 aux Editions La Baconnière. Je lui raconte comme je l’ai lu. Comme je me suis trompée, à vouloir le lire vite, d’une traite, et comme il me semble que maintenant j’ai compris; ce livre se lit lentement. Un peu quand on veut, un peu comme on veut. Pour moi il se présente comme un menu : la carte est aux dernières pages, on va y piocher les intitulés qui nous mettent l’eau à la bouche, et on déguste des nouvelles aux milles saveurs, aux milles épices et aux milles couleurs.

Si on ne peut pas les lire vite, c’est que ces nouvelles sont d’une richesse insolente, à n’emprunter que les chemins de traverses, à prendre racine dans le détail, infatigables digressions. Et notre discussion, ce vendredi 19 mai, en prend la même allure, car Corinne Desarzens parle comme elle écrit. Alors la lire ou l’écouter, c’est se réjouir d’ouvrir les innombrables tiroirs d’une commode d’artisan, s’aventurer pour le jeu dans un labyrinthe, et s’y prendre, au jeu, toujours avec le même étonnement.

Le foisonnement de l’écriture de Corinne Desarzens nait d’une curiosité qui lui est naturelle. Elle s’intéresse à tout, avec la constante attitude, je crois, d’une voyageuse en quête d’autrui, ouverte à l’autre, toujours disposée à découvrir, à accueillir.

Si cette disponibilité offre matière à toute histoire, la tâche de l’auteur.ice sera de faire un choix, ou comme elle me le dit joliment, d'»ordonner le chaos». Elle vous l’expliquera bien mieux que moi, et vous aurez aussi l’occasion d’entendre sa voix :

Ordonner le chaos, voilà la tâche de l’auteur.ice selon Corinne Desarzens. Et voilà peut-être aussi la mienne, après cet entretien menée avec elle.

On ne ressort pas indemne d’une discussion avec Corinne Desarzens. C’est comme quand on rentre de voyage, décalage horaire et tête encore un peu ailleurs.

Literatur fiktionalisieren

Auf dem Podium nach dem Ursprung seines jüngsten Romanes gefragt, holt Alain Claude Sulzer weit aus. Er habe lange nach einem Grund gesucht, das komplette Tagebuch der Gebrüder de Goncourt zu lesen und deswegen vor einigen Jahren der NZZ für ein viel zu geringes Honorar eine Rezension angeboten – und dann «das ganze Ding» konsumiert. Eine Mammutaufgabe, denn die 2013 erschienene Ausgabe des Journal 1851-1896 enthält sämtliche Tagebucheinträge von Edmond und Jules de Goncourt – der französischen Väter des Naturalismus und Namensgeber des Prix Goncourt, des wichtigsten Literaturpreises Frankreichs – und umfasst 7’000 Seiten. Aus diesem Stoff hat der Schweizer Schriftsteller Claude Alain Sulzer ein Porträt der beiden Brüder geformt, das letztes Jahr erschienen ist. Der Verlag habe gewollt, dass Doppelleben, so der Titel des Buchs, zum 200. Geburtstag Edmond de Goncourt erscheine: «Damit die Aufmerksamkeit der Journalisten grösser ist.»

Das zwillingsgleiche Doppelleben der beiden Brüder, das Verschwiegene dieser Beziehung, das sich insbesondere auch in den skandalumwitterten Tagebüchern manifestiert, in denen sie über die Pariser Künstler- und Intellektuellen-Szene berichten und bisweilen herziehen, bildet den Rahmen dieser Romanbiografie. Doch auch das Doppelleben der Haushälterin Rose, die bereits zu Lebzeiten der Mutter de Goncourts angeheuert hat und bis zu ihrem Ableben bei den beiden Brüdern arbeiten wird, webt sich in das Leben der Schriftsteller ein. Roses Doppelleben, ihr geheimes Kind, der geheime Liebhaber, von dem sie sich abhängig macht und für den sie die Goncourts bestiehlt, geschehen vor den Augen der Brüder, ohne dass sie dies mitbekommen. Erst nach Roses Tod erfahren sie von ihrer zweiten Identität – und machen sie zur Protagonistin eines Romans.

Den aus dieser Episode hervorgegangenen Roman Germinie Lacerteux (1865) hat auch Sulzer in seinen Roman einfliessen lassen. Die Vergewaltigungsszene etwa, geschrieben von den Goncourts, habe er fast eins zu eins übernommen. Natürlich sei nicht klar, ob dies auch der echten Rose geschehen sei; in diesem Feld aus Mutmassung, Fiktionalisierung und Literarisierung jedoch bewegen sich die beiden Werke, und greifen in der aktuellen Rezeption ineinander. Die Kritik übrigens habe den Roman gut aufgenommen, insbesondere das Doppelporträt Sulzers, das anstelle eines Autorenporträts steht und auf eine Fotografie der Gebrüder anspielt, wurde von der Kritik zum Glück nicht verrissen: «Die Kritik versteht ja meist nicht so viel Spass».

Auch in Frankreich sei der Roman gut aufgenommen worden. Die Bedenken Sulzers, insbesondere im Heimatland der de Goncourts wegen allfälliger kultureller Aneignung auf Widerstand zu stossen – weil er als Schweizer über ein Französisches Nationalheiligtum geschrieben habe –, hätten sich nicht bewahrheitet. Und gut kommt der Roman auch beim Publikum in Solothurn an. Leider sind auch für diese Lesung die veranschlagten 45 Minuten zu kurz, könnte man doch insbesondere bei Sulzer auch noch Verbindungen zu seinen anderen Werken machen; etwa zu den Siamesischen Brüdern, in dem sich Sulzer bereits Anfang der 90er dem Thema der (wortwörtlichen) brüderlichen Verbundenheit gewidmet hat. So muss man es dieses Mal bei diesem kleinen Einblick in zwei beziehungsweise drei Leben belassen, in der Hoffnung, bald wieder von Sulzer zu hören.

Wo ist unser Platz in dieser «Scheiss Wält»?

Lidija Burčak blinzelt ins Publikum. Dann öffnet sie ihr Buch und beginnt zu lesen. Einer der ersten Sätze lautet: „Mini Eltere sind Arschlöcher.“ Was die Winterthurerin hier vorliest, sind Texte aus 17 Jahren Tagebuchschreiben. Knapp hundert Einträge umfasst ihr Buch mit dem Titel Nöd us Zucker, die sie im Alter von 15 bis 32 Jahren geschrieben hat, und das im vergangenen Jahr beim Verlag Der gesunde Menschenversand erschienen ist. Ungekünstelt, jugendlich-naiv und unverblümt ehrlich sind die Texte. Es sind die Gedanken einer Heranwachsenden, für die Winterthur zu eng und das ersehnte Dasein als Künstlerin zu weit weg scheint. „Ich freu mich sehr uf’s Läbe nach de Gfangeschaft“, schreibt die damals 15-Jährige im Jahr 1999. Das Publikum lacht laut. Auch sehr intime Momente hat Lidija festgehalten. Etwa den ersten Kuss mit ihrem Schwarm – „er hät so huere fein gschmöckt“ – oder das erste Mal Sex.

Eine Flut an Gefühlen

Zum Vorschein kommt hier das Innenleben eines Teenagers, das die Zuhörenden in die eigene Jugend zurückversetzt. Man kann die Ängste und Unsicherheiten, die Lidija ihrem Tagebuch anvertraut hat, nur zu gut nachempfinden.

Im Verlauf des Buches begleitet man Lidija beim Erwachsenwerden, macht mit ihr die ersten Arbeitserfahrungen, erlebt Scheitern und Erfolg mit, verfolgt gespannt die Begegnungen mit ihrem Lehrer Baumann, mit dem sie immer „voll geili“ Gespräche führt. Lidija regt sich aber auch über rassistische Bemerkungen eines Arbeitskollegen auf, und stellt irgendwann resigniert fest: „Eusi Wält isch chrank.“ Was sich durch das gesamte Buch zieht, ist die Suche nach Sinn und Zugehörigkeit. Irgendwann schreibt sich Lidija von der Seele, sie wolle „eifach gern mal en verdammte Platz i därä Scheiss Wält.“ Lidija flucht, schwärmt, leidet – und das Publikum mit ihr.

Peinlichkeit zusammen aushalten

Wie ihr Blick auf die Lidija im Buch heute sei, fragt Moderatorin Mariann Bühler die Autorin. „Ich habe ein tiefes Verständnis für sie“, sagt Burčak. Gewisse Dinge seien ihr zwar immer noch peinlich. Dann wirft sie einen Blick zum Publikum und fügt hinzu: „Aber wenn man es zusammen peinlich findet, ist es okay.“

Nöd us Zucker ist eine unglaublich persönliche Coming-of-Age Geschichte, die berührt und verbindet – und Lust macht, mal wieder in den eigenen verstaubten Tagebüchern zu stöbern.

Schon mal vom Fleckenmusang gehört?

A. L. Kennedy und Matto Kämpf sprechen über einen Fleckenmusang und die Macht der Literatur. Ein heiterer Abend über die Wahrheit und das Lügen.

Für die schottische Schrifstellerin und Stand-Up-Comedian Kennedy ist es der letzte Tag einer fünfwöchigen Lesetour. Dennoch wirken sie und Matto Kämpf auf der Bühne munter wie eh und je. Jane Mumford moderiert das Gespräch souverän, obwohl sie anfangs scherzt, sie lese eigentlich viel zu wenig, um an den Literaturtagen sein zu dürfen.

Wikipedia-Geschichten

Für eine knappe Stunde unterhalten sich Kennedy und Kämpf angeregt und überbieten sich gegenseitig mit skurillen Anekdoten. Kennedy erzählt, auf der Wikipedia-Seite zu ihrer Person notierte eine Freundin vor einer Weile, sie hätte einen Fleckenmusang als Haustier. Natürlich sei das völliger Blödsinn. Das Tier mit dem seltsamen Namen ist eine sogenannte Schleichkatze, die man, wenn überhaupt, im Zusammenhang mit Luwak-Kaffee kennt (die Katzenart frisst gerne Kaffeekirschen, die verdauten und ausgeschiedenen Bohnen werden gesammelt, geröstet und teuer als Spezialitätenkaffee verkauft). Solchen Unfug erlaube sie sich manchmal auch bei Interviews, bei denen sie dann abstruse Dinge behaupte oder Lügen erzähle.

Was im Wald passiert

Obwohl die Neuerscheinungen von Kennedy und Kämpf sehr unterschiedlich sind, findet Mumford eine Gemeinsamkeit: den Wald. Der Protagonist in Kämpfs Roman Suppe, Seife, Seelenheil flieht vor der Belgrader Polizei in den Wald. Immer noch in Handschellen, versucht er, sich zurecht zu finden. Kämpf erzählt, er habe selbst Handschellen ausgeliehen, um ein Gefühl dafür zu erhalten. Er sei zwar nicht durch den Wald gerannt, aber habe gestaubsaugt.

Kennedy: «I’m only scared of weird things like saying ‹I love you›!»

Kennedys Essayband Der Kern der Dinge spielt zwar nicht im Wald, aber sie hat ihn dort geschrieben: in einer Hütte in den nordamerikanischen Wäldern. Ob sie sich nicht vor wilden Tieren gefürchtet habe, fragt Mumford, und Kämpf verweist beflissen auf den italienischen Bären, dem jüngst ein Jogger zum Opfer fiel. Kennedy verneint und scherzt, sie fürchte sich nur vor seltsamen Dingen wie dem «Ich-liebe-dich»-Sagen.

Die Macht der Literatur

Bei der Frage, ob Literatur die Welt verändern könne, werden die beiden etwas tiefsinniger. Sie verändere auf jeden Fall die Menschen, meint Kennedy. Dass Lesen nachweislich die Empathie fördert, führt sie ebenfalls an. Und dass es eine englische Unsitte sei, den Schriftsteller:innenberuf nicht ernst zu nehmen. Kämpf witzelt, dass seine Werke die Welt wahrscheinlich nicht verändern. Dann verweist er aber auf eine Lesung mit Kim de l’Horizon, die er am Morgen besucht habe. Nach dieser könne er ganz klar sagen, dass Literatur die Welt verändere. Auch das sogenannte ‹Sterben› des Journalismus spricht Mumford an. Kämpf und Kennedy sind sich einig: Heutzutage holen sich die Menschen ihre Fakten, ihre ‹Wahrheit› bei Comedians. Sie definieren humoristische Nachrichtenshows und Comedy-Shows als moderne Nachrichtenvermittlung. Als Beispiel könnte man wohl The Daily Show nennen.

Verführte Bären und lustige Vögel

Die beiden Neuerscheinungen von Kennedy und Kämpf spielen im Gespräch nur eine untergeordnete Rolle, was der Qualität der Veranstaltung aber keinen Abbruch tut. Der Saal ist nicht so gut besucht wie erwartet, was vielleicht daran liegt, dass das Gespräch auf Englisch geführt wird. Die Anwesenden lachen deswegen aber nicht weniger.

Kämpf: «I’m a fun bird»

Kämpf spricht zwar mit Akzent, aber ziemlich fliessend Englisch. Trotzdem sucht er immer wieder nach Wörtern und sorgt damit für einige Lacher, etwa als er das Wort ‹seduce› statt ‹sedate› verwendet oder den ‹Spassvogel› wortwörtlich übersetzt.

Wer sich auf einen lustigen Freitagabend gefreut hatte, wurde nicht enttäuscht.