Bip—Bip—

Voici l’onomatopée qui exprime le mieux l’ambiance de cette rencontre avec Pier Paolo Corciulo tout comme celle de son livre, Le cri des mouettes, paru aux éditions PLF. Le personnage central, Adrien, se voit offrir une seconde chance, lorsqu’il émerge de son coma. Désorienté, ses sens reviennent peu à peu à la vie, d’abord l’ouïe, lentement, au rythme du bip—bip— de l’électrocardiogramme, régulier et constant. 

Corciulo nous ouvre les yeux sur le texte en italique présent dans son roman, celle qui représente la voix intérieure d’Adrien. Il s’agit de cette petite voix mi-démon mi-ange que bien souvent nous nous efforçons de garder en sourdine, car trop encombrante elle remet en question nos choix, et nous fait douter de nos sens. Corciulo, au contraire, donne de la force à cette voix passée sous silence qui prend le dessus sur le personnage pour le guider. Elle agit comme un électrochoc intérieur qui ranime Adrien, qui lui donne un souffle long pour poursuivre sa mélodie, à l’assaut des pensées sombres qui menacent parfois de l’ensevelir. Adrien devient un modèle, celui d’une personne dont l’impulsion mugissante lui permet de passer du mode veille au mode connecté. 

Petit bémol à l’adresse du modérateur : certes, « la lecture » à voix haute donne sens à un propos, mais encore faut-il créer une invitation au dialogue autour de cette lecture.

Reste qu’à l’écoute de la lecture effectuée par Corciulo, le boum-boum du public battait à l’unisson. Tant qu’il y a le boum-boum, le bip… bip… est garanti.